Chaque individu a le droit à la paix et à la sécurité. C’est sur cette base que l’on doit repenser le problème. Ce sont les premières aspirations des gens partout sur le globe. Il faut y répondre.
Le problème est de savoir comment on y répond. Avec quels moyens et à quel prix ? Force est de constater que la guerre à outrance et la course à l’armement ont été les mots d’ordre de ce début de siècle. Pour quel résultat ? Guerres à répétition au Moyen-Orient et insécurité sur notre propre territoire.
Des dépenses d’armement doublées et des conflits sans fin
Depuis le début du XXIe siècle, les dépenses militaires au plan mondial ont quasiment doublé. En 2001, elles étaient de 1.100 milliards de dollars par an. En 2016, elles sont passées à 1.800 milliards de dollars. On a justifié cette hausse par la lutte contre le terrorisme.
Il y a eu la guerre en Afghanistan, ensuite les Etats-Unis ont fait la guerre en Irak avec les fausses preuves d’armes de destruction massive qu’on connaît. Bilan : près de 800.000 morts. Nous, Français, avons aussi mis notre grain de sel en intervenant militairement en Libye.
Pour quels résultats ? Sur l’un de ces terrains de guerre, l’Afghanistan, on a remis au pouvoir les Talibans, ceux contre qui on avait fait la guerre en 2003. Tout le Moyen-Orient est à feu et à sang, avec l’émergence de Daesh. La guerre en Libye a favorisé l’extension de Daesh jusqu’à la zone subsaharienne.
Cette politique guerrière a amené, enfin, l’insécurité chez nous. Tous les attentats qu’on a connus ces cinq dernières années résultent pour une large part des conséquences de ces guerres.
Donc soyons clair, le résultat de cette politique c’est l’ECHEC. L’échec pour notre sécurité et celle des peuples qui vivent sous les bombes. L’échec pour notre paix et celle du monde. Alors sauf si on a encore envie d’engraisser le lobby militaro-industriel, il faut stopper immédiatement la machine.
« Depuis le début du XXIe siècle, les dépenses militaires au plan mondial ont quasiment doublé. Pour quels résultats ? Sauf si on a encore envie d’engraisser le lobby militaro-industriel, il faut stopper immédiatement la machine »
Roland Nivet, Mouvement de la paix
Une hausse des crédits pour les armes nucléaires sans aucune logique
En France, le budget de la Défense atteint 1.6 % du PIB soit 41 milliards d’euros par an (si on compte le paiement des retraites du secteur). Quand on demande à l’augmenter à 2% du PIB, cela signifie une dépense supplémentaire de 10 milliards par an pour le budget de l’Etat.
Le plus aberrant est sans doute la volonté de Jean-Yves le Drian, Ministre de la Défense, d’inclure dans cette hausse un quasi doublement des crédits dédiés aux armes nucléaires (qui passeraient de 3 milliards à 6 milliards d’euros dans les prochaines années). Comme si aujourd’hui celles-ci allaient assurer la sécurité des Français face au terrorisme. Les Etats-Unis ont des centaines de têtes nucléaires, ça ne les a pas empêchés d’être frappés le 11 septembre 2001.
Cette décision de modernisation de l’arsenal nucléaire de la France inscrite dans la loi de programmation militaire arrive au moment où l’ONU vient d’engager, le 27 mars 2017, l’écriture d’un traité d’interdiction définitive des armes nucléaires.
Les pays membres s’orientent vers un désarmement nucléaire et en France, dans le même temps, on veut doubler les crédits consacrés au nucléaire militaire. Déraisonnable !
Quand à Marine Le Pen, elle propose de doubler le budget de la Défense en le portant à 3% du PIB, délirant !
L’opinion plébiscite l’approche guerrière : un mensonge
Dans ce mouvement de désarmement, nous ne sommes pas une minorité. Bien au contraire. On retrouve 75% des Etats (comme le montre un vote à l’assemblée générale des Nations Unies), le Vatican, les organisations syndicales du monde entier, la Croix Rouge, des milliers de maires regroupés à l’initiative du Maire d’Hiroshima. Sans oublier les opinions publiques majoritairement favorables au désarmement nucléaire.
En France, selon un sondage l’IFOP pour Planète Paix, Témoignage chrétien et l’Humanité, 81% des personnes interrogées étaient, en 2012, favorables à ce que « la France s’engage dans un processus de convention internationale d’élimination totale et contrôlée des armes atomiques, déposée auprès des Nations-Unies ».
Dans ce même sondage, les citoyens français ont répondu oui à 75% lorsqu’on leur a demandé s’ils étaient favorables à la baisse des dépenses d’armement pour les orienter vers des dépenses sociales.
Dominique de Villepin affirmait dans son dernier livre que Daesh était une « création de l’Occident ». En cause : son obstination à vouloir régler les problèmes par la guerre. Ainsi après chaque guerre on en fait une seconde pour régler les conséquences de la précédente et ainsi de suite.
« Dominique de Villepin affirmait que Daesh était une « création de l’Occident ». En cause : son obstination à vouloir régler les problèmes par la guerre »
Roland Nivet, Mouvement de la paix
Alain Chouet, ancien officier des renseignements, va aussi dans ce sens. Selon lui aussi, les guerres ne résoudront jamais les questions de terrorisme, et ce n’est pas augmentant les budgets militaires qu’on sortira de cette spirale.
C’est en résolvant les problèmes des relations internationales et socio-économiques à travers une série de mesures touchant à divers domaines (économiques, sociaux, culturels, politiques etc) qu’on peut avancer vers des solutions sur le moyen terme.
Donc il y a une convergence de différents acteurs qui peuvent avoir des divergences idéologiques mais qui se rejoignent sur cette question. Ceux qui sont isolés, ce sont ceux qui mettent en place toutes ces politiques guerrières contre l’avis majoritaire des opinions, et pas le camp du désarmement. Ainsi des guerres sont enclenchées sans même demander l’avis du parlement.
Comment régler les conflits actuels pacifiquement ?
Le plus surprenant, c’est que malgré les échecs répétés des voies guerrières on nous propose de poursuivre dans la même direction. Il faut essayer autre chose.
Les causes sont à trouver dans les politiques de domination et de contrôle des ressources naturelles. Que ce soit le gaz comme le pétrole. Partant de là, l’accent doit être mis sur la lutte contre les inégalités Nord-Sud. Des inégalités qui font que 20 millions de personnes souffrent de famine au Soudan et au cœur de l’Afrique.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud) affirme qu’il faudrait entre 5 à 8% des dépenses mondiales d’armement pendant 10 ans pour résoudre les principaux problèmes auxquels est confrontée l’humanité. Or le monde entier n’est même pas capable de réunir les 4,4 milliards de dollars de financements d’urgence pour faire face à des situations de famine au Nigeria, en Somalie et au Yémen.
Est-ce que nos relations socio-économiques avec les autres Etats doivent être dominées par l’argent ? Ne devrions-nous pas chercher à apaiser nos relations internationales ? Explorer de nouvelles coopérations avec les peuples du Sud basées sur l’égalité et la justice et non sur un rapport de dominants-dominés ?
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