« Les mecs qui sortent avec des nanas qui fument ça me dérange pas, mais moi je n’aime pas ça. Au quotidien, je veux une fille clean, propre sur elle et qui ne fume pas de joints ». La phrase n’est pas signée Roger Sterling, le publicitaire macho de Mad Men qui « aime boire parce que c’est ce que les hommes font », mais Clément, étudiant en droit de 25 ans … et qui tourne en moyenne à 2 ou 3 joints par jour.
Paradoxe Clément a-t-il fumé tellement de joints que les synapses de son cerveau ne font plus la connexion ?« J’assume ce côté “macho” » tranche celui qui a voté Martine Aubry à la primaire socialiste tout en reconnaissant que son attitude est « paradoxale ». Tu l’as dit bouffi !
Des machos du cannabis vous en connaissez sans doute. D’Abou, titulaire d’un CAP qui explique sans rire un bédot à la main « qu’une fille qui fume c’est le Sheitan » à Guillaume l’analyste financier qui « vaporise » occasionnellement: Dans toutes les CSP il y a des foncedés pour qui s’exploser la tête à la weed reste une chasse-gardée masculine.
Garçon manqué Argument numéro 1 des phallocrates de la ganja: Fumer ne serait pas féminin. Au point d’être corrélé avec le physique de ces filles bizarres qui aiment le cannabis. « Une fille qui fume fait souvent très garçon manqué, et je n’ai pas envie d’une copine qui fasse garçon manqué… », assène Guillaume, 25 ans qui a mis la théorie en pratique. En couple depuis plus 4 ans, sa copine – très féminine of course !- ne fume jamais alors que monsieur tire régulièrement sur des joints. « D’ailleurs elle est allergique à la fumée », explique le jeune pacsé pour qui la vie est donc vraiment bien faite.
Potos Clément n’a jamais eu de copine fumeuse alors qu’il se définit lui même comme un gros fumeur (6 grammes hebdomadaires) : « C’est comme avec le hip-hop. J’adore cette musique, je la partage avec mes potes, mais entendre ma nana chanter Mobb Deep ça me dégoute. Ce n’est pas féminin ».
Fumer du bédot avec ses potes en écoutant du gros rap East Coast, c’est la version 2010 de ton grand-père cuit au pastis qui joue à la belote avec ses collègues. Guillaume le fumeur occasionnel qui travaille dans les hautes-sphères de la finance ne dit pas autre chose :
« Joints, PES et rap sont le trio des soirées entre mecs. Les filles ont un autre truc. C’est ni mieux ni moins bien mais différent… Le jour où on fera les mêmes choses ce sera flippant: Demande à une fille si elle aimerait que son mec porte du maquillage. La plupart te diront non »
Ce que les filles font pendant que Guillaume et ses potes fument des joints? « Boire du vin blanc en regardant Sex and the City »…
Entendre ma nana chanter Mobb Deep ça me dégoute
Quand on fume, faut pas se leurrer, on ressemble à une loque
Les féministes elles en pensent quoi ? « C’est une attitude machiste et raciste ». Lucie Sabau n’y vas pas par 4 chemins pour casser nos machos du cannabis. Bonne âme, la membre de l’association Osez le féminisme leur donne un petit cours d’introduction aux gender studies, histoire de les mettre au courant de ce qui s’est passé lors des 30 dernières années:
« Pour nous les féministes, masculin ou féminin c’est une erreur de lecture. Ça fonctionne comme pour le racisme: on constate des différences d’attitudes entre deux groupes et comme on ne sait pas les expliquer alors on en déduit des stupidités ! On donne des attributs sur les organes ! L’absurdité ressort extrêmement bien avec l’exemple du cannabis »
Ce que regrette Lucie, c’est que nos machos du cannabis « sont encore en train de demander aux femmes de s’aliéner à la séduction »:
« Si je fume un pétard, je ne sens pas super bon, ce n’est pas gracieux, ce n’est pas ‘féminin’ … Ça induit que les femmes devraient toujours être dans la complémentarité, toujours en creux par rapport aux hommes. »Demande à une fille si elle aimerait que son mec porte du maquillage. La plupart te diront non
Copine idéale Problème: Comment tomber amoureux d’une fille qui « ne sens pas super bon » et qui n’est « pas gracieuse ». « Voir ma copine avec les yeux rouges et l’air abruti après un joint, non merci », râle Clément quand il parle de « sa copine idéale ». Et quand Guillaume décrit ses séances de fumette, elles ressemblent à une véritable torture:
« Le jour où t’es entre potes dans un parc la nuit par -10 degrés je n’aimerais pas qu’il y ait ma copine présente… C’est une question d’ambiance »
Clément se place d’ailleurs volontiers « du côté des féministes »: « Je suis pour l’égalité des sexes ! » Mais hors de question que sa copine fume du cannabis comme lui le fait quotidiennement parce que la weed est « le plus souvent néfaste »: « Quand on fume, faut pas se leurrer, on ressemble à une loque ».
bqhidden. Les femmes devraient toujours être dans la complémentarité, toujours en creux par rapport aux hommes
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