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    16/11/2011

    « Ça me prend plus de 3 heures par jour, 7/7 jours  »

    Demosphère: 40.000 visiteurs par mois... et Marcel

    Par Robin D'Angelo

    Le site préféré des alters Demosphère recense plus de 10 événements par jour en Île-de-France et a même conquis la Grèce. Derrière l'agenda il y a Marcel, développeur qui fait presque tout seul comme surveiller l'extrême-droite néo-paganiste.

    Si cette semaine tu voulais débattre sur « la résistance non-violente en Cisjordanie » ou apporter ton soutien à « Nono la Patate dans son combat contre la scientologie », c’est sur le site Demosphere.eu que tu devais aller. Créé en 2007 le site qui se présente comme « l’agenda alternatif de la région parisienne » recense chaque jour les rendez-vous militants « plus à gauche que le PS ». Soit 16.516 événements depuis 4 ans et demi, une moyenne supérieure à 10 par jour.

    A la permanence Paris Centre de Attac, Demosphère a conquis les cœurs: « C’est un site vraiment très pratique. Et tous les militants que je connais y vont régulièrement ». Un must donc si tu es pour la taxe Tobin.

    Anti-système, unissez-vous Demosphère c’est Marcel. Ou du moins c’est comme ça qu’il se présente à StreetPress: « Je ne veux pas me retrouver à chercher du boulot et à voir ma vie militante étalée sur le web en donnant mon nom ».

    Pourquoi Demosphère ? Le libertaire anar’ à lunettes et gros pull de montagne, passé par la Fédération Anarchiste ou Zaléa TV réfléchissait avec un camarade au moyen de se rendre « le plus utile pour les militants ».

    « On est tombé sur cette idée d’agenda militant qui manquait. Il en existait mais très spécialisés ou pas très fournis. Le but de Demosphère c’est qu’on couvre plein de sensibilités politiques différentes et plein de domaines. »

    Plein de domaines, tu l’as dit bouffi. Car « du mouvement pour la Paix au Mexique » aux réunions mensuelles d’Attac en passant par « l’Assemblée Générale des stagiaires à l’IUFM de Torcy » , rien n’échappe à Demosphère. Marcel explique avec son léger accent du Sud-Ouest:

    « L’idée c’est de montrer que les injustices ce n’est pas que dans des domaines ponctuels mais que c’est tout un système qu’il faut remettre en cause. Quelqu’un qui entre dans la contestation pour les sans-papiers, il va trouver sur Demosphere des rendez-vous sur les sans-papiers mais aussi voir d’autres choses. »

    Les injustices ce n’est pas que dans des domaines ponctuels mais c’est tout un système qu’il faut remettre en cause

    J’ai un boulot à mi-temps et le reste du temps je le consacre à Demosphère

    Marcel sans son orchestre Aujourd’hui Demosphère c’est 40.000 visiteurs uniques par mois pour un seul homme. Marcel, 38 ans, est tout seul à bosser sur le site: Du logiciel qu’il a créé pour récupérer les rendez-vous à l’éditing …. Ah non, le graphisme c’est un ami à lui qui a donné un coup de main. Quand même.

    « D’un point de vue militant c’est une situation dysfonctionnelle. J’aimerais bien que ça soit un collectif ouvert avec plus de gens qui participent. Là j’ai un boulot à mi-temps et le reste du temps je le consacre à Demosphère. »

    Le gros du taf: la saisie des rendez-vous qui lui prend « plus de 3 heures par jour, 7 jours sur 7 ». Marcel vérifie et édite toutes les dates que publie Demosphère. Il utilise un outil de publication de contenus libre, Drupal , qu’il a customisé:

    « Sans outil pour gérer le workflow ce n’est pas humainement possible. Une fois que le logiciel chope une page web ou une liste de diffusion il peut l’analyser pour trouver ce qui est un rendez-vous ou pas. C’est un peu technique mais ça nous aide beaucoup. »

    C’était un rendez-vous à Sciences-po pour un évènement anti-spéciste. Moi je n’y connais rien !

    Rouges-bruns Un seul homme pour 10 rendez-vous quotidiens ce n’est pas un peu beaucoup ? « Oui des erreurs ça arrive ». Et notre Anargeek de citer la fois où il avait donné rendez-vous avec « un militant d’un groupe d’extrême-droite néo-paganiste . »

    « C’était un rendez-vous à Sciences-po pour un événement anti-spéciste. Moi je n’y connais rien ! »

    Et quand il annonce les manifestations des conspirationnistes de ReOpen 911 ?

    « Je les ai contactés, et ils se sont justifiés point par point . Ce n’était pas concluant ce qu’on disait sur eux. Vous savez, c’est un peu l’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’ours … Avec ce genre d’argument on peut dire que tout le monde est d’extrême-droite ».

    Dans la liste des sites dont se sert Demosphère pour son agenda, le très controversé Grand Soir auquel participe Michel Collon. Marcel se justifie: « Il me faut des preuves que ce sont des ‘rouges-bruns’. Oui ils sont très anti-impérialistes mais il faut éviter de faire des amalgames et tomber dans la paranoïa. » C’est Élisabeth Lévy qui doit être contente.

    C’est un peu l’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’ours … Avec ce genre d’argument on peut dire que tout le monde est d’extrême-droite

    Vers la Grèce et au-delà Depuis 2009 Demosphère a ouvert en Grèce sous le nom de Kinimatorama , « un nom propre mais je crois que ça ne veut pas dire grande chose. C’est un très gros site ». D’autres franchises existent à Bruxelles, Toulouse, Marseille, Angers, Montpellier, en Ariège et en Gironde. Marcel explique: « Je m’occupe de la partie technique pour l’ensemble des sites mais sinon chaque collectif est indépendant »

    Et le développeur-libertaire d’être débordé par le succès: « Le code de Demosphère est devenu tellement gros … presque plus que Drupal. En ce moment la grande question c’est de se demander si on ne va pas quitter Drupal et faire carrément un logiciel séparé. »

    Et faire de l’argent ?

    « C’est un logiciel libre, chacun peut le télécharger ! Bon pour un soutien technique, il faut voir. Mais ce n’est certainement pas le but ! »

    Marcel a un regret: avoir appelé son site Demosphère. « Si c’était à refaire je prendrais un autre nom ! Plus court et plus percutant. »

    Le code de Demosphere est devenu tellement gros … presque plus que Drupal. La grande question c’est de se demander si on ne va pas faire carrément un logiciel séparé.

    Edit du 16.11.11 Marcel tient à préciser qu’il n’a jamais référencé des évènements organisés directement par Le Grand Soir ou Michel Collon mais qu’il suit la liste des rendez-vous annoncés chez eux. « On les regarde au cas par cas. Et dire qu’on publie du Michel Collon ce ne serait pas vrai. »

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