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    21/05/2018

    Quatre des victimes étaient en train de fuir une interpellation

    En un an, la Police a abattu six personnes

    Par Maxime Grimbert , Marty

    Depuis son dernier bilan publié en mai 2017, StreetPress a continué à surveiller les décès survenus lors d’une intervention de police. Entre temps, une nouvelle loi a élargi les conditions d’usage des armes par les fonctionnaires.

    Quartier Kennedy, Châlette-sur-loing (45) – Un groupe de gamins joue au basket au pied des immeubles bas. Quelques-uns se baladent à vélo le long du trottoir, profitant de la météo clémente, ce samedi 19 août 2017. Des policiers s’approchent d’une voiture stationnée. Ils viennent interpeller Luis Bico. Le quadra, qui habite le bâtiment voisin, est installé au volant du véhicule. Le mouvement des bleus attire des badauds. Parmi eux, des très jeunes. Certains, smartphone à la main, filment la scène.

    Le suspect effectue une manœuvre et prend la fuite au volant de sa voiture. Trois des six fonctionnaires à pied, déjà distancés de plusieurs mètres et largement hors de danger, lèvent leurs flingues et font feu. Plusieurs balles traversent la vitre arrière et atteignent mortellement le conducteur, tandis qu’une douzaine de projectiles se perdent dans la nature, en direction des riverains terrorisés.

    Plus besoin d’être en danger pour faire feu

    Le décès de Luis Bico n’est pas un cas isolé. Depuis le dernier bilan publié par StreetPress en mai 2017, au moins six personnes ont été abattues par les forces de l’ordre [retrouvez en bas de cet article notre méthodologie]. Deux d’entre elles, qui avaient agressé des passants à l’arme blanche, font l’objet d’une enquête du parquet antiterroriste après que leurs actes ont été revendiqués par l’organisation État islamique. Les quatre autres ont été abattues dans leur voiture alors qu’elles tentaient de se soustraire à un contrôle d’identité. Pour plusieurs d’entre elles, les fonctionnaires ont fait feu alors que leurs vies n’était pas en danger.

    En effet, le 1er mars 2017, un nouveau texte est venu garnir l’arsenal législatif français. La « loi relative à la sécurité publique », aux contours flous, élargit largement la notion de « légitime défense » et autorise les policiers nationaux à faire usage de leurs armes pour immobiliser des fuyards « susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à l’intégrité physique d’autrui ». Jusque-là, seuls les militaires – dont les gendarmes, donc – y étaient autorisés. En clair, elle permet de faire feu même lorsque la menace n’est plus immédiate et qu’elle ne pèse plus sur le fonctionnaire lui-même.

    Un texte contesté

    Dès l’hiver 2017, certains syndicats
    , ONG, et un député montent au créneau pour contester le texte. Parmi les opposants, Le Défenseur des droits, Jacques Toubon. Ce chiraquien, nommé directement par le président de la République, fait part de son inquiétude. Selon lui, le texte « risque d’augmenter l’utilisation des armes » car il « donne le sentiment d’une plus grande liberté pour les forces de l’ordre ».

    « Bon, nous ne sommes pas encore dans une société à l’américaine où il est normal de ‘tirer avant et de poser les questions ensuite’. Mais nous sommes de plus en plus inquiets », commente Dominique Noguères de la Ligue des Droits de l’Homme. L’organisation s’était déjà opposée au texte lors de sa promulgation :

    « – La loi de sécurité publique ? »
    « – On la condamne toujours, bien sûr ! »

    La vice-présidente de l’association prend les pincettes nécessaires – « parfois, il est nécessaire de tirer » – avant de poser son diagnostic : « Il y a une augmentation importante des décès par tirs des forces de l’ordre. On peut se poser des questions », juge-t-elle donc :

    « Effectivement, les policiers et les gendarmes tirent peut-être plus facilement avec cette nouvelle loi. »

    1 Gaye Camara

    Décédé des suites de ses blessures provoquées à Épinay-sur-Seine (93), dans la nuit du 16 au 17 janvier 2018.

