« A Auteuil, le pétard à la mi-temps, c’était notre petit plaisir » se souvient Martin, 27 ans dont trois d’abonnement au Parc des Princes, tribunes Boulogne et Auteuil. « Tout le monde fumait. C’était devenu une sorte de tradition. » Jusqu’à faire du stade un des hot-spots de la weed à Paname. Et ce dans la plus grande tranquillité. On se roulait un petit joint pépère, sans que les stewards – ces agents orange de la tête aux pieds qui surveillent les tribunes, s’en mêlent. Mais ça, c’était avant…
Depuis, le plan Leproux et les Qataris sont passés par là. Et désormais, au moment de la fouille, les supporters peuvent se faire palper tout en admirant un panneau rouge et bleu orné d’une feuille de cannabis barrée, avec en légende :
« La pelouse est sacrée, l’herbe est interdite. »
« Fumer un joint en tribune faisait partie du folklore »
Si le club juge nécessaire de le rappeler c’est qu’il fut un temps où la weed faisait partie de l’ambiance du Parc :
« Fumer un joint en tribune faisait partie du folklore et on savait qu’on ne serait pas emmerdés à l’intérieur du stade, ajoute Martin. Aujourd’hui, on se souvient de cette époque comme du bon vieux temps. »
Et l’ancien abonné de rappeler que les supporters ne vont pas au stade que pour les joueurs et le ballon, mais aussi pour l’atmosphère en tribune. Rencontré après le dernier PSG-Rennes, Jérôme, 25 ans, jeans, baskets et écharpe du club nouée autour du cou, roule son joint dans une petite rue à moins de 100 mètres du Parc, côté Auteuil. Il assure que la fumette au stade a d’autres vertus :
« Supporter un club, ça rassemble tout le monde, quelles que soient les classes sociales. Le pétard, c’est pareil ! Au Parc, on voit des riches, des pauvres, des banlieusards, des gens qui habitent Paris intra-muros, des beaufs ou des gens classe. Et parmi tous ces supporters, il y a des fumeurs de joints ! Faire tourner un pétard en regardant le match, ça permettait de rassembler tous ces gens très différents. »
« La pelouse est sacrée, l’herbe est interdite » /
« Dans les tribunes, un système de caméras permet de repérer les fumeurs »
Depuis 2010 et la présidence de Robin Leproux, le PSG veut cleaner les travées du Parc. Et depuis le rachat par les Qataris, les stadiers, appuyés par une police et un service d’ordre renforcés, ont encore resserré la vis. Interrogé par StreetPress, Pierre, le responsable des litiges abonnements pour le club, détaille la ligne officielle :
« Le stade était devenu une zone de non-droit. Il y a encore dix ans, on pouvait voir des fumeurs de joints presque à tous les rangs dans les virages. Aujourd’hui, le club a clairement signifié aux stadiers de ne laisser passer aucun écart ».
Et d’année en année, le règlement se fait de plus en plus strict. Depuis un an et demi, même la cigarette est bannie des travées du Parc ! « On a l’impression qu’ils n’autorisent plus la clope pour mettre la pression sur les fumeurs de cannabis », s’énerve Charles, 29 ans, abonné depuis deux ans en tribune Boulogne. Ce que semble confirmer le responsable des litiges abonnements :
« Les consommateurs de tabac sont logiquement moins embêtés que les fumeurs de joints. »
« Concernant le cannabis, c’est clairement plus strict qu’avant » confirme Abdel, posté devant les grilles d’entrée du virage Auteuil. Habillé d’un bombers noir, l’agent de sécurité à la carrure imposante travaille pour l’une des neuf sociétés prestataire du PSG les soirs de match: une boulette découverte dans la poche d’un supporter au moment de la fouille et c’est l’expulsion.
Le staff ne se contente pas de filtrer à l’entrée. « Dans les tribunes, un système de caméras permet de repérer les fumeurs, avant que les stewards n’en soit informés et leur demandent de sortir », ajoute Abdel. Comme le stipule le règlement intérieur du Parc, ces caméras sont placées sous le contrôle d’officiers de police judiciaire. Se faire repérer un joint à la main, c’est la porte. Ça peut même entraîner une interdiction de stade : « Pour chaque supporter sorti, les responsables relèvent les identités des personnes », détaille un autre agent de sécurité.
Legalize marijuana ! /
Comme au collège, il faut se cacher pour fumer
Malgré le durcissement des règles, un petit nombre de supporters s’accrochent à leur bédo. Et comme à la grande époque, la consommation varie en fonction des performances de l’équipe: « Quand le PSG gagne, ça sent plus le joint dans le stade », rigole Julien, 22 ans. Gros consommateur, cet abonné d’Auteuil ne se cache pas pour fumer à l’extérieur du stade :
« Moi, après le match aller contre Chelsea, je me suis fait un gros deux-feuilles. Fallait fêter ça ! »
A l’intérieur, il fait son affaire plus discrètement, posté tout en haut des gradins :
« C’est beaucoup plus compliqué de fumer maintenant. Mais on est encore quelques-uns à le faire. Le mieux, c’est de se mettre au dernier rang, comme ça on gêne personne et les caméras nous voient moins. »
Officiellement, les stadiers sont intransigeants et « tous les fumeurs de cannabis sont mis à la porte. Il n’y a pas de traitement de faveur ». Vraiment ? En fait, certains gilets-oranges se montreraient plus compréhensifs :
« Un steward m’a déjà demandé d’éteindre mon joint, raconte Julien. Mais un autre m’a conseillé de prendre une latte et de cacher mon pétard dans un gobelet. En fait, ça dépend vraiment des stewards présents et de ce qu’ils font dans les tribunes. Parfois, ils sont plus occupés à surveiller les lignes de séparation entre les supporters du PSG et les visiteurs. »
D’autres supporters profitent des rassemblements de fumeurs (de cigarettes) à la mi-temps. Et ce, même en tribune présidentielle. « Si on fume discrètement, c’est bon », assure Mehdi quelques secondes après avoir écrasé son joint. A l’abri des regards évidemment. Cet habitué de la tribune Borelli en jeans et veste de survêtement bleu s’en crame un à chaque match. Et d’assurer qu’entre tous « les accrocs à la clope qui attendent la mi-temps pour sortir fumer sur les balcons, les fumeurs de joints passent inaperçus, malgré l’odeur. » Selon lui, on croise par contre peu de vendeurs dans les travées du parc. « Ici, tout le monde vient avec son matos », assure-t-on en tribune.
Mais le nouveau public du Parc ne goûte pas vraiment cette petite odeur de weed qui persiste dans certaines tribunes. Certains ont manifesté leur ras-le-bol auprès de la direction du PSG. C’est le cas de Frédéric, abonné en tribune Paris. Il vient parfois au stade accompagné de son petit neveu qu’il souhaiterait tenir à l’écart des volutes de chanvre :
« Je viens d’écrire une lettre au PSG pour leur dire qu’ils ne faisaient pas bien leur boulot ! Il y a encore plein de fumeurs de cannabis dans le stade et on ne voit pas le changement. »
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