« Je suis retourné vivre temporairement chez ma mère dans le 19e arrondissement, parce que le 18e m’a gavé. Ça se boboïsait trop », lance Stéphane Soo Mongo, acteur du film à succès de l’année 1999 Le ciel, les oiseaux et … ta mère !
StreetPress le retrouve à Place des fêtes, le quartier de Paris où il a grandi. Cigarette électronique au bec, il désigne du doigt la rue des Lilas :
« C’est là que j’allais à l’école. »
A 37 ans, le comédien vit entre son domicile de toujours et Nice où se tourne Section de recherches, la série policière de TF1 dans laquelle il interprète l’adjudant Alexandre Sainte-Rose.
Film préféré de la France « black-blanc-beur »
Avec Jamel Debbouze, Lorànt Deutsch et Julien Courbey, Stéphane Soo Mongo formait le quatuor « black-blanc-beur » du Ciel, les oiseaux et… ta mère ! Sorti juste après la Coupe du Monde 98, en pleine jamelmania, le film est un carton avec 1.200.000 entrées.
Bande Annonce Le petit monde de Jamel
Le pitch de cette comédie potache : 4 copains d’une cité de banlieue parisienne débarquent en vacances à Biarritz où rien ne se passe comme prévu. La petite bande s’embrouille à tout-va tandis que le héros, incarné par Jamel, tombe amoureux d’une juive des beaux quartiers. « Il y a peut-être quelques vannes surannées mais l’histoire est encore d’actualité », juge aujourd’hui Stéphane Soo Mongo, qui ajoute.
« Ce film parle de la lutte des classes et des clichés sur les juifs. 20 ans après, rien n’a changé. Il y a même des attentats. »
Des comédies potaches au ciné indépendant
Le ciel, les oiseaux et… ta mère ! signe les débuts au cinéma de Jamel Debbouze et Lorànt Deutsch. Le film lance aussi la carrière du réalisateur Djamel Bensalah, qui fera par la suite Le Raid, Il était une fois dans l’Oued ou encore Neuilly sa mère !
Et Stéphane Soo Mongo ? « Après avoir bossé avec Jamel Debbouze, tous les autres tournages m’ont paru faciles. Sur le plateau, il improvise tellement que c’est impossible de rester concentré », relate l’acteur au tempérament discret. De la petite bande, il a longtemps été proche de Julien Courbey, qui l’a initié au jazz. Mais des autres, il n’a pas de nouvelles :
« C’est un peu comme en colonie de vacances : on dit que l’on va se revoir mais en fait non. »
Par la suite, il obtient plusieurs petits rôles dans les autres comédies de son pote Bensalah, rencontré dans les années 1990 sur le tournage d’un épisode de… Navarro ! Mais le long-métrage dont il est le plus fier, c’est Rengaine de l’artiste tout-terrain Rachid Djaïdani, dans lequel il interprète le premier rôle. Cette histoire d’amour narre les tribulations d’un noir et d’une arabe qui veulent se marier malgré les réticences de leur famille. Le film est un succès critique et s’invite au festival de Cannes 2012 pour la Quinzaine des réalisateurs.
Stéphane Soo Mongo garde un souvenir exalté du tournage de cet ovni, tourné caméra à l’épaule et qui a mis 9 ans avant d’être terminé :
« On sa baladait des heures dans les rues de Paris et on improvisait des scènes avec les gens qu’on accostait. Le film s’est construit comme ça. »
Sa rencontre avec Rachid Djaïdani semble elle-même tirée du long-métrage. Au début des années 2000, Soo Mongo descend de son immeuble et tombe sur le réalisateur fantasque en train de déménager. Il n’en fallait pas plus pour qu’ils deviennent copains comme cochons.
« Je suis retourné vivre temporairement chez ma mère dans 19e arrondissement parce que le 18e m’a gavé. Ça se boboïsait trop » / Crédits : Pierre Gautheron
Vu à la télé
Dans sa veste passe-partout, Stéphane Soo Mongo se marre lorsqu’il évoque son dernier tournage : Apnée, une production indépendante dans laquelle il partage l’affiche avec une troupe de théâtre farfelue.
« J’ai une scène face à un acteur qui s’étale ses excréments sur le corps ! J’ai vomi tellement l’odeur était forte ! »
A côté de ces « films labo » comme il les appelle, l’acteur gagne sa croûte en faisant des apparitions dans des séries TV. Commissaire Moulin, Quai n°1, PJ, Avocats et Associés*… Stéphane les a presque toutes faites. Avec une ligne de prestige dans son CV : un petit rôle dans la série culte Les Sopranos, lors d’un épisode tourné à Paris. « Je sais que beaucoup d’acteurs sont jaloux de moi à cause ça ! Le pire, c’est que je n’avais jamais regardé un épisode », s’amuse celui qui a donné a réplique à Eddie Falco.
Depuis presque deux ans, il a un rôle récurent dans la série policière à succès Section de recherches, diffusée sur TF1. « Être un acteur d’origine africaine sur la 1ère chaîne du pays, c’est un forme d’engagement », développe le Parisien qui a été élevé par sa mère, une coiffeuse camerounaise à la tête du salon Harlem Beauties à République. Il ajoute :
« Mon personnage est dans la série pour des questions de quotas mais j’ai insisté pour qu’il ne s’appelle pas Karim, ni n’ait quatre frères et sœurs ! »
Stéphane Soo Mongo ne se dit pas militant pour autant. Il se tient à distance de la polémique sur l’absence d’acteurs noirs aux derniers Césars. Il regarde d’un œil circonspect les agences de casting réservées aux comédiens afro et qui entendent lutter ainsi contre les discriminations. « Ces débats, ce sont des marronniers. A chaque fois que je fais une interview, on me parle de ça. Ça me gêne », élude-t-il.
Grâce à TF1, Soo Mongo gagne enfin un salaire confortable et reçoit même des lettres d’admiratrices. « Le plus souvent, ce sont des femmes d’un certain âge qui m’écrivent. Je réponds toujours en envoyant une photo dédicacée », sourit-il. Section de recherches lui a aussi permis aussi de passer quelques bonnes soirées avec Jean-Pascal, de la Star Academy, avec qui il a joué pendant une saison. « C’est un type vraiment sympa avec qui tu peux à refaire le monde. »
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