    Enquête préliminaire en cours

    La story : Le soir du 16 janvier 2018, une équipe de fonctionnaires de police d’Épinay-sur-Seine est en planque dans une impasse. Elle a retrouvé une Mercedes volée à Champs-sur-Marne, grâce à son GPS intégré. S’approche une discrète Polo Citroën, occupée par trois hommes, pas encore la trentaine : un jeune d’Épinay et deux cousins de Champs. Un des passagers descend de la petite citadine, ouvre la porte de la Merco et s’installe au volant. La suite va très vite. Les fonctionnaires à pied l’interpellent manu militari et le maintiennent au sol, sans visibilité sur le reste de la scène.

    La Polo redémarre. C’est Gaye qui conduit. À la sortie de l’impasse, l’axe s’élargit. Le conducteur doit ralentir pour s’engouffrer dans la circulation. Les policiers à pied en profitent pour tenter d’encercler le véhicule. Gaye, toujours au volant de la Citroën, essaye de s’échapper malgré tout, ce qui étonne sa sœur Fatoumata, jointe par StreetPress :

    « Il était dans sa propre voiture, avec ses plaques d’immatriculation, il devait bien savoir que [les policiers] le retrouveraient de toute manière. »

    Trois fonctionnaires tirent à huit reprise et Gaye est touché à la tête. Sous le regard de plusieurs témoins, la Polo s’immobilise à 50 mètres de la Mercedes. Gaye est transporté d’urgence à la Pitié-Salpêtrière où il décède deux jours plus tard (le 18 janvier). Le passager indemne est arrêté, comme l’homme qui était descendu pour prendre le volant de la voiture volée. Ils sont placés en garde à vue, initialement pour « recel de vol ».

    Au cours des auditions, l’homme resté dans la voiture jusqu’au bout reconnaît que Gaye a tenté de fuir, malgré les sommations de s’arrêter des policiers.
    Une source citée par France Bleu, proche de l’enquête, rapporte le témoignage des agents qui se sont sentis « mis en danger » par la Polo qui leur aurait « foncé dessus ».

    Mais selon une autre source proche du dossier, jointe par StreetPress, le gardé à vue aurait affirmé, lors de son audition, que Gaye a effectué « un mouvement de côté » pour éviter les fonctionnaires. Selon lui, donc, les policiers n’étaient pas en danger.

    Gaye Camara était « quasiment inconnu des services de police ». Quand Fatoumata Camara parle à StreetPress de son frère, elle dépeint un jeune actif, véritable « pilier de la famille », également médiateur bénévole à Champs-sur-Marne.

    Les suites judiciaires : Tandis que les deux compagnons de Gaye sont auditionnés au commissariat d’Épinay-sur-Seine, les trois tireurs sont entendus par l’IGPN. Leurs versions sont jugées concordantes et ils ne sont pas placés en garde à vue.

    Les membres de la famille du jeune homme, explique sa sœur Fatoumata à StreetPress, n’ont appris son hospitalisation que le lendemain des faits, dans le Parisien. Ils ont eux aussi été entendus par l’IGPN après le décès et ont déposé plainte. Le parquet de Bobigny confirme à StreetPress que l’enquête confiée à la police des polices est toujours en cours.

    La famille du jeune homme est passée à la vitesse supérieure. Elle s’est attachée les services de maître Bouzrou, avocat notamment de la famille d’Adama Traoré. Elle dit avoir déposé une nouvelle plainte, avec constitution de partie civile, pour « homicide volontaire » afin d’obtenir dès la fin de l’enquête préliminaire la saisie d’un juge d’instruction et l’ouverture d’une information judiciaire.

    2 Luis Bico

    Décédé à Châlette-sur-Loing (45), le 19 août 2017

    Information judiciaire en cours

    La story : Luis Bico, franco-portugais de 48 ans, vivait chez sa mère, « sous camisole chimique » pour des troubles psychiatriques schizophréniques apparus à l’adolescence. En cas de « dérapage », un dispositif de prise en charge hospitalier était prévu. L’outil n’a jamais dû être activé pour Luis, explique le maire Front de Gauche de la ville, Franck Demaumont, qui connaissait bien la famille du défunt. La substitut du procureur précise que Luis Bico n’avait aucun antécédent judiciaire et « n’était pas particulièrement violent ».

