Diffamation, injures publiques, dégradation de lieux publics ou encore concussion pour avoir prêté des locaux pour tourner un film pornographique*… En un clic, il est désormais possible de découvrir le dark side de vos élus grâce à Deputy Watch, la première base de données judiciaires sur les député de l’Assemblée Nationale.
Derrière la plateforme, Alexandre Brutelle, 25 ans, et une dizaine de fanas de data-journalisme. Ensemble ils ont dressé le bilan des activités judiciaires de la XIVème législature, qui vient de se terminer. On y découvre que 18,45% des députés français ont eu affaire à la justice (condamnations, mises en examen ou signalements de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique) et que le parti Les Républicains est le mauvais élève avec 28 infractions (contre 17 pour le parti socialiste).
Mais Alexandre et sa team ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. Passés les vacances, ils vont se remettre au travail pour la prochaine mandature. On a posé quelques questions aux fondateurs de Deputy Watch, peu de temps après le lancement de son site.
Pourquoi avoir lancé Deputy Watch ?
Au lieu d’éparpiller ses recherches, Deputy watch permet en un seul clic de vérifier tout le passé judiciaire connu d’un député. Le projet vise à lutter pour plus de transparence politique. L’idée est aussi d’arrêter d’infantiliser les citoyens et de leur de proposer des outils ponctuels sur lesquels s’appuyer en période d’élections. Il faut rendre les gens plus responsables et plus actifs dans leurs modes de consommation de l’information.
Comment est née l’idée de Deputy Watch?
J’étais au chômage. J’ai eu l’idée du site entre deux candidatures refusées. J’étais étonné de constater qu’il n’y avait pas de chiffres sur la criminalité au sein de l’hémicycle. J’ai donc posté un message sur le groupe facebook “ profession pigiste”. Une dizaine de journalistes pigistes, salariés et indépendants m’ont répondu. On a donc commencé par répertorier les informations judiciaires de la législature en cours.
A qui s’adresse le site ?
Le site s’adresse principalement au grand public lors des périodes électorales. Mais son usage peut également s’étendre aux journalistes pour leurs recherches ou encore à des scientifiques, des sociologues ou des politologues pour analyser les taux de criminalité dans l’hémicycle.
Comment vous bossez ?
Nous nous appuyons sur les archives de presse générale telle que Factiva ou encore sur des bases de données juridiques comme Dalloz, Lexis360 et Lamyline. A travers ces ressources, nous faisons une recherche sur chaque député. Pour chaque information publiée, la source correspondante est archivée.
Quels sont les constats que vous avez établis sur la XIV législature ?
D’après nos recherches, 118 des 577 députés de l’Assemblée nationale ont été inquiétés par la justice. Parmi eux, 43 ont été jugés coupables en dernier ressort, soit 7,6 pourcent des élus.
Les infractions les plus importantes sont liées à la diffamation et l’injure publique. En troisième position des infractions les plus constatées, il y a les licenciements abusifs et irréguliers ainsi que les rejets de compte de campagne électorale. Le cumul des peines prononcées atteint 1 347 697€.
Quel est l’élu le plus condamné de la XIVème Législature ?
L’élu condamné aux peines les plus lourdes est Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret. Le montant de ses peines représente près de 58 pourcent (784 387€) du total des condamnations financières pour avoir employé des personnes qui s’occupaient de l’entretien de ses biens immobiliers comme agents municipaux.
Quelles sont les poursuites les plus insolites?
Sébastien Pietrasanta, député de la 2e circonscription des Hauts-de-Seine a été mis en examen pour “concussion”. Il avait prêté des locaux de la mairie d’Asnières à l’un de ses adjoints pour un film érotique.
Eric Elkouby, député de la 1ère circonscription du Bas-Rhin a été suspendu de son poste d’adjoint au maire de Strasbourg pour avoir mis le feu en février 2009 à une poubelle et à une bâche.
Après avoir fait le bilan de la XIVème législature, quelle est l’étape suivante ?
A terme, nous voulons fidéliser notre audience et étendre nos enquêtes aux Sénats, aux Euro-députés et au gouvernement. Avec le renouvellement annoncé, les nouveaux députés En Marche! nous demanderont le plus de travail à la rentrée de l’Assemblée. À partir de septembre, nous comptons aussi proposer des contenus éditoriaux.
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