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    08/11/2017

    Livraison en terre inconnue

    Vis ma vie de livreur

    Par Diego Da Rin

    Ils sont livreurs de pizza ou coursiers pour restaurants et ils en voient des vertes et des pas mûres. Ahmed, Enzo et Philippe nous racontent leurs anecdotes les plus chelous. Entre la butte Bergeyre et le bassin de la Villette.

    1 (upper) Enzo gagne plus en une soirée qu’en un mois de courses

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    Comme tous les soirs depuis deux semaines, un homme d’une cinquantaine d’années commande à Enzo la même pizza hawaïenne. A son arrivée dans l’immeuble haussmannien, le client lui ouvre la porte vêtu d’un peignoir sale, l’air affligé. Puis il pose le carton de pizza après avoir dégagé une petite table basse recouverte de cadavres de bières. Il fouille ses poches, son portefeuille…. Rien. Son regard se pose sur son alliance. Il l’arrache avec dépit et la tend au livreur. « Tiens, ça vaut plus qu’une pizza et je crains ne plus en avoir besoin. » Il y en a au moins un qui a gagné un joli pourboire.

    2 (upper) Philippe est témoin malgré lui d’un strip-tease involontaire

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    Philippe reçoit sa dernière commande du shift du midi. Fastoche : récupérer un plat dans un resto indien avenue Jean Jaurès avec livraison de l’autre côté du canal. Le voilà qui arrive un peu en avance. Il frappe à la porte jusqu’à ce qu’il entende un jet de douche qui s’interrompt. « J’arrive ! » crie une voix masculine depuis l’appartement. Quand la porte s’ouvre, il voit un mec portant une serviette autour de la taille et un T-shirt qui lui colle au corps encore dégoulinant d’eau tiède. Lorsque le client s’avance pour saisir sa commande la commande, la serviette tombe par terre. Il essaye de se couvrir avec le sac et de refermer rapidement la porte du pied. Avant de bégayer à travers la serrure : « Merci et… désolé ! »

    3 (upper) Ahmed tombe sur un client tout droit sorti d’un thriller

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    Encore une course sur mesure pour un athlète comme Ahmed. Il a vingt minutes pour récupérer la commande, hisser son vélo tout en haut de la butte Bergère, puis atteindre le dernier étage d’un petit immeuble lugubre. Tout en sueur, Ahmed sonne à l’interphone. Quelqu’un décroche. Pas un mot. Seulement la porte qui s’ouvre pour le laisser pénétrer dans la cage à escalier. En grimpant les dernières marches, il remarque une lettre collée à la porte, et, sur le paillasson, un petit cendrier contenant des pièces. Sur la feuille, un mot dactylographié en gras indique : « Laissez la commande et prenez l’argent. » Ahmed obéit. En redescendant, il entend quelqu’un se précipiter sur la commande et refermer la porte… Freaky !

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