    Un samedi d’août 2017 vers 17h, un passant appelle police-secours depuis le centre-ville de Montargis pour signaler le « comportement menaçant » d’un homme qui aurait « exhibé un couteau » avant de repartir en voiture. Le 17 localise l’individu grâce aux plaques d’immatriculation de son Renault Scénic et envoie un premier équipage le cueillir à domicile. Sur place, les bleus retrouvent Luis Bico enfermé dans sa voiture à l’arrêt, un couteau à la main, semble-t-il. Rapidement, deux véhicules sérigraphiés de la Nationale l’encerclent et le bloquent habilement. Sur les différentes vidéos consultées par StreetPress, on peut voir six fonctionnaires qui le braquent, lui crient de sortir. Comme le veut la procédure, ils tentent de briser les vitres à coups de matraque. L’un deux, tendu, hurle : « Le taser ! Y’a personne qu’a le taser ? » Un septième policier resté au volant, décide de déplacer l’une des deux estafettes. Son collègue sidéré lui intime d’arrêter : « Ça sert à rien ! ». Trop tard.

    En bougeant le véhicule, le bleu a ouvert la voie à Luis, qui s’engouffre dans la brèche. Sur le chemin du fuyard, il n’y a ni fonctionnaires ni riverains. Trois « jeunes policiers » lui courent après sur quelques mètres puis tirent à plus de vingt reprises sur l’arrière du véhicule jusqu’à ce que le conducteur, atteint mortellement au cœur, en perde le contrôle et finisse sa course sur un talus.

    StreetPress a pu consulter les vidéos de la scène, versées au dossier d’instruction. Elles démontrent avec certitude que Luis Bico n’a pas « foncé » sur les policiers.

    Cinq jours après les faits, le délégué régional du syndicat majoritaire Alliance-Police Nationale, Dominique Coquerelle, répond au Figaro. Ses propos font directement référence à la loi du 28 février 2017 qui élargit le droit à faire feu : les fonctionnaires n’avaient pas « la volonté de tuer, mais de stopper le véhicule alors qu’un supermarché très fréquenté se trouve [dans le quartier Kennedy, à vol d’oiseau dans la direction de sa fuite]. Face à l’actualité et les récentes attaques à la voiture-bélier, il était nécessaire de l’intercepter ».

    Les suites judiciaires : Une coopération nationale se met en branle immédiatement, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet. Quatre inspecteurs rennais de l’IGPN et des officiers de police judiciaire orléanais analysent les rapports balistiques et les actes de reconstitution, interrogent les témoins, visionnent les images. Après un mois « d’enquête difficile » durant lequel six des sept fonctionnaires sont suspendus, le procureur de la République d’Orléans, à qui le parquet de Montargis a refilé le dossier, ne retient aucune charge contre les policiers.

    Pour lui comme pour l’IGPN, pas de doute, ils ont agi légalement dans le cadre de la récente loi « sur la sécurité publique ». Le parquet ouvre tout de même une information judiciaire contre X pour « violences volontaires avec arme, par personne dépositaire de l’autorité publique, ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et un juge d’instruction est nommé. L’objectif ? « En savoir plus sur l’enchaînement des tirs ». Impossible d’obtenir davantage d’explications.

    3 Mickaël Simon

    Décédé à Toulouse (31), dans la nuit du 29 au 30 mai 2017

    Statut du dossier inconnu

    La story : Le mardi 30 mai 2017, à 4h du matin, dans le centre-ville de Toulouse. Mickaël roule à bord d’une Citroën C1 volée, tous feux éteints. Il croise une Ford banalisée de la Bac. Prévenus par radio « de la provenance délictuelle du véhicule », les policiers lui font signe de s’arrêter mais le conducteur ne l’entend pas de cette oreille et trace à vive allure dans les rues de la ville déserte. Une course-poursuite s’engage.

