C’est entendu. Il nous échoie le malin plaisir de recenser et d’instruire les pathologies hétérogènes et hétéroclites de notre temps à la fois au sein du luppen prolétariat somatique que des rejetons des grandes têtes molles qui nous gouvernent par mépris et par défaut depuis la malédiction de 1793.
Qui dit maladie, dit mort. C’est à dire un de ces rares sujets sur lesquels on peut plaisanter sans risquer d’affronter un procès pour diffamation ou dénigrement. Elle nous attend tous de pied ferme à un autre genre de tribunal, le genre où l’on ne peut pas faire appel.
De la théorie de l’évolution au génome
Quelques considérations historiques tout d’abord. A chaque génération son fléau, à chaque symptôme son mal, à chaque troufion sa tranchée, à chaque citoyen son assiette fiscale, à chaque bourse son plaisir, à chaque viande dépressive son adjuvant, à chaque bordel sa pute, à chaque retraite sa maison, à chaque liberté ses moyens, voilà c’est plié.
Si vous pouvez lire ce billet d’humeur c’est que vos ancêtres ont résisté à la Grande peste qui décima un européen sur deux il y a 700 ans, à une époque où faire naître les avortons n’était pas une question d’éthique. Quelle chance, quelle grâce, quel destin que d’être l’élu héritier de la loi d’airain de l’évolution !
Des siècles de rachitisme, de carences, de pathologies lourdes, de maladies endémiques endiguées par les sciences pour que l’enivrant genre humain aboutisse finalement aux démiurges de l’agro-alimentaire, aux forcenés du gain qui trichent avec le vivant. Vaches folles, grippes aviaires, cochons hystériques et moutons schizophrènes sont la consécration symbolique du cancéreux 20ème siècle.
« Un bourgeois, c’est un cochon qui voudrait mourir de vieillesse » Léon Bloy
Le XXe siècle est celui de l’addition des addictions, de la grande ardoise. Payes tes excès! Après tout n’a-t-on pas la maladie qu’on mérite?
Le monde occidental né de la révolution industrielle et nourri aux pis arides du capitalisme et du protestantisme ne pouvait accoucher d’une plus sublime pathologie somatique que le cancer. Maladie réservée à la bourgeoisie d’autrefois, elle est désormais par le truchement de la publicité et du crédit, accessible à qui veut faire de sa vie une litanie obscène de consommations c’est à dire la quasi totalité des terriens.
Par ailleurs, on analyse que le besoin frénétique de s’enrichir est lié à l’angoisse de mort. Le plus on gagne d’argent, le plus on vivra vieux et ses enfants aussi. Le fantasme de repousser sans cesse l’échéance de mort touche nombre de bourgeois à la médecine gérontologique en développement aveugle. Que préférer? Vivre aux grands vents du monde et se rappeler à notre finitude ou survivre comme des petits cochons jouisseurs?
A chacun son cancer
Le cancer c’est quoi? C’est quand une cellule ne veut plus jouer son rôle, ni tenir sa place et nécrose le reste du fonctionnement global.
Cancéreux au maximum et jusqu’au bout des énergies fossiles nées dans la putréfaction des éléments organiques, cancéreux comme certaines gouvernances, cancéreux comme une chaîne alimentaire, cancéreux comme l’excroissance surnuméraire du corps contemporain, cancéreux comme un laboratoire de modernité, bien que cancéreux nous ne sommes pas tous égaux devant le crabe. Je ne fais pas qu’évoquer les coûts des soins grandissant dans un système social voué à la capitalisation privée mais aussi l’aspect qualitatif du cancer. Les cancers des riches les plus généralement observés sont : le cancer des lèvres et du palais (à cause du cigare), le cancer du foie (abus des bonnes tables), le cancer de la prostate (abus de bagatelles avec des filles vénales). Au sein du prolétariat, on observe davantage les cancers suivants : le cancer de la gorge (cigarette), les cancers professionnels ou liés au cadre de vie (amiante, thyroïde), le cancer du colon (à force d’en chier).
Pierre-Jean Doriax en quelques dates
Printemps 1871: Il né au pied des barricades et du Sacré-Coeur accouché par Louise Michel
1899: Il anime des comités pro-dreyfusards au moment où Felix Faure meurt dans la bouche d’Annette Doriax, sa soeur
1905: Première cuite pour fêter la mort de Dieu
1914-1918: Première expérience avec les drogues: L’ECLATE TOTALE !!!
1924: Il oeuvre pour la mission civilisatrice au Maroc avec le commandant Lyautey
6 février 1934: Grosse bagarre contre la 3ème République Place de la Concorde
Août 1944: Grosse baston contre les boches
1954: Dien-Bien-Phû « Je peux avoir plus de riz ?»
1973: Premier choc pétrolier. Pierre-Jean se met au Vélib’
1974: Porte le deuil de Georges Pompidou. Premier bad trip sous LSD
1984: Il entre en dissidence avec Jean-Edern Hallier contre François Mitterand
1989: Il précipite la chute de l’apartheid en épousant une femme noire
2010: Il participe activement au mouvement contre la réforme des retraites à 139 ans
« Le sang du pauvre, c’est l’argent » Léon Bloy
La pauvreté est le cancer de la richesse et inversement car un pauvre qui souhaite s’enrichir plus que mesure cesse immédiatement d’être beau. C’est comme ça. Cette richesse que nous créons et idolâtrons, nous rend malade. En plus de son inégalable pouvoir d’isolement, elle nous fait payer dans notre chaire chacune des destruction-exploitation-pollutions que notre mode de vie engendre, chacun des pillage-engluage-travestissements que nos marchands gouvernants justifient.
Si richesse et cancer sont consubstantiels cela voudrait alors dire que les fils à papa naissent avec les cancers parentaux transmis en même temps que les avantages économiques et sociaux. Quant au fils de rien, il aura les cancers que son non-être et sa seule volonté de gravir les échelons voudront bien lui administrer en échange de cette indicible extraction.
La playlist du billet
Gaston Ouvrart – Je ne suis pas bien portant
Kylie Minogue – I should be so lucky
Ray Ventura et ses collégiens – Tout va très bien madame la Marquise
Serge Lama – Je suis malade
Serge Gainsbourg – Dieu est un fumeur de havanes
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER