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    30/04/2014

    Invités: le boss de SaphirNews et un pro de la finance islamique

    « Le web musulman », l'émission spéciale

    Par StreetPress

    Le web musulman s'est mobilisé contre Pékin Express, mais le web communautaire touche aussi à la culture ou au business. Ecoutez notre émission, avec Mourad Latrech et Anass Patel. Bonus : session acoustique avec Boogie Balagan.

    Avez-vous regardé Pékin Express mercredi soir ? Peut-être l’avez-vous maté différemment depuis que sur les réseaux sociaux des blogueurs, assos et sites d’infos musulmans ont mené la fronde contre l’émission. Ensemble, ils reprochent au programme, qui est tourné en partie en Birmanie, de ne pas s’être attardée une minute sur le triste sort réservé par le pouvoir birman aux musulmans Rohingyas. Comme nous vous le racontions sur StreetPress, la mobilisation a porté et plusieurs marques ont annulé leur partenariat avec Pékin Express.

    Avec cette mobilisation, la France a découvert des blogueurs qui prennent la parole comme musulmans sur les réseaux sociaux. L’occasion pour nous de parler du web musulman. Pourquoi ces sites culturels, de services, commerciaux, d’actu, et blogs se développent-ils ? Le développement du web musulman a-t-il à voir avec le traitement de la communauté musulmane dans les médias mainstream ?

    Les invités :

    > Mourad Latrech cofondateur de Saphirnews, le 1er quotidien musulman d’actualité.
    > Anass Patel des 570 easi, spécialiste en finance islamique.

    1 Retrouvez le podcast de l’émission :

    2 Et les meilleurs extraits :

    #ContrePékinExpress

    Anass Patel : Je rêverais d’une époque où la blogosphère musulmane se lèverait et se mobiliserait pour des causes nationales, et pas seulement là où la communauté musulmane est impactée. [Au-delà de la Birmanie], la communauté est en train de se de se forger et de prendre des positions fortes. Elle se structure et ça va clairement donner des choses intéressantes, comme aux Etats-Unis avec la communauté noire. Il faut aller plus loin, en sortant du coté communautaire et en jouant sur la créativité pour qu’il y ait un impact social et citoyen le plus large possible.

    Mourad Latrech : Il faut relativiser la prise en compte des marques quant à la mobilisation de la communauté musulmane. Les marques ne voient pas que les musulmans, ils voient aussi les répercutions qu’elle peut avoir sur l’image de la marque. Ça dépasse alors la communauté musulmane.


    Mourad Latrech, co-fondateur de SaphirNews.

    « Muslimosphère »

    Mourad Latrech : Ce concept ne me convient pas du tout. Tout y est mis dans le même sac et ça nous dérange. Il y a différents médias, différents types de médias, différentes démarches. Et le fait d’utiliser un même terme pour l’ensemble de ces canaux nous pose problème, nous qui avons fait la démarche journalistique et professionnelle de nous engager. Nos journalistes sont salariés, ont leur carte de presse et ont fait la démarche de se former au journalisme. Ça ne veut pas dire qu’on [stigmatise] d’autres médias. Simplement, on ne peut pas tout mettre dans le même sac. D’autant plus que dans ce mot-là, on met des médias qui représentent des mosquées ou des tendances religieuses. Et pour le coup, ça devient incompréhensible.

    Al-Kanz, un blog, est le site le plus visité du web musulman

    Anass Patel : Oui, c’est lié à l’histoire d’Al-Kanz. Derrière ce blog, il y a une personne qui a fait beaucoup pour faire progresser le marché du halal. Il a une démarche concrète, visible, et je pense que le lectorat musulman lui est redevable.
    Après, il y a des limites à ce genre de blogs. Et comme Mourad le disait, il faut un professionnalisme, avec des vrais médias et des journalistes qualifiés. Mais les blogs nous ont appris aussi, et pas que dans la communauté musulmane, qu’il y a des militants qui sont parfois tellement entêtés sur certains sujets qu’ils vont aller chercher la vérité jusqu’au bout. Ils jouent un peu le rôle de poil à gratter et ils font éclater des choses assez intéressantes. Et je pense que tout ça est en train de se structurer et qu’à terme il y aura des vrais professionnels, et un ensemble d’autres formats.

    Qui lit SaphirNews ?

    Mourad Latrech : C’est un français, généralement de confession musulmane. Il est souvent curieux d’avoir un traitement de l’actualité différent de ce qu’on lui sert dans les médias mainstream.


    Anass Patel, co-fondateur de 570 easi.

    Et si la réalité économique allait plus vite que le politique ?

    Anass Patel : On peut prendre l’exemple de l’île de la Réunion pour répondre à cette question, où des musulmans sont installés depuis plusieurs générations. L’islam y est présent depuis 150 ans et ça ne pose aucun problème. Ce sont d’ailleurs les musulmans qui sont au centre de l’écosystème économique. Généralement, dans les centres ville, au lieu de l’église il y a la mosquée. Et tous les commerces gravitent autour. Ceci représente une vraie force économique. Et au-delà de cet aspect, ce sont des « role models »: les musulmans jouent le jeu de l’intégration des nouvelles populations, notamment en provenance de l’Océan Indien.

    C’est juste une question de temps pour que l’image des musulmans de métropole change. Les choses sont en train de s’inverser. Les musulmans sont de plus en plus éduqués, de plus en plus entreprenants. Je ne fais pas non plus de discours angéliques, il y a toujours des résistances, des problèmes d’intégration suite à la colonisation notamment, etc. Mais en tous cas, la nouvelle génération ne se pose plus de questions.

    J’ai par exemple été éduqué dans une famille où on disait qu’il ne faut jamais aller demander au politique, c’est à lui de venir quémander vers nous. Et je pense que l’économique, c’est ça. C’est de savoir que l’on est indépendant et qu’on a la liberté d’entreprendre. Il n’y a rien de plus valeureux. Et en même temps, c’est le pouvoir de créer de la richesse et de pouvoir partager. Et une fois qu’on crée de l’emploi, qu’on crée cette richesse, il y a ce rôle social qui suit et qui pèse.

    3 En fin d’émission il y avait la session acoustique :

    Azri et Gabri, du groupe « Palest-Israélien » Boogie Balagan était en live dans notre studio. Si ce nom vous dit quelque chose c’est peut être que vous avez maté le film Le cochon de Gaza : la BO, c’était eux !

    Le groupe vient de sortir son album vinyle et jouera à la Bellevilloise, les 24 et 25 mai pendant Pèlerinage en décalages, un festival artistique israélo-palestinien.


    Elsa Bastien de StreetPress et Henri aux manettes.

    4 Sans oublier nos chroniqueurs :

    > Quentin du Tryangle.fr nous parle des « Money Slaves », des mecs qui acceptent de donner de l’argent à des femmes sans contrepartie aucune.

    > Mathieu de StreetPress, et sa « première fois » au Warriors Night.

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