    Acculé, Mickaël prend un virage sec et pénètre dans une impasse étroite. Au bout de l’impasse, bloqué, il fait demi-tour dans l’espoir de ressortir par là d’où il vient. La voiture de la BAC est sur ses talons. Une première balle lui crève un pneu. Un fourgon sérigraphié bloque désormais l’accès au boulevard principal, l’empêchant de s’enfuir en voiture.

    La suite est racontée par les policiers impliqués. Le suspect « fonce », percute la voiture de la BAC qui s’est rangée légèrement sur le côté, roule sur la chaussure d’un agent à pied et continue sur sa lancée en direction de trois autres fonctionnaires debout au milieu de l’impasse. Ceux-ci n’ont d’autres choix que de se plaquer contre le mur de l’impasse pour esquiver le bolide et, disent-ils, de faire feu à onze reprises. Une balle touche la jeune homme à la tête. La voiture continue doucement puis s’immobilise.

    Des sources policières assurent à La Dépêche du Midi que leur version est étayée par des témoins et des caméras de surveillance. Inexact, selon maître Lidwine Malfray, la première avocate mandatée par les proches de Mickaël : aucune transcription de vidéo-surveillance n’a été versée au dossier auquel elle a eu accès. Les seuls témoins de la scène sont des riverains qui déclarent n’avoir rien vu mais seulement « entendu du bruit ». Bien qu’elle reconnaisse que « la situation était difficile pour tout le monde », elle aimerait savoir si les fonctionnaires qui se sont poussés contre le mur et ont tiré à onze reprises sur le suspect « étaient à ce point en danger ».

    Conduite sans permis, sans assurance, refus d’obtempérer, courses-poursuites avec la police, vols de voiture… Le jeune homme de 27 ans, originaire de Toulouse, est décrit par la presse locale comme « un petit délinquant au casier fleuri » ou encore comme « un habitué des délits routiers », mais pas comme un criminel. Sans lien avec le grand banditisme, il semble s’être tenu à distance de toute activité violente. Sa dernière condamnation avait été aménagée : il avait été placé sous bracelet électronique et n’avait posé aucune difficulté, rappelle Me Malfray.

    Les suites judiciaires :

    Le parquet de Pau, le premier sur le dossier, charge l’IPGN d’une enquête préliminaire pour « homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique ». Au bout de 24h, Pau « est dessaisi au profit du parquet de Toulouse » qui décidera, un peu plus tard d’un classement sans suite de la procédure. L’avis de classement précise que l’usage de leurs armes par les fonctionnaires est justifié par la légitime défense car Mickaël leur « a délibérément foncé dessus ».

    L’avocate initiale des proches du jeune homme en est restée là. Un nouvel avocat a repris le dossier. Il n’a pas souhaité répondre aux sollicitations de StreetPress. Et la procédure est encore en cours, selon le tribunal, qui refuse d’en dire davantage.

    4 Jérôme Laronze

    Décédé à Sailly (71), le 20 mai 2017

    Information judiciaire en cours

    La story : Jérôme Laronze, 36 ans, est éleveur en Saône-et-Loire. Il ne supporte plus les contrôles sanitaires à répétition sur ses 120 vaches « bio ». Il interpelle la presse locale. Le 11 mai 2017, les inspecteurs vétérinaires se pointent à son exploitation pour un nouveau check-up. Des gendarmes les accompagnent. Ils sont venus pour contraindre l’agriculteur, qui avait parlé de suicide, à des soins. Les militaires encerclent l’homme au volant de son tracteur. Jérôme voit rouge et leur « fonce dessus » pour s’échapper, sans toucher personne. Un fonctionnaire porte plainte pour « violences volontaires ».

    En cavale les jours suivants, il réussit à troquer le tracteur contre une quatre-places et se retrouve impliqué dans une mini course-poursuite sur la Nationale, dont il réchappe, et disparaît dans la nature.

    Le 20 mai 2017, la gendarmerie reçoit un coup de fil passé depuis la commune de Sailly, située à 25 km de l’exploitation de Jérôme : un homme a stationné sa voiture dans un chemin de campagne au bord d’un champ et « observe les environs avec des jumelles ». Elle envoie deux fonctionnaires « comme elle le fait habituellement », sans connaître l’identité du « suspect ». En arrivant, peu après 16h, les militaires reconnaissent d’abord le véhicule de la course-poursuite, puis l’éleveur lui-même. Ils s’approchent à pied pour l’interpeller. Jérôme détecte leur présence. Il semble vouloir s’échapper, en voiture, dans la direction des bleus.

