Aubervilliers (93) – Les fumigènes sont de sortie ce dimanche 16 avril. Antifas, syndicats, assos de réfugiés ou partis politiques… une cinquantaine d’organisations se sont données rendez-vous à Aubervilliers. A la veille du grand meeting de Marine Le Pen au Zénith de Paris, ils défilent contre le FN. « Pas de fachos dans nos quartiers et pas de quartier pour les fachos », scande la foule en tête de cortège. Au total, quelques centaines de militants ont fait le déplacement.
« Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ! » / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas
Derrière, le black bloc se prépare à en découdre. Porte de la Villette, à quelques encablures du Zénith, les premiers affrontements entre la police et les jeunes militants radicaux éclatent. A une charge d’activistes masqués, les policiers répondent par d’abondants tirs de gaz lacrymogènes. Passé ce climax, la manif se déroule dans le calme jusqu’à son point d’arrivée, la Mairie du 19e. Seul point noir, quelques bisbilles entre militants, visiblement pas d’accord sur la marche à suivre. Ils finissent par régler ça de manière musclée.
Tchou tchou ! / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas
On refait le plein / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas
Autour du Zénith, les fachos tournent
Le lendemain, lundi 17 avril, c’est devant le métro Porte de Pantin que le gratin de la gauche radicale se donne rendez-vous pour une « journée d’action » en marge du meeting du FN. Tôt dans la journée, CRS, compagnies d’interventions et gendarmes ont bouclé le parc de la Villette pour éviter tout débordement. Dans les allées, supporters du FN et militants antifascistes se croisent, se toisent et se raillent.
En première ligne / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas
De l’autre côté du parc, une trentaine de jeunes d’extrême droite, pour certains membres du GUD, suppléent les DPS, le service d’ordre du FN. Ils sont à la recherche de militants d’extrême gauche. La petite troupe, parmi laquelle StreetPress a reconnu plusieurs modèles de la marque Babtou Solide, finit par se poser en terrasse du bar La Folie avant de disparaître des radars. Quelques minutes plus tôt, la cohorte est tombée sur un jeune, drapeau noir et rouge en main. « Viens, tu veux taper du facho », lance l’un des gros bras. Ni une, ni deux, le jeune anar prend ses jambes à son cou sous les quolibets des militants d’extrême droite.
A La Villette, on joue au chat et à la souris entre antifa et pro-FN / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas
Cache-cache au Zénith
A 17h, c’est le coup d’envoi. À son arrivée à Porte de Pantin, Gilbert Collard, député FN dans le Gard, est chahuté peu de temps après qu’un cocktail molotov est lancé sur des fonctionnaires de police. Sur le côté de la Grande Hall de la Villette, une centaine de militants antifas s’écharpent avec la police. Les bouteilles volent, les noms d’oiseaux aussi. Les militants sont finalement repoussés à grand coups de lacrymos… Et c’est parti pour quatre heures de manif sauvage autour du Zénith et de nombreuses escarmouches avec les forces de l’ordre.
Passion philharmonie / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas
Mais ce n’est pas tout : sur le périphérique, un autre groupe de militants a réussi à bloquer la circulation, le temps de dérouler une banderole contre le FN. La manif se disperse finalement dans les rues du 19e arrondissement, après une ultime charge de policiers. Quelques minutes plus tôt, on est à deux doigts de la bavure : un militaire de la mission sentinelle braque son Famas sur les manifestants.
Ça part en manif sauvage dans le 19e / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas
Première action Femen
Aux abords du Zénith, la rumeur court : plusieurs militants auraient réussi à pénétrer dans la salle pour perturber le meeting. Finalement, ce ne sont pas les antifas qui portent l’estocade, mais les Femen venues rappeler que la candidate anti-IVG n’a rien d’une féministe. Au pied de la scène, Nora, membre du groupe féministe, attend son heure. L’activiste armée d’un bouquet de fleurs s’est mêlée aux troupes du Front National de la Jeunesse :
« 6 fois, les mecs qui m’ont chopée lors de notre dernière action sont passés à côté de moi. Ils ne m’ont pas reconnue. »
Une frappe digne de Cavani / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas
Alors que la candidate FN évoque l’insécurité vécue par les femmes dans les transports, Nora déclenche son action. Elle se précipite sur scène et tente d’ouvrir son haut, pour laisser apparaitre ses seins barrés du slogan « Marine au pouvoir, Marianne au désespoir ». Un mastard du service d’ordre (le DPS) la plaque au sol. Immédiatement, la régie bascule sur une caméra qui filme le public. Les images sont données gracieusement à BFM. Il faut à tout prix éviter que les téléspectateurs n’en voient trop. Nora est traînée en coulisse.
Video Le service d’ordre du FN la plaque au sol
La suite, elle le raconte à StreetPress au téléphone. Une quinzaine de personnes l’immobilisent. « Sale pute », « on va te remettre sur le trottoir ». Les insultes pleuvent :
« Il y avait des membres du service d’ordre mais aussi des militants qui s’étaient faufilés »
L’activiste prend un violent coup de poing dans la tête. Ils attrapent dans sa poche ses papiers d’identité. Les gros bras sont en roue libre. L’un d’eux pose son pied sur son visage pour la maintenir au sol :
« Ils ont ouvert mon haut, puis ils ont sorti leur téléphone pour prendre des photos. »
L’activiste demande à voir la police. « Plusieurs se sont fait passer pour des policiers. » Ils tentent ensuite de l’enfermer dans une douche. « Là, j’ai crié ». Les forces de l’ordre débarquent enfin :
« Ils ont récupéré mes papiers et m’ont escorté jusqu’à la sortie du Zénith. Ensuite j’ai couru jusqu’à l’entrée du métro. »
Nora compte porter plainte.
Nouvelle déco / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas
Seconde action Femen
Tandis que la candidate bleu marine tente de reprendre le fil de son discours, le DPS double le dispositif de sécurité. Le long de la scène, ils sont désormais une dizaine à faire barrage. Une quinzaine d’autres scrutent les premiers rangs. Sauf que la seconde action Femen vise une autre cible.
Une autre Femen expulsée du meeting de Marine Le Pen pic.twitter.com/KKDbndtAtg
— Pierre Tremblay (@tremblay_p) 17 avril 2017
20 minutes plus tard, Lola, une autre militante Femen, se lève. Elle arrache son haut et se précipite, poing levé, devant les caméras des chaînes d’infos en continu. Son slogan se perd dans la bronca. Qu’importe, Marine Le Pen s’interrompt à nouveau. Cette fois, le service d’ordre met plusieurs secondes à réagir. Les DPS la saisissent et la portent littéralement dans les coulisses.
Pour se relancer, Marine Le Pen tente une boutade :
« Elle aurait dû rester un peu, elle aurait appris quelque chose »
La réponse viendra sur twitter :
Chère Marine Le Pen, nous reviendrons, ne vous inquiétez pas ! #MarineAParis #femen pic.twitter.com/ljA3eHeIsn
— FEMEN (@Femen_France) 17 avril 2017
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER