Comment est né le projet Kinshasa One Two ?
Renaud Barret : Damon Albarn a été le véritable instigateur de cet album. Il était déjà venu à Kinshasa en 2007. C’est après le visionnage d’un film que l’on avait réalisé, « La Danse de Jupiter », qu’il a décidé de faire un album regroupant des musiciens de Kinshasa. Avec le soutien de l’ONG Oxfam – avec qui Damon Albarn avait déjà travaillé, s’est construite cette idée d’album de collaborations. Il a décidé de venir avec des producteurs de musique électronique pour 5 jours afin d’enregistrer l’album. Ils ont fait appel à nous du fait que l’on est implanté à Kinshasa depuis pas mal de temps. On lui a fait découvrir des musiciens congolais qui travaillent avec des sons assez étranges issus de matériels de récupération. Notre rôle a vraiment été de coordonner le projet, de faire le pont entre des artistes britanniques et des musiciens congolais. 80 artistes ont donc été réunis en 5 jours seulement.
div(border). Kinshasa One Two | Ze Story
Nouveau projet de Damon Albarn, l’album Kinshasa One Two réuni quelques uns des producteurs les plus demandés du moment ( T-E-E-D, Dan The Automator ou encore Kwes ) sous l’étiquette DRC Music. Enregistré en 5 jours à Kinshasa (Congo) c’est un album d’électro-pop mêlé de musique africaine. De nombreux artistes locaux ont bossé dessus comme le percussionniste Cubai Kabeya. Renaud Barret, un des producteurs du projet, est aussi le réalisateur du film Benda Bilili ! Le disque est parrainé par l’ONG britannique Oxfam.
Comment c’était de travailler avec Damon Albarn ?
R.B : C’est un peu un rêve qui devient réalité. On voulait vraiment pouvoir travailler avec des producteurs pour promouvoir cette ville dingue de musique qu’est Kinshasa. Le choix de Damon Albarn s’est porté sur la musique électronique. La rencontre entre Damon et les musiciens s’est étonnement bien passée pour donner un résultat plus que satisfaisant. Il a été particulièrement généreux pour rémunérer les artistes congolais ce qui est une de nos grandes préoccupations dans un pays très pauvre. L’argent récolté est d’ailleurs reversé à Oxfam ainsi que dans les studios à Kinshasa pour permettre le développement de nouveaux musiciens.
Comment as-tu découvert le Congo ?
Cubain Kabeya
R.B : Ça a été en 2003, j’avais fait un premier voyage avec une amie journaliste qui m’avait emmené à la frontière du Rwanda pour faire des photos et il y eut un moment où tous les journalistes ont été rapatriés et on s’est retrouvés 10 jours à Kinshasa. J’ai voulu sortir, voir les clubs et j’ai croisé par hasard un musicien qui m’a emmené dans les bons coins. J’étais tombé complétement amoureux de l’endroit, j’ai donc contacté Florent de la Tullaye qui était grand reporter avec qui on a commencé à tourner le film documentaire Benda Bilili ! C’est une ville vraiment différente, on y trouve des centaines de styles musicaux. Cette histoire est vraiment issue d’un coup de foudre. On a préféré mettre en avant la créativité de ce pays plus que les atrocités qui s’y déroulent. C’est d’ailleurs dans un sens dommage que seules les horreurs qui se passent au Congo soient relayées par les médias alors que ce pays fourmille de talents créatifs.
Cubain Kabeya : Étant originaire du Congo, j’ai un autre regard sur ce pays que les occidentaux et il vrai que l’on passe à côté d’énormément de richesses culturelles qui s’y produisent. Les musiciens de Kinshasa sont vraiment à part, ils construisent et jouent de leur propre instrument pour délivrer une musique originale.
Renaud Barret
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