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    30/12/2014

    « C'est vrai que je me sens un peu comme un dinosaure. »

    Qui utilise encore les cabines téléphoniques ?

    Par Louise Pinton

    Altermondialiste, Africain, touriste ou en rade de portable : on a tapé la discute avec les derniers utilisateurs de cabines téléphoniques, en attendant leur disparition programmée.

    Réduire le nombre de cabines téléphoniques à 40, pour tout Paris. C’est l’objectif de France Télécom qui « considère qu’elles ne servent pas assez et coûtent trop cher à entretenir », rapportait en 2012 Le Parisien. D’ailleurs si l’entreprise en garde quelques une, c’est simplement pour se conformer à sa mission de service public qui impose deux cabines par ville de plus de 2.000 habitants (ou par arrondissement donc).

    Quelques cabines fonctionnent encore et sont utilisées. StreetPress a mené son enquête et est parti à la rencontre de ces espèces rares.

    1 %(upper)L’altermondialiste %

    Clément, 28 ans, est ingé-son, il « essaye de lutter contre la société de consommation »

    Où ? Gare du Nord, Paris 10.

    Qui a t-il appelé ? Une copine qui va l’héberger quelques jours. Le lillois a son numéro dans un petit répertoire (couleur) qu’il garde toujours avec lui.

    Pourquoi a t-il utilisé une cabine ? Il y a quatre ans, Clément est parti faire le tour du monde sans téléphone portable. En rentrant en France, il a décidé qu’il n’en reprendrait pas. Pour lui, c’est une action politique de dire non aux portables. « Pour moi c’est une dictature », dit-il en désignant une pub pour l’iPhone 6, qui défile sur un panneau publicitaire à côté. Il n’a pas non plus de Facebook.

    2 %(upper)L’Africain %

    Charles, 40 ans, vendeur

    Où ? Rue des Pyrénées, Paris 20. Il utilise toujours la même cabine, la plus proche de son domicile. La disparition progressive des cabines l’oblige à faire un peu de route :

    « Avant, y en avait d’autres juste en bas de chez moi. Mais ils les ont toutes enlevées et je suis obligée de descendre la rue pour téléphoner, si ça se trouve ils vont encore enlever celle-là aussi. »

    Qui a t-il appelé ? Sa famille, en Afrique. Il a appelé trois personnes différentes pendant presque 20minutes au total.

    Pourquoi a t-il utilisé une cabine ? Charles, en France depuis dix ans, reste proche de sa famille en Afrique qu’il appelle en moyenne cinq fois par semaine. La cabine c’est pour faire des économies :

    « J’ai un portable mais la cabine c’est moins cher. La carte téléphonique ça coûte sept euros et ça me permet de téléphoner environ 40minutes »

    3 %(upper)La touriste %

    Christina, 25 ans, étudiante colombienne en vacances en France

    Où ? Dans le Marais, Paris 4

    Qui a t-elle appelé ? Sa sœur, qui habite et travaille à Paris.

    Pourquoi a t-elle utilisé une cabine ? Christina vient passer trois semaines de vacances en France, sans son portable. Pour s’organiser avec sa sœur, elle utilise les cabines. Mais c’est pas toujours simple car il n’y en a pas beaucoup, alors parfois elle doit marcher longtemps avant d’en trouver une, ce qui au départ a surpris la colombienne :

    « Chez moi, il y a pas mal de cabines téléphoniques. Il y a aussi des personnes dans la rue qui proposent de téléphoner avec leur portable contre un peu de sous »

    Elle comprend que les Parisiens n’aient pas besoin d’utiliser les cabines, « mais la France est un des pays les plus touristiques, alors il faut penser aux touristes ».

    4 %(upper)Le dinosaure %

    Serge, 72 ans, retraité

    Où ? Rue Monge, Paris 5. Il utilise souvent cette cabine, qui est dans son quartier, ou une autre près de Montparnasse où il va souvent.

    Qui a t-il appelé ? Aujourd’hui c’était sa sœur. Il utilise les cabines pour plein d’occasions: appeler ses proches, mais aussi pour faire des réservations de spectacles. Pour lui, la cabine est un service public qui doit être maintenu.

    Pourquoi a t-il utilisé la cabine ? Cigare au bec, Serge explique qu’il n’a jamais eu de téléphone portable. Alors quand il est à l’extérieur, plutôt que d’attendre d’être rentré à la maison il utilise une cabine :

    « C’est vrai que je me sens un peu comme un dinosaure. »

    Les cabines téléphoniques lui suffisent, même s’il sait que les jeunes ne s’en servent jamais, « sauf pour faire des tags parfois ». Ces cabines qui disparaissent, « ça représente peut être la fin d’une génération » philosophe t-il.

    5 %(upper)La connectée déconnectée %

    Adèle, 36 ans, consultante

    Où ? Sur le Boulevard Saint-Antoine, Paris 12

    Qui a t-elle appelé ? Son mec. Elle s’en est aussi servie cette semaine pour appeler des copines et sa mère.

    Pourquoi a t-elle utilisé une cabine téléphonique ? Adèle vient de se payer l’Iphone 6 mais lorsqu’elle l’a reçu, l’écran lui semblait jaune:

    « J’ai donc décidé de le renvoyer pour en avoir un autre. Mais en attendant, j’ai plus de téléphone. »

    Adèle a donc acheté une carte téléphonique :

    « Plus grand monde se sert des cabines, à part les SDF pour y dormir. Ca me dépanne mais j’avoue que c’est un peu galère : une sur deux est hors service, et celles qui fonctionnent sont crades. »

    Après avoir téléphoné, Adèle s’empresse de sortir son petit gel antibactérien pour se nettoyer les mains.

    6 %(upper) En bonus : La sans-parapluie %

    Claude, 56 ans, secrétaire

    Où ? Boulevard Saint-Germain, Paris 6

    Qui a t-elle appelé ? Un ami qu’elle doit retrouver pour aller dîner.

    Pourquoi était elle dans une cabine ? Il pleut. Elle n’a pas utilisé le téléphone de la cabine… mais son téléphone portable. La cabine c’est histoire d’être au sec.

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