C’est une tentative de buzz pour rappeler à François Hollande la non-tenue d’un de ses engagements. Lancée le 20 mars sur le site du collectif « Stop le contrôle au faciès », une application propose de signaler depuis son mobile un contrôle de police jugé abusif.
Vous avez certainement déjà lu cette stat’ quelque part : une personne perçue comme noire ou arabe a 6 à 8 fois plus de chances de se voir demander ses papiers dans la rue qu’une personne perçue comme blanche. Pour dénoncer cette réalité, le collectif « Stop le contrôle au faciès » propose via une appli de collecter des témoignages de personnes s’estimant victimes de contrôles discriminatoires. Objectif : constituer une base de données pour quantifier le phénomène et identifier les policiers les plus zélés.
Ze story A l’origine de ce projet, « Stop le contrôle au faciès ». Lancé en 2011 quelques semaines avant le début de la campagne présidentielle, le collectif devait effectuer un travail de sensibilisation et de lobbying sur la question des contrôles au faciès.
Parmi ses jolis buzz, le succès d’une websérie où des rappeurs racontaient leur pire souvenir de contrôle de police . Ou encore une action en justice , en compagnie 13 plaignants qui attaquaient l’Etat pour pratiques discriminatoires.
En 2011, « Stop le contrôle au faciès » instaurait un numéro unique à contacter par SMS afin de bénéficier d’un accompagnement juridique en cas de problème avec les forces de l’ordre. L’application reprend le principe du SMS et l’étend aux témoins d’abus policiers, qui peuvent y déposer un signalement anonyme.
Cop watching Pendant la campagne présidentielle de 2011, François Hollande avait promis d’instaurer la remise d’un récépissé après chaque contrôle de police pour lutter contre les abus. Une proposition tombée aux oubliettes. A la place les fonctionnaires de police et de gendarmerie arborent depuis le 1er janvier 2013 un matricule sur leur uniforme. La mesure doit permettre aux personnes contrôlées de pouvoir identifier les policiers abuseurs.
Joint par StreetPress, Amadou Ka, président des Indivisibles et porte-parole du collectif, dénonce « une fausse solution » puisque selon lui « les enquêtes sur les forces de l’ordre disculpent toujours les policiers. » Mais grâce au gadget du matricule, le collectif entend produire des données chiffrées et établir « une cartographie plus pointue des contrôles en France».
En renseignant la petite case prévue à l’identifiant du policier, l’utilisateur de « Stop le contrôle au faciès » alimente la base de données du collectif. Aux activistes d’identifier les auteurs de contrôles délictueux et de sortir des statistiques par secteur géographique.
Couacs « Le contrôle d’identité est le seul acte pour lequel il n’existe pas de trace », martèle Amadou. « Donc on se l’est créée nous-même, pour qu’il y en ait une. On veut montrer qu’un récépissé est facile à mettre en place. »
Mais du côté du Défenseur des droits, qui a été consulté par le collectif lors du développement du projet, on exprime des « réserves d’ordre méthodologique ». Les statistiques par secteur géographique seront par exemple biaisées dès le départ en fonction du nombre d’utilisateurs de l’appli d’une commune à une autre. Surtout, comment prouver la véracité de signalements anonymes ? « On est en capacité, avec notre expertise, de trier les témoignages qui sont crédibles de ceux qui ne le sont pas », réplique Amadou Ka.
L’application doit aussi faire face à des limites techniques. Après 10 minutes passées sur le site du collectif, StreetPress n’a toujours pas réussi à la télécharger l’application sur smartphone. Pour le moment, seule une page web permet de collecter les données. L’app n’a pas vocation à être accessible sur les stores par souci économique et d’indépendance.
Buzz Si son efficacité reste à démontrer, l’initiative s’apparente déjà à un joli petit buzz. Sortie opportunément la veille de la journée mondiale contre les discriminations, l’application a été relayée par la presse nationale . Et le syndicat Unsa Police – joint par StreetPress – de s’étrangler à l’idée de voir la question du contrôle au faciès remise sur le tapis :
« On est déjà la profession la plus encadrée au monde ! »
L’application, développée par deux étudiants de Simplon.co, permet aussi à cette fabrique à codeurs solidaire du 93 – dont on vous avait parlé ici – de se mettre en valeur. Joint par StreetPress, son fondateur Frédéric Bardeau est enthousiaste :
« Le collectif repart avec un outil qu’il n’aurait pas pu se payer chez un prestataire, nos deux jeunes ont une belle référence sur le CV et le projet est totalement en phase avec notre philosophie et nos valeurs, à savoir l’intégration, la lutte contre les discriminations… Tout le monde est gagnant!»
On veut montrer qu’un récépissé est facile à mettre en place
Amadou Ka, au moment de la création du collectif
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Le collectif repart avec un outil qu’il n’aurait pas pu se payer chez un prestataire
Dans les locaux de Simplon
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