    L’adjudant, qui n’avait jamais fait usage de son arme auparavant, tire cinq fois en sept secondes. Trois balles, qui traversent une vitre sur le côté du véhicule et la vitre arrière, atteignent le trentenaire. Jérôme décède avant l’arrivée des secours.

    Les suites judiciaires : Le parquet de Mâcon est chargé de déterminer si la mort de l’éleveur relève de la légitime défense. Une enquête préliminaire confiée à l’IGGN est ouverte le jour même. Les gendarmes sont placés en garde à vue le lendemain. Une reconstitution est organisée. Quatre jours après le drame, France 3 révèle que le ministre de l’Agriculture suit personnellement le dossier.

    Avant la fin du mois de juin 2017, l’IGGN boucle son enquête et exclut la légitime défense. Le gendarme qui a touché Jérôme Laronze est poursuivi pour « violence avec arme ayant entraîné la mort, sans intention de la donner ». Fait rarissime : les proches de la victime n’ont pas besoin de déposer une plainte avec constitution de partie civile pour qu’une information judiciaire soit ouverte. En septembre, le dossier atterrit entre les mains de deux juges d’instruction, qui mettent le fonctionnaire en examen dans la foulée. Une nouvelle reconstitution est organisée en novembre. Contactée par StreetPress, une source proche du dossier estime que l’instruction sera « probablement terminée en juin 2018, ou en septembre au plus tard ». Soit moins d’un an et demi après les faits, ce qui en ferait une procédure extrêmement courte par rapport aux dossiers recensés par StreetPress l’année dernière.

    Le gendarme mis en cause assure qu’il a scrupuleusement respecté les règles. Plusieurs habitants du coin confirment à StreetPress que le gendarme est toujours en poste dans la région et qu’il lui arrive de croiser des membres de la famille Laronze lorsque ces derniers distribuent des tracts dans les villages bourguignons.

    Maître Gabriel Versini-Bullara, l’avocat du gendarme n’a pas encore tranché entre les deux axes de défense possibles : la légitime défense ou l’invocation de la fameuse loi « sur la sécurité publique ». Pour conforter la première thèse, il martèle que ce jour-là, « ce n’était pas le stand de tir, [l’adjudant] était en train de sauver sa vie ». Une version dure à avaler pour Marie-Pierre Laronze, l’une des sœurs du défunt, qui rappelle à StreetPress que les balles ont perforé l’arrière et le côté du véhicule.

    Seconde option : Jérôme Laronze était recherché depuis sa fuite du 11 mai, au cours de laquelle il avait manqué de percuter un gendarme. L’éleveur aurait, selon son défenseur, présenté un danger pour d’autres personnes lors de sa fuite. L’avocat assure qu’il existe un « élément » qui irait dans ce sens et « qu’il pourra dévoiler plus tard ». Coup de bluff, selon la sœur du défunt :

    « Il n’y a aucun élément dans le dossier qui permette de dire que Jérôme aurait été dangereux dans sa fuite. »

    Et de conclure :

    « Il n’y aura pas de surprise, pas de botte secrète. Le dossier de la défense est vide ».

    L’antenne bourguignonne de la LDH a, de son côté, saisi le Défenseur des Droits :

    « L’enjeu [de cette démarche], c’est de restaurer la confiance entre les citoyens et les forces de l’ordre. »

    5 Khamzat Azimov

    Décédé à Paris (75), le 12 mai 2018

    Statut du dossier non-confirmé

    La story : Le 12 mai 2018 à 20h passées, survèt’ noir et « barbe non taillée », Khamzat Azimov rejoint la rue Monsigny située non loin de l’Opéra Garnier. Les terrasses des restaurants, nombreux dans cette artère, sont bondées. Il agresse des passants au hasard, et s’écrie « Allahu Akbar » selon des témoins cités par le procureur de la République. Il tue un homme de 29 ans et fait quatre blessés dont les jours ne sont pas en danger.

