Paris 11e – Derrière le comptoir du Café Moderne, bar à cocktail au style rétro de la rue Keller, Jennifer a le smile. La petite brune de vingt-neuf ans est revenue il y a quelques semaines des Diageo World Class. Le championnat du monde des bartenders, les rois du cocktail, était organisé cette année dans un prestigieux hôtel de Miami :
« C’était assez impressionnant comme ambiance. T’es là avec les meilleurs de la discipline. »
Face à elle, les vainqueurs des éditions américaines, japonaises, brésiliennes, polonaises… Sur les 58 candidats, seulement 7 filles. Parmi elles, Jennifer qui a pourtant commencé le cocktail il y a un à peine plus d’un an.
Surdouée de la mixologie
La parisienne de naissance débarque il y a 5 ans dans le milieu de la restauration. Un job en parallèle de ses études de civilisation hispanique. D’abord en salle dans plusieurs brasseries de la capitale, elle passe progressivement derrière le bar :
« Au fur et à mesure j’ai commencé à m’intéresser aux mélanges, aux produits, à bidouiller un peu toute seule. »
Il y a un peu plus d’un an, elle répond à une annonce du Café Moderne qui cherche son prochain tenancier. Elle passe plusieurs essais avec Mido, proprio du bar à la moustache bien taillée, lui-même médaillé de bronze au Diageo World Class il y a trois ans. « C’est grâce à lui que j’ai vraiment commencé à m’intéresser à la mixologie, revient-elle. C’est aussi lui qui m’a poussé à m’inscrire aux sélections organisées à Paris ». La compet’ organisée dans un bar de Saint-Germain-des-Prés est qualificative pour les championnats du monde.
Jenni, en pleine action / Crédits : DR
Miami Beach
Jennifer s’envole fin septembre pour les States, accompagnée de sa team. Prête à en découdre :
« Deux mois plus tôt, on a reçu le brief du concours : un gros pavé qui annonçait le programme de la semaine sur place. »
Face au jury composé d’anciens gagnants et de « gourous » du milieu de la nuit, une première sélection. Deux jours d’épreuves : il faut créer un apéritif et un digestif, définir quel sera le cocktail de demain, inventer des drink pour une pool-party, et passer haut la main la délicate dégustation à l’aveugle de whisky. « A la suite de ça, ils ont gardé seulement douze personnes. » La frenchie est toujours en course. Elle remporte même l’épreuve de rapidité en réalisant 12 cocktails en 10 minutes. Nouvel écrémage. Ils ne sont plus que 6 pour la dernière manche qui consiste à créer un bar de A à Z en 24h :
« Tu as un budget alloué et tu dois tout prévoir : la déco, la verrerie, les ingrédients et tout ça. Le jury tourne de bars en bars. Après tu passes à la phase dégustation pour les invités. »
A la fin de cette semaine, Jennifer monte sur scène pour recevoir la prestigieuse récompense qui trône aujourd’hui au dessus de son bar parisien. Elle est la première française, et surtout la première femme à remporter la compétition créée en 2009.
Jennifer entourée des anciens champions du monde de cocktail / Crédits : DR
Une reconnaissance dans le milieu
A la clé, « pas d’argent mais une reconnaissance certaine dans le milieu ». Aussi, depuis sa victoire, le bar a reçu la visite de plusieurs curieux venus pour déguster les 25 cocktails disponibles à la carte entre 9 et 16 euros.
Surtout, la barmaid devient de fait ambassadrice du World Class et bougera aux quatre coins du monde. L’année prochaine, elle passera de l’autre côté du miroir et deviendra juge pour la prochaine édition à Mexico.
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