7h 30, Lycée Bergson (Parie 19e) – Deux adolescents surveillent une dizaine de poubelles récupérées dans le quartier. « On attend les autres pour commencer à bloquer », explique Louis, jeune blond à la gueule d’ange. Ce jeudi 23 février, 16 lycées sont totalement bloqués et 12 « partiellement ». Le mot d’ordre : #JusticePourThéo.
Les lycéens se préparent / Crédits : Pierre Gautheron
A StreetVox le Mouvement inter luttes indépendant (Mili), explique :
« Alors qu’on a les images de ce viol, que c’est clair, le policier reste en liberté. En face, des jeunes de quartiers populaires sont tombés pour des faits “d’embuscade”, même pas violences, et ont pris 6 mois de prison ferme. »
Tétris en vrai / Crédits : Pierre Gautheron
8h 40 – Les renforts arrivent. « On est passé à Colbert, ça bloque ! », s’enthousiasme l’un des loustics. L’opération blocus peut commencer. Les lycéens alignent les poubelles à quelques mètres de la porte, puis font mine de s’éloigner. Et d’un coup, sous le regard déconcerté d’une poignée de profs, 5 jeunes se retournent. Ils foncent sur les poubelles et les poussent contre l’entrée. Le personnel de l’établissement a tout juste le temps de se précipiter dans l’entrée pour éviter de se faire écraser.
Quelques minutes plus tard, un enseignant passe une tête dehors. Un œuf vole dans sa direction, sans faire mouche. Le message est clair. Pas touche à la barricade.
Sapé comme jamais / Crédits : Pierre Gautheron
9h 10 – La tension retombe. La grosse centaine de révoltés s’offre une pose. Chevelure frisée sous sa capuche, l’un d’eux explique :
« J’ai déjà participé à plusieurs manifestations contre la Loi Travail, mais c’était surtout par engagement anti-flic. Je sais que le proviseur me surveille alors, aujourd’hui, je ne fais rien. »
Jamais sans ma poubelle verte / Crédits : Pierre Gautheron
10h 10 – Un petit groupe se motive et place quatre poubelles en travers de la rue Edouard Pailleron, sous le regard de deux policiers en civil, talkie à la main.
Pantalon, hoodie, foulard noir, l’un des jeunes s’approche de la mini-barricade muni d’une bouteille d’alcool blanc. Il arrose le plastique avant d’y mettre le feu. A peine deux minutes plus tard, les pompiers débarquent et éteignent l’incendie.
Le feu, ça brûle / Crédits : Pierre Gautheron
« Justice pour Théo, justice pour Théo » / Crédits : Pierre Gautheron
Mais rebelote quelques instants plus tard. Nouvel incendie. Retour des soldats du feu, sous les huées cette fois. Des œufs pleuvent. Ils reviendront accompagnés des CRS. La foule scande « justice pour Théo ». Les projectiles volent à nouveau. Les policiers restent stoïques.
La cavalerie est arrivée ! / Crédits : Pierre Gautheron
10h 50 – Le groupe se scinde en deux. Une grosse soixantaine de minots prend la direction de Nation où une manif non-déclarée est prévue à 11 heures. Station Colonel Fabien, la bande s’engouffre dans la 2. Dans le métro, tous dansent en criant :
« Tout le monde déteste la police ! »
Ils se tournent les pouces (de pied) / Crédits : Pierre Gautheron
Entre deux « one, two, three, viva l’Algérie », un grand black interpelle son pote à casquette :
« – Eh, mais toi, t’es pas interdit de manif’ ? ».
« – Si depuis la manif du 14 juin. »
Éclat de rire. Au total, selon une info confirmée par la pref’ à StreetPress, 13 personnes ont été interdites de manif’.
« One, two, three, Viva l'Algérie ! » / Crédits : Pierre Gautheron
Un cordon de CRS barre la sortie du métro. Fouille au corps pour chacun. La soixantaine de lycéens venue de Bergson se fond dans le cortège, condamné à tourner en rond. La place est nassée par les forces de l’ordre qui encerclent les 2.000 manifestants. À intervalles réguliers, une horde de près de 400 jeunes tente de s’engouffrer dans l’un des boulevards barré par les hommes en bleu. Réaction immédiate : lacrymos et grenades de désencerclement.
Le cortège part de Nation / Crédits : Pierre Gautheron
Mais, que fait la police ? / Crédits : Pierre Gautheron
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