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    31/08/2016

    La France veut l’expulser mais l’Algérie ne veut pas l’accueillir

    Abel, le sans-papiers passé 7 fois en centre de rétention

    Par Tomas Statius

    La situation d’Abel est ubuesque. Depuis 2014, la police a collé le jeune algérien pas moins de 7 fois en centre de rétention. Pourtant comme son pays d’origine ne le reconnait pas, il est inexpulsable.

    Abel* est un habitué des Centres de Rétention Administratif (CRA). Depuis 2015, le jeune sans-pap’ né à Oran en Algérie est passé pas moins de 7 fois en CRA. Depuis le 14 août il est enfermé au centre du Mesnil-Amelot (77). « A ce niveau là, c’est de l’acharnement » s’insurge Steve qui suit son dossier pour la Cimade.

    Si Abel a le droit à tant d’égard de la part des autorités, c’est que le jeune homme est une anomalie juridique. La préfecture du Loiret tente de le faire expulser depuis deux ans, mais les autorités algériennes ne le reconnaissent pas comme l’un de ses citoyens et refusent de le laisser entrer sur le territoire. Conséquence : Abel est en situation irrégulière en France, sans pour autant pouvoir être expulsé.

    From Oran to Orléans

    Abel est né à Oran en 1996. C’est en 2011, avec un groupe de migrants originaires de la même région qu’il prend la route, puis le bateau direction la France. A l’époque, Abel est mineur. Il n’a pas de carte d’identité, et n’est pas inscrit à l’état civil. Pour son pays d’origine, il n’existe pas. « C’est le deuxième algérien dans ce cas que je croise. En général, on voit ça plutôt dans des pays comme l’ex-Yougoslavie ou l’URSS » commente Steve de la Cimade.

    Quand il arrive en France, Abel rejoint son oncle du côté d’Orléans où il habite toujours. Là-bas, ils vivotent de petits boulots en petits boulots, squattent chez des potes et attirent rapidement l’attention de la maréchaussée.

    Inexpulsable mais interdit de territoire

    C’est en 2014, soit 3 ans après son arrivée, que les ennuis commencent pour Abel. La préfecture du Loiret prononce une première obligation de quitter le territoire français à son encontre. Suivi d’une seconde en septembre 2015. Les placements en rétention s’enchaînent : Mesnil-Amelot (janvier, mars, septembre 2015 et avril, août 2016), et Rennes en mars 2016.

    En 2016, Abel est même condamné à un mois de prison ferme et une interdiction de territoire d’une durée de trois ans pour sa présence illégale en France. Une décision que son avocat a contesté en appel. Un peu fort de café de reprocher à un mec sa présence en France… alors qu’on ne peut l’expulser.

    La préf reconnaît qu’on ne peut pas l’expulser

    Dans un courrier adressé au CRA du Mesnil-Amelot, daté du 23 octobre 2015 que StreetPress a pu consulter, même la préfecture du Loiret reconnaît qu’il est impossible de renvoyer le pauvre Abel en Algérie. « Malgré de nombreuses relances de la part de mes services auprès des autorités algériennes, je n’ai pu obtenir la reconnaissance consulaire de l’intéressé » écrit le dir cab.

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    // / Crédits : DR

    Rebelote en février 2016, où la préf déconseille carrément le placement en rétention du jeune mec suite à son interpellation par la police d’Orléans. « Toute mesure administrative serait inefficace » aurait expliqué la préfecture à l’OPJ qui s’est occupé d’Abel en garde-à-vue. « On est dans un système hypocrite. La préfecture sait que son expulsion a très peu de chance d’aboutir mais elle le fait quand même » s’insurge son avocat, Maitre Silva :

    « On espère peut-être qu’il s’use et qu’il parte dans un autre pays de l’Union Européenne. »

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    // / Crédits : DR

    Pour l’heure, Maître Silva essaie surtout de faire reconnaître son client comme apatride par l’OFPRA :

    « Ils ont l’habitude des cas comme celui-là. La priorité c’est qu’il obtienne des papiers d’identité. »

    Contactée par StreetPress, la préfecture du Loiret n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.

    (*) Le prénom a été modifié

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