Le Crew des Haterz est un peu une « légende urbaine » sur internet. C’est en tout cas ce qu’indique leur description Twitter. La spécialité des petits trublions : clasher le rap game et troller à droite à gauche à coup de montages photoshop et d’illustrations rigolotes. Un humour qui cartonne à en croire leur popularité sur la toile : 30.000 followers sur Twitter et plus de 15.000 fans sur Facebook .
Lancé il y a cinq ans « entre potes », leur compte Twitter a stagné durant presque six mois :
« On était restés personne, parce que on mettait juste de vrais extraits de morceaux de rap pourri. Ça nous faisait beaucoup rire, mais apparemment ça faisait rire personne d’autre… »
Bulletin de Booba Ils commencent alors à se lâcher et à publier plus de vannes. Le coup de maître : la mise en vente sur ebay d’un faux relevé de notes du rappeur Booba. Prix du bulletin fake : $ 92.000 (c’est B2O quand même). « On a été repris par un paquet de médias. Ça nous a permis d’exister. »
Le crew enchaîne les buzz. « Ça a fait effet boule de neige. » En plus de leur Twitter et de leur site, ils montent un petit shop en ligne, collaborent avec des médias comme l’Abcdr du Son ou le magazine des cinémas UGC. Depuis la rentrée, les Haterz travaillent avec Mouloud Achour sur l’émission Clique et ont participé au livre « Putain d’amour », un recueil de poèmes pour la Saint-Valentin. Dernière collaboration en date : la réalisation de la pochette du single « MC Soraal » du rappeur Médine.
Trolls masqués De célèbres… anonymes : leur identité reste totalement inconnue. Combien sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que font-ils ? Personne ne le sait :
« En fait, notre concept de base tourne autour de notre anonymat, on préfère donc faire des interviews par mail ou par téléphone autant que possible… »
Cliquez sur le l’image pour lire le bulletin de B2O.
C’est donc par téléphone – et en numéro masqué – que Street Press a pu discuter avec les Haterz. Ce soir-là, ils sont deux autour du portable en haut-parleur, attablé dans un restaurant. « Mais d’habitude on est plus. Le crew est protéiforme et à géométrie variable. On a des potes qui nous aident de façon épisodique aussi.», explique le duo sans donner plus d’indications. Les deux clowns du webs concèderont toutefois que la moyenne d’âge des Haterz « tourne autour de la trentaine » et que la plupart de leurs acolytes « viennent de banlieue parisienne ».
Interview à prendre au second degré :
Pourquoi cet anonymat à tout prix ?
Pour plein de raisons ! En règle générale c’est super cool de se cacher, d’être anonyme. On peut faire plein de bêtises sans que les gens sachent qui on est. Ça permet de ne pas être pris quand on assume pas une blague. Ça évite aussi que les fans nous attrapent dans la rue et nous demandent des autographes.
Vous n’avez pas plutôt peur qu’on découvre que vous n’avez pas de street créd’ ?
Mais on n’a aucune street cred’. On est des grosses baltringues ! L’idée de départ était de dire tout haut ce que les gens pensaient tout bas. Et c’est plus marrant de laisser le travail parler. Par exemple, quand les gens regardent les Guignols, il s’amusent sans se demander qui est derrière.
Et le nom « Le crew des Haterz », ça vient d’où ?
Quand on a commencé il y a cinq ans, le terme « haters » n’était pas si répandu. Mais ça désignait bien ce qu’on faisait : des haters sont des mecs qui traînent sur internet toute la journée et qui passent leur temps à critiquer les gens. Ça nous correspondait hyper bien.
Et donc le rap français, en règle générale, c’est drôle ?
Le rap, c’est le truc le plus drôle du monde. T’as des mecs de 30 ans qui sont en survet’ et qui critiquent la société. C’est super drôle, non ? Mais on en rigole parce qu’on est avant tout des grands fans de rap français. On a grandi avec, c’est dans notre culture. On estime qu’en tant que consommateurs, on a le droit d’en parler et de critiquer. Et tout ce qu’on dit, on l’assumerait en face à face.
“Les Haterz ont lu la bio de la Fouine.”:http://haterz.fr/2014/01/drole-de-parcours-le-livre-de-la-fouine-les-hommes-mentent-mais-pas-les-chiffres/
Et vous vivez de ça ?
Non non, le bulletin de Booba ne s’est pas vendu. Et ce serait un peu compliqué de joindre les deux bouts. On le fait pour l’amour du lol.
Le shop en ligne à l’air de bien marcher pourtant ?
C’est plus un délire. C’est comme quand tu es avec des potes et que tu te dis « Putain si on faisait un T-shirt avec Tyrion habillé en Michael Jackson » et le mec te répond « Ah ouais ça défonce ! Viens, on le fait ! » C’est vraiment dans cet esprit-là. Maintenant, ce n’est pas encore une multinationale avec des usines et des investissements financiers. On est en train de faire le dernier bilan de la société et c’est compliqué de donner des résultats très poussés. Mais nos best-stellers sont les tasse-P et les bavoirs « le bavoir est une arme ». On en a vendus plusieurs centaines.
Et c’est quoi la suite ?
Comme d’habitude on a plein de projets, mais à chaque fois qu’on en parle, on est comme des cons. Comme les rappeurs français, on dit toujours « On est en studio, mon frère » et ensuite on met dix piges à sortir le truc. Alors on n’annonce plus rien. Mais on aimerait bien faire des choses dans le print.
Shop La tasse-P
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