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    20/10/2017

    « Quand tu es trans, ton existence est politique »

    Vikken, DJ et militant contre la transphobie

    Par Inès Belgacem

    « On n’a pas souvent l’occasion de marcher pour nos droits, c’est le moment », assure Vikken. A 31 ans, ce DJ est l'une des voix de la communauté trans qui défile ce samedi 21 octobre à Paris. Il s'est raconté à StreetPress

    « Vikken est le nom que je me suis choisi. C’est arménien, ça me semblait important de faire honneur à mes origines. » Le prénom est inscrit sur sa carte d’identité depuis avril. Vikken l’a choisi il y a trois ans, lorsqu’il a entamé sa transition. « Mais il y a toujours un F à côté de ‘sexe’ », souffle-t-il. De sa transidentité, le jeune homme aux vêtements noirs amples en parle librement, d’un ton calme et assuré :

    « C’est juste moi, ça serait dommage de ne pas en parler. Et puis j’aurais aimé entendre des témoignages de personnes trans quand j’étais plus jeune. C’est important de parler. Sans qu’il y ait d’injonction à la parole, bien sûr. »

    Raison pour laquelle Vikken ne loupera pas l’“Existrans”:https://www.facebook.com/events/1947761955545585/, la marche des personnes trans et intersexes, ce samedi 21 octobre. La manifestation fête ses 21 ans. DJ et musicien, l’artiste clôture même la journée à la Mutinerie, institution queer et féministe de la capitale :

    « On n’a pas souvent l’occasion de marcher pour nos droits, c’est le moment. »

    Changer les choses

    « C’est me faire violence que d’y aller, je suis un peu agoraphobe », sourit le DJ, pourtant habitué à faire danser les foules. Également producteur, Vikken s’est fait remarquer sur la scène queer avec ses sets dark techno. Il fait partie des personnes à prendre la parole pour les droits de la communauté. Méthodiquement, il revient sur les galères administratives pour changer leur nom ou leur état civil. Il insiste également sur la prise en charge médicale des personnes trans, encore beaucoup trop « psychiatrisante » et basée « sur des stéréotypes de genre ».

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    « Quand tu es trans, ton existence est politique. » /

    Il a accepté récemment d’intervenir dans le documentaire Trans, c’est mon genre, passé sur la 2. « J’ai eu des messages de jeunes qui avaient des questions, qui ne savaient pas vraiment à qui les poser. » D’autres l’ont remercié de prendre la parole.

    Lui

    « J’ai longtemps été mal à l’aise avec mon image. Je renvoyais à la société une personne que je n’étais pas. » Look tomboy depuis toujours, l’adolescent qu’il était vit mal l’hypersexualisation et les jeux de séduction de l’âge. « Ca me pesait. Je n’aimais pas le regard que les gens posaient sur moi. » S’ajoute à ses questionnements identitaires le harcèlement incessant de ses camarades de classe. « J’étais le weirdo de l’établissement. » Il ne cesse de se remettre en question et se met même en tête de se « féminiser » pour s’intégrer. « Je me suis laissé pousser les cheveux. Je déteste mes cheveux », grimace-t-il en replaçant sa casquette Thrasher noire. Encore aujourd’hui, il les a rasés ras, pour éviter de laisser apparaître une tignasse frisée.

    Mais rien n’y fait, et son malaise persiste. Il change de lycée pour échapper au harcèlement. Puis fait son coming out. Et pendant 10 ans, il se construit en tant que lesbienne. « Jusqu’à ce que je rencontre le féminisme », balance-t-il, main vers le ciel :

    « Je n’avais jamais entendu parler de transidentité. Quand j’étais plus jeune, il n’y avait pas Internet et les forums comme aujourd’hui. »

    Nouveau modèle

    Depuis, « il s’est redécouvert ». « J’ai les problèmes de monsieur tout le monde. Mais je suis heureux. » Aujourd’hui âgé de 31 ans, Vikken est cadre en entreprise. « J’ai beaucoup de chance, mon employeur comme mes collègues ne m’ont jamais stigmatisé. J’ai fait ma transition dans la boite et tout s’est bien passé. » Il aimerait que les choses se déroulent ainsi pour tous ceux de sa communauté. Ce qui est loin d’être le cas. « Il faudrait qu’on soit représentés, qu’on existe dans l’espace public pour que les discriminations cessent. » Mais les modèles manquent cruellement selon lui. Alors s’il peut aider, il le fait, à hauteur de ses moyens. Il ajoute :

    « Quand tu es trans, ton existence est politique. Tu remets en question tous les schémas de la société patriarcale. Alors autant s’assumer et exister. »

    “La 21e édition de l’Existrans”:https://www.facebook.com/events/1947761955545585/ – la marche des personnes trans et intersexes et des personnes qui les soutiennent – aura lieu le samedi 21 octobre 2017, avec un cortège qui partira de Belleville à 14h.

    Vikken sera à la Mutinerie pour la clôture de l’Existrans

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