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    10/02/2016

    La marque ouvre bientôt une boutique à Paris

    Le petit business des revendeurs de sapes Supreme

    Par Lucas Chedeville , Thibaud Delavigne

    C'est l'événement pour les amateurs de streetwear : en février, Supreme ouvre son premier shop à Paris. Jusqu'à présent pas de boutique en France mais un marché parallèle bien organisé. Rencontre avec ces dealers de casquettes.

    Paris, 20 rue Barbette – Sur la devanture de la boutique encore en travaux, un graff barré d’une punchline : « Je pense à rien, je rêve de tout ». C’est ici que doit ouvrir courant février la première boutique française Supreme. Aucune date officielle, la marque de fringue cultive le secret. Mais les « resellers » – le terme employé par les initiés pour parler des revendeurs sur le marché parallèle – sont déjà dans les starting-blocks.

    Supreme c’est la success-story du streetwear new-yorkais. Lancée en 1994 par James Jebbia, la griffe de skate s’est taillée la part du lion du rap jusque dans le showbiz. La marque a aussi construit son succès sur la rareté de ses produits : des collections en série limitée, dont les prix au marché noir explosent. Un pull modèle « Supreme Snakeskin box logo », vendu 44 dollars en boutique, peut partir jusqu’à 550 dollars sur le net. Enquête sur un petit business parallèle.

    Les acheteurs

    Mathieu*, lycéen de 17 ans, est déjà sur les rangs pour le grand jour :

    « Sur Instagram, j’ai vu passer une annonce pour camper devant la boutique. 100 € pour à peine quelques heures, c’est quand même pas négligeable. »

    Son futur job : faire la queue pendant des heures, les jeudi, jour de « drop », réapprovisionnement de la boutique, avec 400 à 500 euros en poche, filés par son employeur :

    « Je ne sais pas trop comment ça va se passer. A priori la marque contrôle pas mal. S’ils voient que tu achètes 10 fois le même Tee-shirt, t’es cramé. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/supreme_boutique.jpg

    La future boutique Supreme /

    Il refilera ensuite la came au « reseller », qui se charge de la revente. Jusqu’à l’ouverture de la boutique parisienne, deux solutions pour s’approvisionner :

    - Commander sur le site officiel de la marque, mais ce n’est pas chose facile. A chaque restockage, les fringues s’arrachent en quelques minutes voire quelques secondes.

    - Prendre l’avion, direction les Etats-Unis, le Japon ou l’Angleterre pour s’approvisionner en boutique. Vincent est allé il y a quelques années dans la boutique historique, sur Lafayette Street à New York. Avec ses potes, ils sont restés plus de quatre heures à faire la queue :

    « C’est un truc de malade, il y a du monde fou. Faut vraiment que tu sois patient ! »

    Finalement, il a été un peu déçu : la boutique est très épurée et peu de fringues sont en vente.

    Les revendeurs

    Le petit business de la revente des fringues Supreme est bien rodé. Si on trouve bien quelques produits sur Ebay, le gros des deals se fait sur des pages Instagram et des groupes Facebook dédiés. Anthony, 23 ans, est un des 6 administrateurs de « Supreme FRANCE Buy/Trade », le principal groupe dans l’hexagone. Créé il y a un peu plus de trois ans, il totalise près de 7.500 membres. « Une vingtaine d’annonces sont postées chaque jour et on a 400 demandes d’ajout à traiter », explique-t-il.

    La page sert de relais entre acheteurs et vendeurs, sans que les administrateurs ne touchent de pourcentage sur les ventes :

    « On fait ça par passion pour la marque. On veut montrer que, comme aux States ou ailleurs, il y a une vraie communauté Supreme en France. »

    En plus d’être admin de la page, Anthony vend un peu. Il chope les produits auprès « de sources un peu partout en Europe qui me permettent de payer moins cher. Je sais où chercher et à qui demander » :

    « Par exemple, je viens d’acheter un pull Box Logo. Il m’a coûté 177€ frais de ports compris. En 3h, il partait à 400 balles. »

    Anthony n’est pas un gros « reseller ». Il assure faire entre 200 et 400 euros de bénéf’ par mois. Mais certains gagneraient jusqu’à 1.000 euros par mois grâce à ce business.

    Il faut dire que les prix sont élevés. Un basique, comme le Tee-shirt « Box Logo » classique vendu une cinquantaine d’euros en boutique ne se déniche pas à moins de 120 sur le net. Certaines pièces plus rares comme la parka North Face x Supreme de 2012 part à 800 dollars.

    Les fans

    Pour autant, pas de quoi effrayer les acheteurs. Anthony annonce même être prêt à dépenser jusqu’à 400 euros pour un produit « qui vaut vraiment le coup ». Le marketing de la marque est bien huilé : « Supreme ce n’est pas que des fringues. Il y a tout un univers derrière », détaille Anthony. Vincent, lycéen, est un autre accro. Il traîne souvent sur les groupes à la recherche d’une pépite :

    « Graphiquement c’est canon. C’est un mélange de plein de cultures différentes, entre le skate et le hip-hop. Et puis quand tu vois un type comme Kanye West ou une autre star porter leurs fringues, ça donne envie. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/supreme_pap.jpg

    Tout le monde n'est pas A$ap / Crédits : Thibaud Delavigne

    Contrefaçons

    Ce commerce souterrain amène avec lui son lot de faux produits. Mathieu, le futur campeur de la rue Barbette, avoue n’avoir jamais acheté sur Facebook en raison de ce risque :

    « Surtout en fin de saison comme en ce moment, les fabricants de contrefaçons ont eu le temps de faire des copies parfaites. Ça me fait un peu peur d’acheter à des gens que je ne connais pas. »

    Pour éviter de se faire avoir, on trouve sur le groupe Facebook un « Legit Check », une liste de point de contrôle pour détecter les contrefaçons. Anthony, détaille :

    « C’est surtout les faux Tee-shirt qui tournent, c’est les plus faciles à reproduire. En tant qu’admin, on essaye d’être vigilant, mais parfois il y en a qui passent entre les mailles du filet… »

    Contactée à plusieurs reprises par StreetPress, la direction de Supreme n’a pas répondu à nos demandes d’interviews.

    *Le nom a été modifié à sa demande.

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