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    05/06/2015

    Le 18e arrondissement est devenu le rendez-vous des demandeurs d’asile

    Après l’évacuation du camp de la Chapelle, migrants et policiers jouent à cache-cache

    Par Tomas Statius

    Evacués mardi du campement de la Chapelle, les migrants reviennent inlassablement dans le quartier. Ce vendredi, la police les a délogés du square de l’Eglise Saint-Bernard. Après les avoir rassemblés, les CRS leur ont simplement… fait prendre le métro.

    Paris 18e, boulevard de La Chapelle – « Ils les lâchent dans le métro ? C’est pas vrai… » s’exclame une habitante, près du square Saint-Bernard dans le 18e arrondissement. Après avoir délogé la centaine de migrants qui dormaient devant l’église Saint-Bernard dans le quartier de la Goutte d’Or, les CRS les escortent… à l’entrée du métro La Chapelle. 10 fourgons de CRS et 5 camionnettes de la gendarmerie sont garées aux quatre coins du carrefour. Bloqués par les forces de l’ordre, une centaine de badauds s’étonnent de la scène. Denis, membre du collectif des sans-voix :

    « Les flics leur ont dit de renter chez eux. Ils croient quoi !? Qu’ils habitent dans le 16e ? »

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    Les flics parquent les migrants à côté de la station La Chapelle / Crédits : Tomas Statius

    Crâne luisant, gros anneau à l’oreille, ce vieux routier du militantisme a même tenté la chaine humaine pour bloquer les CRS. Sans succès.

    Migrants et policiers jouent à cache-cache

    Depuis mardi, les 350 migrants qui squattaient le terre-plein de la Chapelle enchaînent les galères. Après avoir été délogés aux aurores de leur camp sous le métro aérien, ils ont été dispersés vers Nanterre, Cergy, Aulnay-Sous-Bois, Pontoise, Brétigny-sur-Orge ou encore Courcouronnes, aux 4 coins de la région. Les abords du camp de la Chapelle ont été grillagés, avec interdiction de s’y réinstaller.

    Mais après leur nuit d’hébergement assurée par la préfecture, rapidement, les migrants reviennent dans le quartier. Mercredi soir, plusieurs dizaines dormaient déjà dans la salle municipale Saint Bruno, avant de quitter les lieux le lendemain matin. Direction le square Saint-Bernard, à quelques mètres de là. Là, le groupe s’est largement reformé : ils sont une centaine, jeudi matin, dans le jardin.

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    Dans la station La Chapelle, un migrant brandit un tract / Crédits : Tomas Statius


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    Pendant son interpellation, ce migrant a la rage / Crédits : Tomas Statius

    Ce vendredi, un mot d’ordre de rassemblement circulait entre migrants et collectifs militants pour se retrouver devant l’église Saint-Bernard. Le lieu est symbolique : c’est là que plusieurs centaines de sans-papiers avaient campé de juin à août 1996, provoquant des manifs monstre de soutien et la panique du gouvernement Juppé.

    Alors que les migrants convergeaient vers l’église, la présence policière s’est faite de plus en plus imposante : « On sentait que quelque chose allait bouger » raconte cet employé d’une asso de quartier joint par StreetPress. Face au risque d’un nouveau regroupement massif, les forces de police décident de disperser les manifestants.

    Denis explique :

    « Ils font ça pour désorganiser les migrants. Pour qu’ils ne se regroupent pas ! »

    Police partout, ticket nulle part

    A 15 h 30, les grandes manœuvres commencent. Après avoir bloqué les rues autour de l’église Saint-Bernard, les forces de police regroupent les migrants. Ils les emmènent ensuite aux abords du métro aérien puis les font entrer de force dans l’enceinte de la station La Chapelle, par petits groupes de 3 sous forte escorte policière. Certains brandissent un tract imprimés sur feuille A3 sur lequel on peut lire : « Nous sommes des demandeurs d’asile, nous voulons que nos droits soient respectés. » Après avoir passé le tourniquet, certains embarquent vers une destination inconnue… sans qu’on leur ait laissé le temps de valider leur titre de transport.

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