La plateforme Heetch a été suspendue le jeudi 2 mars, suite à une décision de justice. Du coup, le week-end dernier, je n’ai pas pu sortir. D’anciens passagers m’ont contacté car ils ne savaient pas que le service était fermé. Et moi, je ne faisais que le week-end, car c’est le moment de la semaine où il y avait plus de demandes.
Heetch nous a donné vraiment très peu d’infos. En tout et pour tout, j’ai reçu deux mails. Un premier pour informer que « la plateforme [était] temporairement fermée ». Et un second mail, le mercredi 8, pour dire : « La suite de l’aventure commence maintenant »… Cela confirme le sentiment que j’avais depuis longtemps, c’est-à-dire que nous les drivers qui faisaient ça comme moi, on n’est pas leur priorité. Je me sens complètement laissé pour compte par l’entreprise.
Dans le mail envoyé aux chauffeurs le 2 mars, Heetch s’affiche en GIF en mode startup
On ne sait rien !
Pourtant, il n’y a plus de courses sur Heetch. Lundi, l’entreprise a rouvert la plateforme. Certains chauffeurs sont sortis en se disant que les demandes reprendraient normalement. Mais ça n’a pas sonné… l’appli tourne à vide. N’importe qui, chauffeurs comme clients, peut se connecter mais nous ne pouvons pas être mis en relation.
Ils ont donc laissé les drivers sortir en sachant qu’il n’y aurait pas de clients, alors que certains conduisent pour se faire de l’argent, et ne vivent que de ça ! Ce n’est pas correct.
Je ne sais pas si le service a repris dans d’autres quartiers. Concrètement, on ne sait absolument rien. Il y a un réel souci de communication avec la direction.
Un revenu complémentaire et nécessaire
J’ai commencé Heetch quand j’étais étudiant en alternance dans l’informatique. J’ai 30 piges et vivre avec le Smic, c’était chaud. Concrètement Heetch me permettait de compléter mes revenus et d’avoir une vie décente. Chaque mois, c’était 400 à 600 euros qui tombaient en plus sur mon compte en banque.
Ces quelques centaines d’euros mensuels, je les touchais tous les vendredis et samedis soirs, de 20h à 7h du mat’, dans ma Clio. Ce que je gagnais était super aléatoire. Je pouvais parfois tourner toute la nuit et ne pas prendre de passagers. Et puis, de temps en temps, en deux-trois heures, je pouvais prendre trois ou quatre demandes et me faire une centaine d’euros.
« J’ai un pote qui a rendu son appart. Un autre est parti à l’étranger. Ouais, c’est la fin quoi. »
Cédric, driver Heetch
Ça c’est pour moi, mais pour les drivers qui ne vivaient que de Heetch et sortaient toute la semaine, j’ose pas imaginer dans quelle galère ils sont aujourd’hui. J’ai un pote qui a rendu son appart. Un autre est parti à l’étranger. Ouais, c’est la fin quoi. Il ne peuvent plus vivre grâce à ce complément de revenu que l’on avait avec Heetch.
C’est fou que les médias ne parlent que du devenir juridique de l’entreprise, mais pas du tout des centaines de drivers abandonnés à leur sort. On n’est que des chauffeurs, après tout. On n’est pas le cœur du sujet. Le vrai cœur, c’est l’argent et les clients.
Nous, drivers, on a le sentiment de n’avoir été qu’un moyen pour arriver à leur fin.
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