Bonnet et capuche sur la tête, barbe fournie, “Hugo chante”:https://www.facebook.com/Hugo-Barriol-169054589876914/?fref=ts depuis plus de deux heures dans les couloirs du métro Pigalle. Entre deux vagues de voyageurs, certains s’arrêtent quelques minutes, laissent un sourire ou une pièce. Grâce à ses sons pop-folk, chantés en anglais, il a été élu meilleur chanteur du métro parisien.
Il ne s'arrête jamais /
Metro Music Awards
C’est la première édition de cette cérémonie à laquelle ont participé une petite centaine de candidats. A la tête du projet, Guillaume Louis, un community manager qui a créé il y a quelques années la page Facebook Musique du métro parisien suivie par quelques 7 000 personnes. Dessus sont publiées quasiment tous les jours des vidéos mettant en scène les artistes qui œuvrent dans les couloirs du métro.
Au téléphone, Guillaume détaille :
« Le but c’est d’encourager et de mettre en avant des personnes qui ont énormément de talent et qui restent inconnues »
C’est dans le même esprit qu’il lance la cérémonie des Awards. Entièrement digitale, elle se déroule du 24 janvier au 9 février. Conditions de candidature : être accrédité par la RATP et avoir au moins une vidéo récente d’illustration. L’opération est un succès : 33.000 votants au total.
Un engouement qui a surpris Hugo. Installé, après sa session, dans un petit café à deux pas de La Cigale, il raconte :
« J’ai partagé le lien du vote deux ou trois jours après tout le monde, du coup j’avais pas mal de retard sur les autres candidats. Et puis d’un coup, j’ai rien compris, ça a commencé à monter : 200, 400, 800 et ainsi de suite ! »
La zic’ dans le sang
Hugo baigne dans la musique depuis tout gamin. Originaire de Saint-Etienne, son père avait un groupe. Mais c’est surtout chez ses grands-parents qu’il se prend de passion pour la musique. Il passe son temps sur leur batterie, à l’arrache d’abord, puis il prend des cours pour réellement progresser.
A 18 piges, il quitte Saint Etienne pour Lyon où il poursuit ses études de vente. Là-bas, il monte un groupe avec ses potes et font quelques concerts dans les bars lyonnais. Il développe ses compétences au fur et à mesure en écrivant ses propres textes, commence la guitare et le chant.
Avec l’idée de faire une école de comédie, il monte sur Paname. Cette école, il la lâche rapidement car trop chère. Changement de projet :
« A ce moment, j’ai commencé à bosser comme serveur. Puis avec mon meilleur pote, on s’est décidé à partir en Australie pour un an. »
Comme des milliers d’autres jeunes français, son expérience dans la restauration en plus, il espère trouver un boulot comme serveur. Mais rien :
« Heureusement que j’avais emmené ma guitare. Des potes rencontrés dans les auberges de jeunesse m’ont convaincu d’aller jouer dans le métro de Sydney. Ils étaient persuadés qu’il y avait moyen de se faire un peu de maille. Et ça a pas mal marché ! »
Carrière dans les couloirs du métro
(img) Le pass musicos de la RATP
Après 9 mois sur place, il rentre sur Paname avec « la volonté de faire bouger les choses ». On lui parle des auditions qu’organise la RATP pour sélectionner les artistes autorisés à se produire dans les souterrains de la capitale :
« Jouer à Sydney m’a bien plu. Du coup j’ai foncé. Je me suis retrouvé à devoir chanter deux chansons devant un jury composé de types du service Musique de la RATP et des usagers volontaires. »
C’est devenu son boulot à temps plein. Tous les mois, il parvient à gagner au minimum 800 euros, « de quoi payer mon appart et ma bouffe ». Il obtient sa carte fin 2014, sésame obligatoire pour éviter de se faire dégager par les contrôleurs qui vérifient en permanence. Cette carte doit être renouvelée tous les 6 mois en échange de 15 balles. Une somme qu’il n’aura pas à débourser cette fois ci : son titre de meilleur chanteur l’exempte de cette dépense.
En attendant la gloire
En plus des 15 euros gracieusement offerts par la RATP, il a gagné en visibilité : le nombre de likes sur sa page Facebook s’est envolé. Sans parler des interviews. Le début de la gloire ? Il rigole :
« C’est vrai que ce serait cool de commencer à faire plus de concerts. Pourquoi pas même une tournée ? Mais d’ici là, il y a encore pas mal de temps je pense. Je commence quand même à faire quelques dates. J’étais au Bus Palladium à l’occasion d’une scène partagée il y a quelques semaines, par exemple »
Pas question pour autant de quitter les souterrains de Paname :
« Les deux m’apportent quelque chose de positif. Les concerts, c’est cool. Les gens sont là pour t’écouter, t’as pas tout le brouhaha du métro. Après ça laisse peu de temps d’expression. Dans les couloirs, pendant 4 – 5 heures par jour, je suis peinard. C’est un bon entrainement. »
En attendant, il sort bientôt son premier EP enregistré chez un producteur indépendant. Il l’a justement rencontré dans les couloirs du métro en avril dernier.
Hugo sort bientôt son premier EP enregistré chez un producteur indépendant /
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER