Une répression de plus en plus sévère. C’est l’unique réponse qu’on donne depuis 25 ans à ceux qui veulent faire la fête de façon libre – c’est le sens de « free party » – en prônant le partage, l’autogestion, la fraternité et l’écologie. Il faut que cela change, et vite.
L’amendement anti-free parties
Cette répression prend plusieurs formes. Elle a d’abord une base légale. Une loi de sécurité intérieure a été votée en 2002, aux lendemains des attentats du 11 septembre, dans un climat de délire collectif. On y trouve ce qu’on appelle « l’amendement anti-free parties », qui donne un cadre légal à nos soirées, et autorise la saisie de nos sonos.
Cette loi stipule aussi que les rassemblements de plus de 500 personnes doivent être signalés en préfecture. Sauf que les collectifs se heurtent systématiquement à l’opposition des préfets, qui ne donnent jamais les autorisations.
Résultat : sur les 4.000 free parties organisées cette année sur le territoire par 800 collectifs, 3 soirées seulement ont été déclarées. De fait, l’illégalité est restée la seule façon de faire.
Certains préfets nous font la guerre
Certains préfets sont particulièrement impliqués dans la volonté de supprimer les free party du territoire. C’est le cas de celui de l’Aude, qui a pondu et distribué l’été dernier une circulaire à tous les maires concernés, qui pourrait s’intituler : « Comment interdire une rave party pour les nuls ».
Quand ils se trouvent de le fait accompli, ils prennent souvent des mesures illégales pour faire interdire les rave parties. Par exemple, il y a les arrêtés interdisant la diffusion de musique électronique dans la commune, publiés le dimanche quand la fête a lieu dans la nuit du samedi. Ce qui permet de mettre des amendes aux organisateurs, de façon rétroactive.
« Dans le climat ultra-sécuritaire actuel, on subit aussi, comme d’autres, de plus en plus d’injustices de la part des forces de l’ordre. »
Hervé, défenseur des rave parties
Dans le climat ultra-sécuritaire actuel, on subit aussi, comme d’autres, de plus en plus d’injustices de la part des forces de l’ordre. Parfois, ils ne respectent pas la loi, interviennent sur des soirées de moins de 500 personnes, alors qu’aucune plainte n’a été déposée, et saisissent le matériel de sonos.
Des saisies de matos
Normal, pour une petite unité de gendarmerie de campagne, il est plus facile d’intervenir sur une soirée de 50 à 100 personnes que lors d’un événement de 10.000 personnes. Ainsi, de grosses soirées peuvent se passer sans intervention alors que des petites soirées, qui ne devraient pas être réprimées, le sont dans les faits.
Du fait d’énormément de saisies hors-la-loi, les sonos finissent souvent par être restituées, mais au prix de batailles juridiques, d’argent et de temps dépensés inutilement. On ne récupère notre sono que six mois après, souvent dégradée après avoir été entreposée dans un hangar humide.
Nos sonos coûtent plusieurs dizaines de milliers d’euros. Les soundsystems, au coeur de notre mouvement, appartiennent aux gens qui les montent, c’est-à-dire une bande de copains passionnés qui investissent leurs propres deniers dedans.
Des amendes en série
Nous sommes régulièrement victimes de violences policières, mais aussi du zèle des forces de l’ordre. La distribution d’amendes est par exemple un grand jeu de la gendarmerie, qui profite souvent de nos free party pour faire ses chiffres. Cas d’école : le samedi, les gendarmes se postent sur la route de la soirée et relèvent les plaques d’immatriculation de ceux qui s’y rendent en empruntant un chemin interdit à la circulation. À l’aller et au retour : deux amendes de 135 euros pour passage sur un chemin interdit.
On tente de décourager aussi nos tentatives de faire la fête de façon responsable. Car au contraire de beaucoup d’établissements de nuit, on refuse la politique de l’autruche (« non ici personne ne se drogue, personne ne boit trop, etc »). Comme on souhaite que les choses se passent bien, on informe notre public sur les risques liés à notre pratique : la consommation de stupéfiants, d’alcool, et à l’écoute de musique amplifiée.
Mais notre volonté de réduire les risques via l’information n’est pas soutenue par les pouvoirs publics, au contraire. L’association de réduction des risques Techno plus, qui va de free en free, a vu ses locaux perquisitionnés en décembre dernier.
Tenez vos promesses !
Samedi, notre principale revendication sera l’arrêt des procédures abusives et particulièrement des saisies.
« Environ 200.000 personnes participent régulièrement à des free parties en France. »
Hervé, défenseur des rave parties
On souhaite que les promesses de révision ou d’annulation de la loi anti-rave parties de 2002 soit tenues : on nous l’annonce à chaque mandature, mais rien ne bouge malgré toutes les rencontres interministérielles.
Le problème de fond est que l’ensemble de nos interlocuteurs nous considèrent comme un problème sanitaire ou sécuritaire, alors qu’on est un véritable mouvement culturel de grande ampleur. Environ 200.000 personnes participent régulièrement à des free parties en France.
Nous voulons simplement faire la fête librement
Les fantasmes des médias et des politiques se concentrent sur les problématiques liées aux drogues. Mais qui parle de ceux qui en font leur métier, et qui, comme moi, deviennent producteurs de disques ou loueurs de sonos ? Qui met en avant les rencontres et l’émulation que permettent les free parties ?
Nous ne sommes pas subventionnés, ni inscrits dans les circuits commerciaux, mais nous ne sommes pas une bande d’allumés et de dangereux drogués.
Si vous voulez en avoir le coeur net, venez voir ce samedi ce que nous faisons vraiment : diffuser de la musique électronique avec des sonos, tout simplement.
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