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    10/12/2010

    Critique : Nowhere Boy de Sam Taylor-Wood

    Par Romain Giuseppone

    La photographe britannique Sam Taylor Wood s'essaie au cinéma et nous livre un biopic émouvant mais beaucoup trop plat sur la jeunesse tourmentée de John Lennon. Au ciné depuis le 8 décembre.

    «Mother I wanted you but you didn’t want me» chantait John Lennon avec beaucoup d’émotions dans sa chanson «Mother» en 1970. Des paroles émouvantes qui traduisent sa détresse d’avoir été abandonné enfant par ses parents. A l’occasion des 30 ans de sa mort, le 8 décembre dernier, Sam Taylor Wood a choisi de narrer cet épisode troublant qui marqua la jeunesse du leader des Fab Four. Une occasion de comprendre comment les drames de l’enfance du musicien anglais ont construit sa personnalité charismatique.

    L’Angleterre victorienne VS la génération rock

    Lorsque ses parents l’abandonnèrent à l’âge de 5 ans, John Lennon, incarné par Aaron Johnson (vu dans Kick Ass), fût élevé par sa tante «Mimi», interprétée par la brillante Christine Scott Thomas. Il évolue dans une petite bourgeoisie très à cheval sur les principes du savoir vivre anglais. Rapidement le jeune rebelle, fasciné par Elvis et James Dean, va se sentir bien trop à l’étroit dans ce milieu. Elève très moyen, préférant dessiner en classe et ne pensant qu’à la musique, il entretient une relation tumultueuse avec sa tante.

    Une femme rigide et vieille école qui ne comprend pas le comportement de son neveu et encore moins le Rock’n‘roll. «On ne change pas de programme, lorsqu’il y a une œuvre de Tchaïkovski à la radio !» s’emporte ‘Tante Mimi’ alors que John souhaitait écouter sa musique. Malgré un amour réciproque, la réalisatrice montre un vrai rapport de force entre Tante Mimi et lui, entre le passé victorien anglais et cette jeunesse éprise de liberté. Une relation délétère qui amène John à rechercher ses racines pour trouver des réponses à son mal être.

    Fiche Technique

    Nowhere Boy, réalisé par Sam Taylor-Wood avec Aaron Johnson, Kristin Scott Thomas et Anne-Marie Duff

    Vu au : MK2 Odéon le 8 décembre à 22h00
    Fréquentation : Une vingtaine de personnes, quelques couples.
    J’y vais avec : Mon père pour qu’il se remémore sa jeunesse.
    Je grignote : du popcorn caramélisé comme au bon vieux temps
    Note : 2,5 /5 Film trop plat … heureusement que le sujet porte sur John Lennon pour nous tenir en haleine.

    Une relation ambiguë avec sa mère

    Il reprend contact avec sa mère Julia, jouée par Anne Marie Duff. Joyeuse et charmeuse, mais instable et irresponsable, sa mère est passionnée par le rock et son univers tumultueux (pour l’époque). Elle lui donnera le goût pour cette musique qui déferle, à ce moment là, sur toute l’Angleterre. Son comportement charnel séduit mais trouble le jeune homme en pleine adolescence.

    Lors d’une scène dans la maison de Julia, où elle s’allonge contre lui sur le canapé, la réalisatrice s’attarde sur la main nerveuse de John hésitant à la poser sur sa mère. Un comportement symptomatique du trouble qu’entretient, inconsciemment, Julia entre son rôle de mère et celui de femme désirable aux yeux de son fils. Envouté mais frustré par cette «femme-enfant», John ne se remettra jamais de sa mort. «J’étais juste en train de la connaître mais maintenant elle ne reviendra plus» dira-t-il en se larmoyant dans les bras de son ami, Paul McCartney, lui aussi meurtri par la mort de sa mère.

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    Paul, le frère spirituel

    Son amitié avec Paul MacCartney sera évidemment déterminante pour les Beatles mais cette relation est bien trop survolée par la réalisatrice, Sam Taylor Wood, qui se contente de centrer son histoire sur la psychologie de John Lennon. Une attitude regrettable lorsqu’on connaît l’influence qu’a eu Paul McCartney sur son ami même pendant leur jeunesse.

    Une prise de risque zéro

    S’attaquer au mythe de John Lennon était un exercice particulièrement difficile, voire présomptueux, pour un premier essai en tant que réalisatrice. Malgré un scénario intelligent servi par une Christine Scott Thomas impériale, la peur de commettre des erreurs impardonnables faits de Nowhere Boy, un long métrage trop classique dans sa forme, loin d’être le brillant hommage auquel on pouvait s’attendre.

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