Avenue de la République, Paris 11ème – « Je m’appelle Nizar, ça veut dire “Lion” en soudanais », lance un jeune homme assis à la table, polo bleu ciel et grand sourire sur le visage. « C’est super classe, ça ! » répond d’un ton jovial Johanna, la coach. Ce soir, ils sont neuf réfugiés assis en cercle dans cette salle de classe de l’ESCP (École Supérieure de Commerce Paris). Six viennent du Soudan, deux de Russie et un d’Iran. L’atelier est organisée par Wintegreat, une asso’ montée par des étudiants de l’ESCP et de Sciences Po. Marguerite explique le projet :
« Wintegreat a été lancé début 2016 pour venir en aide à des réfugiés politiques. 44 personnes ont suivi le programme cette année. On vise les 100 étudiants à la rentrée prochaine. »
Au programme : des cours de français, d’anglais, mais aussi du coaching pour braver les difficultés d’adaptation et les démarches administratives. Le but de l’asso est d’aider les réfugiés qui le souhaitent à reprendre leurs études ou à trouver du travail. La jeune femme aux cheveux frisés de préciser :
« Cette année, 16 participants ont obtenu un certificat d’étude qui atteste de leur assiduité aux 21h de cours par semaine. »
Un atelier organisé par Wintergreat / Crédits : François Rieux
Des ateliers pour s’améliorer en Français
Ce lundi 4 juillet, le module est animé par Coach Around The World, une entreprise partenaire de l’asso. L’objectif du jour : braver sa peur de parler français en public. « Si tu ne parles pas français en France, tu es le seul perdant », lance avec conviction Abualgacem. Il vient du Soudan où il a passé une licence en électrotechnique. C’est la guerre qui l’a forcé à l’exil. Il aimerait devenir ingénieur. Durant l’atelier, il est pourtant le plus réservé.
Parmi les exercices proposés : du découpage et du collage. Chacun prend un feutre ou un stylo, s’arme d’une paire de ciseaux et d’un tube de colle. « Avant dans mon pays, il y avait des arbres, des animaux, beaucoup de joie », raconte Abualgacem :
« Puis la guerre est arrivée. »
Atelier découpage / Crédits : François Rieux
La feuille qu’il tient entre ses mains appuie son témoignage. Au feutre vert et mauve, le jeune homme a dessiné son village avant que la guerre ne le ravage. L’atelier permet à chacun de raconter son histoire ou ses envies. Ces échanges se font dans un premier temps dans leur langue maternelle puis en français. Les coachs gèrent les échanges, filent des astuces et du vocabulaire.
« La France nous protège mon mari et moi. C’est normal d’apprendre à parler la langue pour pouvoir vivre ici », explique Maryam. Cela fait trois ans que la jeune femme blonde vit en France. Elle maîtrise le français à la perfection, et rougit à chaque fois qu’on la félicite. La jeune femme a quitté la Russie avec son mari. Là-bas, elle était juriste. En ce moment, elle cherche du boulot.
Le programme fonctionne
On retrouve Fadi, l’un des 16 élèves certifiés par Wintegreat, en face de la Grande Hall de la Vilette (19e). Ce réfugié libyen est arrivé sur Paris fin 2015 après être passé par la jungle de Calais. Début 2016, il rencontre Eymeric, étudiant et créateur de Wintegreat, dans un centre d’hébergement:
« Il m’a parlé du programme et de la possibilité d’apprendre le français pour faire des études ou décrocher du travail. J’ai trouvé ça super ! »
Fadi a t-il pris son maillot de bain ? / Crédits : François Rieux
Fadi est ingénieur en pétrochimie. La barrière linguistique l’empêche de trouver du travail dans sa branche. A 25 ans, le jeune homme décide de reprendre des études :
« Au départ, j’étais intéressé par les sciences politiques mais je n’arrivais à comprendre les cours à cause de mon niveau de français. Alors, j’ai abandonné. »
Finalement, Fadi se réoriente. En décembre, il devrait intègrer une licence en Langues étrangères appliquées (LEA) à Paris 8 :
« J’ai passé des examens de français obligatoires pour y rentrer. Ça s’est bien passé, plus à l’oral qu’à l’écrit. Ça devrait le faire ! »
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