C’est une nouvelle estocade dans la gué-guerre qui oppose professionnels de la nuit et associations de riverains à Paris. Au mois de novembre, un collectif rassemblant des représentants d’établissements de nuit appelle « les noctambules » parisiens à élire un porte-parole, en organisant l’élection du « maire de la nuit à Paris ». Comment trouver un contrepoids aux associations de riverains qui « parasitent » les débats sur la nuit à Paris ? « Nous avons retourné le problème dans tous les sens », explique Eric Labbé, un des organisateurs du scrutin, qui présentait mardi « sa pirouette » pour résoudre le problème : Se doter d‘« un maire de la nuit », un édile-fêtard qui devra être « le visage » de ceux qui aiment « déambuler le soir venu ». « Bien sûr, il n’aura pas de fonction exécutive, ce sera seulement un représentant », continue Eric Labbé. «Mais on espère que le nouveau maire de Paris prendra en compte la légitimité de ce bonhomme.»
Guerre des voisins Devant un petit groupe de journalistes réunis pour lancement de l’opération, Florent Ciccoli, gérant de plusieurs bars à Paris et membre du collectif, voit rouge :
« Les réunions de comité de suivi sur la nuit à Paris sont complètement noyautées par les associations de riverains ! La dernière fois, ils sont arrivés en masse en distribuant des prospectus de 4 pages à toutes les tables ! »
“StreetPress vous en parlait en février”:http://www.streetpress.com/sujet/75433-associations-de-riverains-mais-pourquoi-sont-ils-si-mechants, à Paris c’est à un véritable pugilat que se livrent professionnels du clubbing et riverains. Fermeture de bars, interdiction de terrasses, arrêtés préfectoraux interdisant la consommation d’alcool dans la rue … Ces dernières années, les voisins en colère collectionnent les scalps de taverniers en pratiquant « un lobbying » auprès des pouvoir publics. Selon Eric Labbé : « Les élus locaux sont pressurisés par les associations de riverains qui déploient des banderoles dans les rues ou envoient des courriers. Mais il faut montrer aux politiques qu’il y a aussi plein d’autres électeurs. » « On entend seulement la voix de ceux qui se plaignent, jamais de ceux qui sont contents d’avoir des bars en bas de chez eux », renchérit Florent Ciccoli qui sait de quoi il parle : Son bar l’Internationale (Paris 11e) est en procédure judiciaire depuis 3 ans avec sa co-propriété. Il demande « une voix pour les noctambules » qui pourrait être portée par « le maire de la nuit » lors des réunions avec les autorités locales.
On espère que le nouveau maire de Paris prendra en compte la légitimité de ce bonhomme
On entend seulement la voix de ceux qui se plaignent, jamais de ceux qui sont contents d’avoir des bars en bas de chez eux
Lobby du clubbing Plus qu’ « un maire de la nuit à Paris », la petite équipe cherche en fait à propulser un porte-parole des clients de leurs bars sur le devant de la scène. C’est d’ailleurs dans certains de leurs établissements – et ceux qui seront partenaires de l’opération – que se déroulera le 2e tour de l’élection, le 9 novembre. Derrière le collectif qui organise le scrutin, on retrouve les représentants de quelques-uns des spots les plus fréquentés de Paris, comme Christophe Vix, de l’équipe du Rosa Bonheur (Paris 19e) * , Eric Labbé, boss de la com’ au Showcase (Paris 8e) ou Marie Poubennec de l’OPA (Paris 12e). En plus de l’Internationale (Paris 11e), Florent Ciccoli est aussi gérant des Pères Populaires (Paris 20e) et des Caves Populaires (Paris 17e).
En janvier 2010, la même bande avait réussi à collecter 17.000 signatures pour sa pétition « Paris quand la nuit meurt en silence ». Un bon coup qui avait poussé la mairie de Paris à organiser des « Etats Généraux de la Nuit » et aussi à subventionner « Les nuits capitales », un festival organisé par le même Eric Labbé dans un réseau d’établissements de nuit partenaires. Fort de ce succès, le collectif vise au moins 10.000 votants pour espérer donner une légitimé à l’édile-cotillon. « Et peut-être peser sur les programmes des candidats à la mairie de Paris », se prend à rêver Eric Labbé.
La pétition « Paris quand la nuit meurt en silence » avait réussi à collecter 17.000 signatures.
Team Hidalgo Reste à savoir si les Parisiens auront envie de s’engager pour des entrepreneurs de la night, qui parfois abusent sur le prix des consommations. A l’inverse « c’est très difficile de mobiliser des gens qui sont contents », note joint par StreetPress Jean-Bernard Meneboo, représentant du bar Le Cox et fondateur des « Robins du Marais ». Son association de riverains qui devait « fédérer ceux qui aiment faire la fête dans le Marais » est aujourd’hui « mise en suspens »… sans avoir obtenu le moindre résultat.
Pour mobiliser, le collectif compte sur une campagne de communication virale en reprenant ce qui a été fait pour la pétition « Paris : Quand la nuit meurt en silence », qui avait « dépassé » leurs espérances. Un premier tour doit avoir lieu sur une page Facebook dédiée à l’élection entre le 18 et le 31 octobre.
L’initiative du collectif est aussi vue d’un bon œil par la team Hidalgo. Joint par StreetPress, Bruno Julliard, porte-parole de la candidate et adjoint à la culture, a reçu « les initiateurs » du scrutin :
« Il faut des représentants pour ce type de lieux. Anne Hidalgo a d’ailleurs fait une proposition pour un poste d’adjoint en charge de la nuit. Ils auraient leur place dans les discussions parmi d’autres interlocuteurs légitimes. »
Ian Brossat, chef des communistes à Paris pour les municipales, est encore plus enthousiaste :
« C’est une très bonne initiative. On a souffert ces dernières années que les consommateurs des nuits parisiennes soient absents du paysage. »
Joint par StreetPress, l’équipe de campagne de NKM n’ a pas donné suite à nos sollicitations. Si vous voulez être candidat vous pouvez envoyer votre candidature ici.
Un premier tour doit avoir lieu sur une page Facebook dédiée à l’élection entre le 18 et le 31 octobre
Ils auraient leur place dans les discussions parmi d’autres interlocuteurs légitimes
- Edit du 2.10.13 C’est à titre personnel que Christophe Vix participe à l’opération et non en tant que cogérant du Rosa Bonheur. Le bar n’est d’ailleurs pas partenaire de l’élection.
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