Taeko n’a pas vraiment la même conception des vacances que le commun des mortels. Johannesburg – Le Caire en stop. Soit huit ou neuf mois de voyage et huit pays africains traversé. « C’était super chouette ! » Ça pose un peu le personnage.
Pendant l’été 2010, elle décide de faire un tour dans la dictature la plus fermée au monde : la Corée du Nord. Pour cette Japonaise de 23 ans à l’époque, le pays des Kim occupe une place particulière. « C’est notre voisine la plus lointaine. » Le pays vit à l’abri des regards du monde entier. Très peu de journalistes ont pu y entrer et aucun n’a pu sortir des voyages sous bonne escorte. Impossible de compter sur la télé pour en savoir plus.
« Je voulais partir en Corée pour discuter avec les habitants, même si je savais dès le début que je n’aurais jamais l’occasion d’échanger avec les gens “de la classe normale”. Mais bon, c’est mieux que rien, tu sais ! Je voulais y aller avant la fin du régime qui va, à mon avis, surement arriver bientôt. » Une bonne chose de faite, donc…
Je voulais y aller avant la fin du régime
Visa L’agence de voyage que j’ai utilisé a tout organisé. En gros, le tout m’a coûté un peu plus de 1000 euros, avion compris au départ de Pékin.
Trip Rien que le vol sur Koryo Airlines vaut le détour. Sur place j’ai vu tellement de choses incroyables. Le monument pour la victoire contre le Japon ! Le palais de la performance des enfants. Le Musée de la Guèrre de Corée, qui s’appelle Victorious Fatherland Liberation War Museum. L’expo se termine en septembre 1950. A ce moment, les communistes occupent la plus grande partie de la Corée sauf Pusan. Après ça, les Américains ont regagné du terrain. Je crois que le clou du voyage, ça a été le festival d’Arirang. Tu es dans un stade pour assister à un spectacle avec plus de 10.000 figurants. Il n’y a que la Corée du Nord qui peut organiser un tel truc aujourd’hui !
Sinon, on a pu passer quelques jours en dehors de Pyongyang. Personnellement, j’ai beaucoup été touché quand on a visité la province : la campagne, la montagne, les rizières, la couleur du ciel, même la température. L’ambiance me rappelait le village où j’ai grandi. Du bus ou du train, on peut apercevoir quelques scènes de la vie quotidienne. Des enfants allant à l’école avec leur maman, des filles en train de pique-niquer ou des hommes jouant au foot dans la rue…
Les gens On avait trois guides très sympa et très bien formés ! On a même fait des jeux d’alcool ensemble ! Mais même ivre mort, ils restent très « professionnels ». On a vraiment bien discuté et, à vrai dire, ils me manquent. Je serai ravie de les revoir un jour. J’ai eu deux discussions plutôt inoubliables avec des Nord-Coréens. La première avec une fille du même âge que moi. On a parlé copain, beauté, de la vie quotidienne…. La deuxième avec un guide sur l’Histoire, en particulier la colonisation japonaise, la guerre de Corée et l’indépendance.
Un jour, j’ai raconté à l’un de nos guides que j’avais vécu en Afrique quelques années. Il a été choqué et m’a répondu « Mais est-ce que tu avais assez de nourriture? » L’autre jour, un pote Tchadien a posté sur Facebook une photo d’enfants nord-coréens avec en commentaire : « Mon dieu, ils n’ont rien à manger ! Si seulement je pouvais les adopter… » !
A la campagne, j’ai pu un peu m’éloigner et me mélanger avec des fermiers. Je ne parle malheureusement pas coréen, mais je connais quelques chansons. On a chanté ensemble. Un beau moment. J’ai entendu dire qu’aujourd’hui, les touristes peuvent loger chez l’habitant. J’espère pouvoir faire ça lors de mon prochain voyage !
Big brother Il y a une surveillance de chaque instant bien sur et impossible de choisir où on va et ce qu’on fait. Mais les guides sont super pro et super sympa, au point de ne presque jamais se sentir vraiment surveillé.
Tourisme J’étais dans un groupe d’anglophones : Canadien, Américain, Anglais, Danois… Sinon dans l’avion il y avait pas mal d’Egyptiens qui bossent dans les télécommunications. En Corée du Nord il y a un réseau de téléphonie mobile géré par une compagnie égyptienne.
Pour afficher un lieu sur la carte, passez la souris sur l’icône et cliquez sur le nom du lieu pour afficher le descriptif complet.
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER