J’avais 24 ans, j’étais jeune et fou amoureux. Le contrôle de routine s’imposait. Après deux tests, l’impensable se confirme : en plus de la syphilis, j’étais porteur du VIH. J’hallucinais ! Je n’ai jamais su comment j’ai attrapé le VIH ou qui me l’a transmis. Mais de toute façon, je n’y pensais pas. J’étais en larmes. Complètement démonté. Je ressentais une culpabilité terrible : mes parents m’avaient fait en pleine forme et je m’étais abîmé. En plus du drame que je vivais, la personne que j’aimais m’a quitté sans hésiter. Je me sentais sale et inconsolable.
Pourtant, dès le lendemain, j’ai repris le contrôle. Plongé sur la toile, je cherchais la vérité sur ce virus que je devrai peut être porter toute ma vie. Est-ce que quelque part quelqu’un en avait guéri ? Quels traitements étaient les plus efficaces ? Je refusais de me condamner et d’être soumis à une sentence.
« Au début, j’ai rejeté tous les traitements »
Au début, je ne prenais aucun médicament. Je me soignais avec mon esprit et la médecine alternative. Je prenais tout ce qui pouvait renforcer mon corps et son système immunitaire. Pendant les deux premières années, j’ai rejeté tous les traitements. J’ai ensuite rencontré quelqu’un avec qui les choses devenaient sérieuses. Nous sommes allés voir ensemble un nouveau médecin, un toubib incroyable qui a su trouver les mots :
« Tu n’imagines même pas tous les traitements qui existent et comme ils ont changé. »
C’est là que j’ai appris qu’un séropositif traité, dont la charge virale est indétectable depuis plus de six mois, peut avoir des rapports sexuels non protégés à condition que le couple soit stable, qu’aucun des partenaires ne porte toute autre maladie sexuellement transmissible. Pour les séronégatifs, ces avancées médicales ne changent rien, la capote reste la seule protection. Mais pour moi et ma vie sentimentale, c’était une véritable révolution. Quelques mois plus tard, les résultats tombaient. Mon virus n’était plus détectable, il était éteint et inoffensif. Une première grande victoire ! Je pouvais faire l’amour sans capote, faire l’amour comme tout le monde. A chaque fois, j’ai fait le choix de ne pas le dire tout de suite. Le dire dès les premiers jours, c’est s’exposer à ce que l’autre ne voit que ça en moi sans avoir eu le temps de découvrir qui je suis. C’est pour cela que j’attends toujours quelques semaines, le temps que les sentiments se confirment. Sachant qu’avec une charge indétectable, l’autre personne ne risque rien. En plus, les séronégatifs peuvent prendre du Truvada, un composant de trithérapie, qui permet d’être protégé à plus de 90% d’une éventuelle contamination. Grâce à cette double protection, choper le Vih devient aussi difficile que de tomber enceinte pour une femme qui prend la pilule contraceptive.
« La médecine a avancé alors que la désinformation continue ! »
J’ai finalement une vie sexuelle totalement ordinaire, je baise comme vous. Par tradition ou ignorance, certains médecins ne donnent pas toutes les pistes médicales à leurs patients. La médecine a avancé alors que la désinformation continue. C’est ça le vrai drame ! C’est par manque d’information que des millions de séropositifs ont la sensation que leur monde s’effondre. Beaucoup n’osent pas enlever la capote alors qu’il n’y pas de danger de contamination. Moi, j’ai lu, cherché, changé de médecin pour avoir toutes les cartes en mains, les bonnes informations et les bons traitements. Alors lisez, renseignez-vous, ne vous condamnez pas et ne prenez rien pour acquis.
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