Squat les Grands Voisins, Paris 14ème – Charles, grand gaillard startuper quand il n’est pas conteur, fait face à un public d’une centaine de personnes. Ce soir, son histoire commence par quelques références à Dionysos :
« Savez-vous pourquoi c’est le dieu qui est toujours à moitié caché sur la photo de famille ? Pourquoi ce fils de Zeus est une espèce de marginal, alcoolique, décadent ? Comme d’habitude, tout vient de la mère ! »
Les Grands Voisins – dont StreetPress vous a déjà parlé – accueillent ce soir la Cour des contes. Au-delà du jeu de mots douteux, la troupe est une association d’étudiants dont le but est de faire vivre et diffuser « l’art du conte ». Le principe ? Un spectacle de contes entièrement gratuit d’une heure environ avec en bonus, un conteur professionnel invité.
Gauther à l'Archipel, visiblement inspiré / Crédits : La Cour des Contes
Partager les contes
Quelques semaines plus tôt, la petite bande chauffait ses textes chez Arthur dans le 9ème. Une bière dans la main droite et une part de pizza dans l’autre, il prépare le spectacle du samedi suivant. Le président de la Cour des contes à la pression :
« Là on prépare un truc pour les journées du Patrimoine à Bagnolet. Mais la vraie rentrée, ce sera nos débuts aux Grands Voisins, où on va présenter un spectacle par mois !»
Pour Guillermo, hispano-belge à la voix de basse, l’assos fonctionne parce que le conte est un art populaire :
« Dans le public, on a des gens qui vont rarement voir des spectacles. »
Un conte est court et le texte n’est pas aussi « sacré » qu’au théâtre, il évolue à chaque fois :
« Quand on raconte dans un spectacle, c’est comme si on racontait une histoire à nos potes »
Made in Chili
La Cour des contes est une histoire de copains. Alors qu’il est en échange universitaire au Chili, Arthur découvre l’assos’ “Sausacuentos”:https://www.facebook.com/colectivosausacuentos/ qui rassemble des conteurs amateurs et pros :
« J’ai toujours adoré les histoires mais je ne connaissais aucun endroit où on pouvait en écouter. Quand je suis rentré en France, j’ai tout de suite voulu recréer le concept. »
Des joyeux lurons / Crédits : La Cour des Contes
Au départ il embarque trois potes dans l’aventure :
« Pour le premier spectacle, le calcul était simple : on était 4, si on ramenait chacun 10 potes, on avait 40 personnes et on rentabilisait la salle ! »
Le défi est relevé, le bouche à oreilles se fait, « la jauge est vite passée à 150 » et de nombreux lieux leurs ouvrent les portes. Leur tournée parisienne les mène aux Grands Voisins, à l’Archipel mais aussi dans les mairies, les musées et surtout, au restaurant de la Grande Mosquée de Paris, leur QG depuis 3 ans.
La team
À la répet’ suivante, ils débriefent le dernier spectacle. Arthur tacle Gauthier sur ses qualités de chanteur :
« Il faut vraiment qu’on bosse pour que tu te mettes à chanter juste. »Le conteur se marre jusqu’à ce que ses collègues lui imposent une heure de cours de chants improvisée. « On s’investit beaucoup, on veut donner le meilleur de nous-mêmes», explique Maëlle, la plus jeune recrue de l’asso. Même si la Cour des contes « est plus détente que le Conservatoire » qu’elle a longtemps fréquenté. Pour y entrer, il faut passer une audition, avec un « conte de motivation ». L’affaire est sérieuse : les nouveaux sont ensuite formés par les anciens, avant d’être lâchés devant un public. La joyeuse bande rêve même de passer pro.
Ils sont tous les premiers mercredis du mois aux Grands Voisins et le 23 novembre au Musée du Luxembourg.
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