En ce moment

    04/11/2014

    On a demandé au reggaeman ce qu’il foutait là

    Pierpoljak, ses frasques et ses souvenirs de Kingston

    Par Robin D'Angelo

    De ses enregistrements à Kingston à ses problèmes de drogue et passant par une sombre histoire de machette, Pierpoljak revient sur une vie bien remplie. Il fera un comeback à la rentrée 2015 avec un nouvel album.

    « Ma coupe ? Bah on va dire que j’ai une espèce de touffe mi-longue et frisée avec quelques boules de cheveux dedans », décrit Pierpoljak, le rasta blanc le plus connu de la chanson française. StreetPress lui passe un coup de fil alors qu’il est en pleine préparation de son futur album dans les environs de La Rochelle, sa ville d’adoption.

    A 50 ans, Pierpoljak n’a jamais raccroché le mic et continue de donner des concerts régulièrement. Le week-end du 1er novembre, il était dans le Loiret pour une grande reggae night à Fontenay-sur-Loing, en attendant de s’envoler pour Abidjan où il doit aussi se produire. Barbe poivre et sel et dorénavant grand-père, le reggaeman peut toujours compter sur sa fanbase :

    « Les gens viennent pour les classiques. J’ai essayé d’arrêter de les jouer mais ça ne fonctionnait pas.»

    Paris-Kingston

    Pierpoljak aura marqué les années Charly et Lulu avec son album Kingston Karma vendu à plus de 350.000 exemplaires.

    (img) Pierpoljak n’a plus rien d’un rasta blanc mini-pierpoljak.jpg

    Dessus, deux hits incontournables : « Qu’est-ce que tu fais là » et « J’sais pas jouer ». « Ma victoire de la musique ? Elle doit être chez ma mère dans un carton ! » se poile aujourd’hui l’intéressé.

    Son succès, il le doit en partie à Clive Hunt, producteur de tout ce que le reggae jamaïcain compte de superstars. Pierpoljak se souvient :

    « A l’époque, Clive Hunt venait relever les compteurs chez Barclays parce qu’il avait fait Tempo Harmony avec Bernard Lavilliers. Barclays voulait son avis sur ce blanc aux cheveux courts qui faisait du reggae. Il est venu me voir le jour-même, je me souviens que j’étais en répète à Vitry ! »

    La belle histoire se poursuit à Kingston, Jamaïque. Du temps de ce qu’il appelle son « big time », Pierpoljak enregistre 5 albums au mythique studio Tuff Gong, patrimoine de la Marley family. Et de l’autre côté de l’Atlantique, les galettes du rasta de la Nièvre arrivent à point nommé, après les succès de Tonton David et des Raggasonics.

    Machette, héroïne et droits d’auteurs

    Sauf que la carrière de Pierpoljak prend rapidement des airs de bong mal dosé. En cause, une grosse capacité à foutre le bordel en backstage partout où il passe. Point culminant de ce grand n’importe quoi, un concert où Pierpoljak aurait sorti une machette pour attaquer un spectateur à la sortie des arènes de Fréjus. « Déjà, ce n’est pas moi qui avait la machette. Mais effectivement, il y a eu une histoire de machette aux arènes de Fréjus », reconnait-il, relax au téléphone. Puis Pierpoljak fait ce qui s’apparente à un mea culpa :

    « Je suis fou. Il n’y a pas de doute là-dessus et je le reconnais. Mais après les journalistes s’enflamment, ils ont une vision romanesque du truc. Bon, ils n’ont peut-être pas tort à chaque fois … »

    Plus grave, Pierpoljak tombe à pieds joints dans la drogue. Il multiplie les séjours à l’hôpital à cause d’une succession de pneumothorax, un truc assez sale qui peut être déclenché par de la fumette intensive. C’est que Pierrot le Fou s’en met plein le cornet :

    « Moi j’ai gouté toutes les guedro. L’héroïne aussi. Par contre, je ne me suis jamais fait de trou. Je la mettais un peu dans mon nez, mais je l’ai surtout fumée. Mais rapidement, tu te fais rattraper par le côté merdique. J’ai tout le temps eu une faiblesse pour ça. »

    Galère toujours, il veut sortir un album en 2007 mais sa maison de disque Barclays lui interdit d’utiliser le nom de Pierpoljak. L’album sortira sur un label allemand sous le pseudo de Pekah. Mais le skeud est finalement retiré des bacs pour des embrouilles de droits d’auteur.

    La musique dans la peau

    Aujourd’hui, Pierpoljak ne touche plus à la drogue. Sauf à la weed, évidemment !


    Vidéo Le clip de “J’sais pas jouer” (1997)

    Dans son dernier clip « Pour moi c’est déjà légalisé », on le voit jouer à cache-cache dans une immense plantation de marijuana . « On n’a pas eu de problème avec la police mais ils nous ont mis une interdiction pour les moins de 18 ans sur YouTube ! » s’amuse le jardinier du dimanche.

    Pierpoljak a fondé son label, Garvey Drive Records, un clin d’œil à l’adresse à Kingston du mythique studio Tuff Gong. Pour le moment, il est le seul artiste signé dessus. Son album est annoncé pour février 2015, avant un single qui doit sortir dès le mois de décembre.

    Le reggaeman est un homme occupé. « J’ai plein d’enfants, et mêmes des petits-enfants maintenant », confie le jeune papy, qui côté femmes se présente comme « un multirécidiviste ». D’ailleurs, il n’a même plus le temps de faire du voilier, lui qui avait rejoint La Martinique depuis La Rochelle après ses problèmes de santé :

    « J’en fais pas assez. Je deviens un bouffon du bateau ! Le mien attend quelque part dans un port sur la Méditerranée. »

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER