On entre à Wendake sans s’en rendre compte. Un panneau aux couleurs amérindiennes souhaite la bienvenue, mais dans la rue principale qu’on empreinte en sortant de l’autoroute, le paysage ne change pas. Mêmes centres commerciaux nord-américains, stations essence, bungalows, gens affairés. La ville de Québec n’est qu’à une dizaine de kilomètres et plusieurs bus font la liaison.
« La proximité d’une ville nous sauve »
On est loin de l’image de la réserve amérindienne perdue en plein milieu du Midwest où le désœuvrement, l’obésité, le jeu et l’alcoolisme règneraient en maîtres ! «La proximité d’une ville, c’est sans doute ce qui nous sauve. Je vais tous les jours au collège à Québec, raconte Pierre-Alexandre, 18 ans, étudiant en éducation spécialisée. Je suis heureux d’habiter à Wendake parce qu’ici nous avons de l’espace. Mais je suis bien content d’être aussi près d’un centre urbain. Il existe des réserves très isolées, loin de tout, je ne suis pas certain que je m’y plairais. »
Isabelle, 28 ans, éducatrice à l’enfance au centre d’amitié autochtone de Québec, aime le calme de son village, mais aurait sans doute du mal à se passer de la ville toute proche. Avoir le choix, voilà ce qui lui importe. «Je suis Wendat, je le sens dans mes veines où que je sois sur la planète. C’est important et je le transmettrai à mes enfants sans même m’en rendre compte. Mais si je reste avec le même homme et que leur papa est donc africain, il me paraîtra tout aussi primordial qu’ils connaissent leurs racines africaines.»
« Je m’intéresse à l’histoire de mes ancêtres et je veux être digne de ce qu’ils ont accompli. Mais le chemin est encore long pour faire reconnaître tous nos droits. »
Traditions Vs société de consommation
Pour Jean-Philippe Sioui, 25 ans, l’un des Chefs traditionnels de la communauté et jeune entrepreneur, « avoir Québec tout proche, c’est bon pour les affaires, ça permet de tisser des partenariats et de briser les barrières entre nos deux nations. Mais il y a un danger au niveau culturel. Il y a des gens qui oublient que Wendake, c’est différent. »
Perdre leur culture, leurs traditions sur l’autel de la modernité et de la société de consommation qui les entoure de toute part et dans laquelle ils vivent bon gré, mal gré, voilà ce qui les effraie. D’autant qu’ils commencent tout juste à se réapproprier leur patrimoine. « L’histoire est écrite par les vainqueurs » note Paul, 18 ans, étudiant en business. «Si vous regardez les manuels aujourd’hui, on a l’impression qu’il n’y a qu’une seule date importante : 1649, la chute de la confédération Wendat. Tout le reste est passé sous silence. Lorsque j’étais enfant, il y avait peu d’endroits pour en apprendre plus sur nous. Aujourd’hui, c’est en train de changer. »
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Isabelle, 28 ans, éducatrice à l’enfance
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