Ça fait 40 ans que l’Association Départementale des Gens du Voyage de l’Essonne (ADGVE) s’occupe de domiciliation, d’accompagnement social et d’aide à la création et gestion d’entreprise pour les gens du voyage et les personnes en habitat mobile. Son espace public numérique, créé il y a 10 ans, pallie aussi au problème de la connexion à Internet des gens du voyage, pour qui l’abonnement à l’ADSL n’est pas pratique, pour des raisons évidentes. Mais à partir de cette année, l’ADGVE va donner un coup d’accélérateur au développement des micro-entreprises qu’elle encadre. Elle veut mettre à disposition des outils numériques mobiles pour les personnes qui viennent créer leur entreprise.
Entrepreneur spirit « Ce sont des personnes attachées à leur indépendance, c’est pourquoi ils préfèrent travailler à leur compte », explique André Rajot, chargé de l’accompagnement à l’activité économique. C’est en effet près d’une trentaine d’entreprises qui sont créées avec l’aide de l’ADGVE chaque année, « et près de 600 en suivi continu que l’on voit au moins une fois par an » ajoute le travailleur social. Le programme, officiellement lancé le mois dernier, devrait être effectif d’ici avril 2014. Il est strictement réservé aux personnes suivies par l’association, bénéficiaires de minima sociaux. « Le plus souvent, il s’agit d’entreprises dans le bâtiment, les espaces verts ou les petits commerces, comme les stands au marché », détaille Joffrey Sinquin, en charge du projet.
De l’EPN, où il a installé son bureau, l’animateur répertorie les différents outils qu’il pourra mettre à disposition des participants au programme. Il n’a pas encore une vision précise de ce que seront concrètement les formations dispensées à partir d’avril mais il souhaite utiliser les subventions obtenues pour acheter du matériel plus moderne et plus performant. « Il s’agit d’apprendre à manier les outils du moment, de confronter leurs besoins et ce qui existe déjà, afin de répondre aux nécessités des entrepreneurs. »
Heureusement pour Joffrey, ses futurs élèves maîtrisent déjà les nouvelles technologies. « Les téléphones portables ont été une véritable révolution [pour les gens du voyage] » puisqu’ils ne peuvent pas avoir de ligne téléphonique fixe dans les habitats mobiles. Dès l’installation de l’EPN à l’ADGVE, « on s’est rendu compte que ça répondait à une vraie demande », se souvient Françoise Gouttefarde, directrice de l’association. « Certains sont mêmes plutôt aguerris… J’apprends aussi beaucoup avec eux », avoue Joffrey ! Le smartphone est aujourd’hui un outil incontournable pour ceux qui ne peuvent bénéficier de l’ADSL chez eux. « Le web mobile, pour les gens mobiles, ça change tout ».
StreetPress pose son dossier « l’Internet dans les quartiers » en partenariat avec la Fonderie, l’agence numérique d’Île-de-France.
Cette semaine, alors que le parlement vient de débattre du « projet de loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine », StreetPress fait le focus sur le numérique dans les quartiers : Les habitants des quartiers populaires ont-ils un usage spécifique du web ? Les politiques d’inclusion numérique ont-elles un impact socio-économique sur nos quartiers?
“Voir le sommaire du dossier”:http://www.streetpress.com/sujet/116077-fracture-numerique-wtf
Les téléphones portables ont été une véritable révolution pour les gens du voyage
« Fracture numérique inversée » Pour André Rajot, c’est presque « une inversion de fracture numérique » : « Pour certains, ça a permis de réduire l’écart qu’il y a avec la population globale lettrée. » « Au départ, ils utilisaient internet pour communiquer entre eux et avec nous. Ensuite, ça a été les démarches administratives et maintenant, c’est la gestion de leurs entreprises » ajoute Françoise Gouttefarde. Car si beaucoup de jeunes qui fréquentent l’EPN ont des difficultés pour lire et pour écrire, ça ne les empêche pas de surfer sur le web : « Beaucoup ont du mal avec la langue. Mais avec le numérique, c’est une barrière contournable. Ça rend d’autant plus autonome pour l’emploi » ajoute André Rajot, encore étonné de l’application smartphone « pour faire des devis » que lui a présenté un des jeunes qu’il suit.
Des applications smartphone, des logiciels de gestion ou des utilisations insolites des outils du net : les pratiques que répertorie Joffrey ne viennent pas toutes des bouquins. Souvent, ses élèves lui soufflent des astuces qu’il ajoute au catalogue à présenter dans quelques mois. D’après lui, il n’y a « qu’en réfléchissant ensemble que l’on trouvera les meilleurs moyens d’utiliser les nouvelles technologies pour améliorer les activités professionnelles », raconte-t-il. Il se souvient d’un jeune patron dans le ravalement de façades qui repérait les zones pavillonnaires sur Google Earth pour savoir où déposer ses tracts. « Individuellement, ils trouvent des solutions que l’on peut communiquer aux autres. » Le brainstorming général pour aider individuellement s’impose comme la meilleure des solutions pour mener à bien ce programme. « Et si vous avez d’autres idées, je suis preneur ! »
Beaucoup ont du mal avec la langue. Mais avec le numérique, c’est une barrière contournable.
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