    La police nationale, appelée par les riverains, à 20h47 précisément, se rend sur place en moins de dix minutes. Les quartier est en panique et « même [les fonctionnaires] semblent un peu perdus au début », rapporte au Parisien un témoin de la scène. Mais ils agissent vite. Khamzat « se rue » en direction de trois policiers, qui l’encerclent et tentent de l’immobiliser. Une source policière affirme que l’homme leur aurait crié « tuez-moi ou je vous tue » avant d’essayer de les poignarder. Un des agents utilise son taser, sans succès, puis l’un de ses collègues tire deux balles. L’assaillant, mortellement touché, a été neutralisé avant 21h.

    Le jeune homme de 21 ans, réfugié tchétchène naturalisé français, n’a pas d’antécédent judiciaire mais il est fiché S « à un niveau bas du spectre de menace » selon le Parisien. Dans la soirée, l’organisation terroriste État islamique revendique l’attaque. Le Premier ministre Édouard Philippe estime que la « rapidité de la réaction [des forces de l’ordre] a de toute évidence évité un bilan plus lourd ».

    Les suites judiciaires : La section antiterroriste du tribunal de Grande Instance de Paris est saisie du dossier après quelques minutes d’hésitation, car les motivations de Khamzat restent incertaines.

    Une enquête judiciaire doit être ouverte pour confirmer les circonstances des tirs policiers. Olivier Cahn, juriste spécialiste en droit pénal au Cesdip (CNRS), joint par StreetPress, n’a aucun doute sur l’issue future de cette procédure. Sur le terrain, les cris « Allahu Akbar » et le mode opératoire ont permis aux policiers d’évaluer la détermination de Khamzat à blesser d’autres passants, explique-t-il. Les tirs seraient donc proportionnés à la menace, selon les dispositions de la nouvelle loi. Légalement, peu importe que Khamzat brandissait un simple couteau.

    6 Ahmed Hanachi

    Décédé à Marseille (13), le 1er octobre 2017

    Statut de l’enquête préliminaire inconnu

    La story : Le dimanche 1er octobre 2017 à l’heure du déjeuner, Ahmed Hanachi s’assied sur un banc situé sur le parvis de la gare Saint-Charles, à Marseille. Après quelques minutes, il se lève précipitamment et poignarde à mort une jeune voyageuse de 20 ans en criant « Allahu Akbar ». Ahmed se déplace de quelques mètres, fait marche arrière et tue une seconde victime de 21 ans en poussant le même cri. Une passante le frappe avec la hampe d’un drapeau. Il l’ignore et se précipite, en criant « Allahu Akbar », sur une patrouille de militaires en faction, armée de Famas, qui, alertée par les passants, se rapproche. Les cinq militaires lui intiment l’ordre de s’arrêter, puis l’un d’eux tire et le tue.

    Ahmed Hanachi serait un ressortissant tunisien de 29 ans. « Serait », car ce n’est que l’identité la plus vraisemblable parmi les sept qu’il a déclinées lors de ses précédentes arrestations. SDF et consommateur de drogues dures selon le parquet, il est surtout connu pour des faits de droit commun, du vol à l’étalage et d’arnaques à la petite semaine. Un « paumé, non-radicalisé », rapporte l’AFP.

    Les suites judiciaires : Une enquête est ouverte par le parquet antiterroriste à l’encontre de l’agresseur. A ce jour, à notre connaissance, aucun lien n’a été établi entre l’agresseur et une quelconque organisation terroriste.

    Une enquête est également confiée au parquet pour déterminer les circonstances de l’usage de l’arme par le caporal réserviste. StreetPress a sollicité différents échelons de la Grande muette pour en connaître les éventuelles conclusions, en vain. L’État-Major des Armées précise seulement que lorsqu’une opération se déroule sur le territoire national, les militaires sont soumis à la loi du 28 février 2017. Joint par téléphone, l’un des officiers du régiment de Légion Étrangère dont est issu le tireur estime qu’une telle enquête est « tout à fait normale. C’est nécessaire afin de garantir le bon usage des armes ».

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