Toutes les violences que l’on rencontre dans la vie publique et dans la vie réelle se retrouvent en ligne.
Le harcèlement sur le web et les réseaux sociaux existe sous plusieurs formes et porte atteinte à la possibilité de s’exprimer correctement ou d’exister sur Internet.
Le cyberharcèlement est fulgurant
Le harcèlement en ligne démarre très vite, et par des gestes qui pourraient sembler anodins. Par exemple, retweeter, liker ou favoriser une publication diffamatoire, violente ou critique sur le corps d’une femme, sur les prises de position d’une minorité, c’est une forme de cyberharcèlement.
« Retweeter, liker ou favoriser une publication diffamatoire, violente ou critique sur le corps d’une femme, c’est une forme de cyberharcèlement »
Johanna Benamrouche, Féministe contre le cyberharcèlement
C’est une violence forte et dense, à cause de sa capacité de résonance importante et parce que cela peut aller très vite. Ces attaques en ligne s’étendent de façon illimitée parce que retweetées, revues, likées. En quelques minutes ou quelques heures, on peut monter la sauce sur un fait divers ou propulser quelqu’un très vite sur le devant de la scène. Ces attaques ne disparaîtront jamais vraiment d’Internet.
On se sent impuissant, en tant que victime d’abord, mais aussi en tant que proche. L’Etat et des plateformes sont très en retard sur cette notion de la modération des contenus violents. Des réactions très simples permettent de stopper le phénomène. Les voici.
1. Faire preuve de Bien-veillance
Il faut essayer de se penser en tant qu’allié.e, comme on devrait le faire pour tout type de violence misogyne. C’est ce que l’on appelle la bienveillance dans la vraie vie et c’est le premier réflexe que l’on peut tous avoir. C’est une sorte d’intelligence émotionnelle numérique si on veut.
Pour soutenir une personne cyber-harcelée, on peut commencer par un message privé : lui dire que si elle a besoin d’aide, on est là, en tant qu’associatifs vigilants sur cette question ou bien en tant que citoyen lambda.
« Il faut essayer de se penser en tant qu’allié.e comme on devrait le faire pour tout type de violence mysogine. C’est ce que l’on appelle la bienveillance dans la vraie vie. »
Johanna Benamrouche, Féministe contre le cyberharcèlement
Si on est témoin et que c’est quelqu’un de proche, on peut aussi lui proposer d’avoir accès à son compte et de le gérer pour elle le temps que ça se calme. Histoire de préserver la personne et de créer une sorte de bulle de protection.
Ce ne sont pas des solutions à long terme et on ne peut pas le faire tout le temps, mais à doses chirurgicales, cela peut être très utile quand la personne n’a pas non plus envie de se censurer.
On peut aussi poster un message sur le réseau de la victime pour faire remonter des éléments positifs à son sujet.
2. Ne pas auto-alimenter le phénomène
En revanche, beaucoup de personnes veulent être bienveillantes et dénoncer des vagues de cyberharcèlement publiquement, mais du coup, elles rediffusent ces messages et ne permettent pas de les faire oublier. Conséquence : le phénomène reste en ligne longtemps et s’auto-alimente. C’est un problème que l’on rencontre souvent.
Il ne s’agit pas d’ignorer le cyberharcèlement, mais au contraire de le diluer dans le flux et d’utiliser d’autres outils pour mettre en avant la victime.
3. Créer un hashtag positif
On aime bien promouvoir des mots-clés positifs quand un hashtag négatif se met en place. Plutôt que de reprendre le hashtag négatif en le dénonçant, nous en créons un autre pour faire en sorte d’invisibiliser les phénomènes de violence naissants.
Il y a eu un hashtag – que je ne vais pas citer – qui promouvait la culture du viol. On a décidé de relayer celui qu’une twittos avait créé #stopcultureduviol et ça a marché : Il a été repris par des dizaines de milliers de personnes et a permis de noyer dans la masse tous les tweets hyper-violents qui appelaient au viol direct.
4. Signaler en masse la publication
Le signalement automatique d’une publication à caractère raciste, sexiste, homophobe, grossophobe, transphobe, etc. ne fonctionne malheureusement que si l’on est nombreux. Les politiques de modérations des réseaux sociaux sont très opaques. De nombreuses requêtes ne reçoivent aucun écho.
L’idéal est aussi de dénoncer tout contenu à caractère pédopornograhique sur la plateforme gouvernementale Pharos qui réalise une vigie contre les contenus illicites sur Internet. Cet outil fonctionne.
« Les politiques de modérations des réseaux sociaux sont très opaques. De nombreuses requêtes ne reçoivent aucun écho. »
Johanna Benamrouche, Féministe contre le cyberharcèlement
Le signalement fait partie des réflexes à mettre en place, même si pour le moment son impact est limité. Quand on sait nous de notre côté qu’il y a eu des centaines de signalement et que le compte du harceleur n’a pas été fermé, on peut interpeller twitter et en remettre une couche. Or, il n’y a jamais de réponse. On fait remonter l’info puis elle se perd et on ne sait rien.
5. En finir avec la culture de la culpabilisation
Parfois les gens se disent : « Pourquoi la victime n’a pas bloqué son compte ? Elle a essayé d’être provocante… » Il y a toute une culture de la culpabilisation des victimes, surtout pour les violences sexuelles.
6. Retirer le lecteur vidéo automatique
Sur Instagram, on peut choisir de filtrer par défaut des mots violents, qu’on choisit soi-même. C’est limité parce que c’est une solution qui repose sur la protection de la victime, par elle-même.
Sur Twitter, on peut choisir de retirer la fonction autoplay et donc de ne pas voir de vidéos violentes que ce soit d’attentats hyper gores ou de viols collectifs.
Ces images restent en tête. C’est à rebours malheureusement que l’on peut agir le plus souvent.
7. Porter plainte
Il faut s’entourer d’une équipe de proches ultra-motivés et être soi-même conscient que la procédure va prendre beaucoup de temps. Très peu de victimes de cyberviolences portent plainte aujourd’hui à l’instar du manque d’accompagnement dont bénéficient les victimes. Par découragement mais aussi parce que cela coûte cher. Le droit doit être accessible à tous les milieux sociaux pour faciliter la prise en charge judiciaire des victimes et dissuader les potentiels agresseurs qui sauront alors vraiment ce qu’ils risquent.
L’État et les Plateformes doivent passer à l’action
Nous devons faire pression sur l’État et les plateformes pour qu’elles passent à l’action.
Car tout cela pourrait être empêché ! Il y a des ingénieurs très bons, des algorithmes et plein de modération possibles.
On l’a vue à plusieurs reprises avec la peinture de Gustave Courbet notamment, L’Origine du monde, automatiquement virée de Facebook quand quelqu’un la poste ! Les administrateurs des réseaux ont les moyens d’empêcher toutes les publications qu’ils veulent.
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