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    11/09/2010

    Alice explique à StreetPress pourquoi il faut décomplexer les Frenchies avec la Soul

    Alice Russell: « Me, Myself & I »

    Par Géraldine Clermont

    Elle a joué aux côtés de Massive Attack ou de Norman Jay, mais c'est son album Pot of Gold (2008) qui l'a propulsée comme nouvelle diva de la Soul anglaise. Alice Russell sera en tournée à partir d'octobre, avec plusieurs dates en France

    Ses cheveux blonds platine lui donnent un faux air de Gwen Stefani. Mais Alice Russell a vraiment la classe d’une diva de la soul. Chanteuse aux multiples facettes, la jeune britannique nous fait redécouvrir son dernier album « Pot of Gold ». Le week-end dernier, dans un Cabaret Sauvage attentif qui n’attendait que son énergie pour rugir et reprendre en cœur les paroles de sa nouvelle chanson Citizen, elle nous accueille toute souriante dans les jardins de la salle parisienne. Entretien avec cette business woman & nouvelle princesse de la soul anglaise.

    Salut Alice, comment vas-tu?

    Un peu stressée, parce que je fais un peu tout moi même en ce moment. Au lieu de pouvoir composer et chanter, et bien, je fais tout le reste ! Mais là ça va mieux, il fait beau sur Paris et j’ai hâte de monter sur scène!

    Tu vas jouer dans quelques heures à Jazz à la Villette dans un set acoustique. Est-ce une nouvelle manière d’aborder ton dernier album Pot of Gold ?

    Cette date fait suite au concert mémorable que nous avons donné à Union Chapel en Angleterre, en mai dernier. Suite à cela, nos fans et nos amis voulaient entendre une version acoustique de l’album. Cela me permet aussi de dévoiler une autre partie de moi. J’adore expérimenter le coté doux des chansons soul, tout autant que le coté « Whouararahooou »! Et lorsque j’aime un artiste, j’aime l’entendre dans quelque chose de différent. Alors quand Paris nous l’a demandé, on s’est dit : allez, c’est parti ! Même si à la base, ce n’était pas prévu.

    Tu sors bientôt ta nouvelle chanson Citizens, bien plus pop que les précédentes. Comment a-t-elle vu le jour?

    C’est une musique de Syl Johnson qu’on adorait tous les deux. J’adore ce qu’il fait. Toutes la partie instrumentale donnait un côté assez pop. On a ensuite écrit les paroles et la mélodie. On a fait ça près de chez moi, en Angleterre. Cette chanson est devenue beaucoup plus pop par rapport à l’autre album qui avait été enregistré en partie en live. Là, c’est un enregistrement produit en studio, ce qui donne ce son plus pop je présume. C’est plus court, plus accrocheur.

    Un prochain album donc en perspective ?

    Je reprends en ce moment mes chansons avec le DJ et l’auteur compositeur TM Juke, également mon producteur. Nous avions sorti « Pot of Gold » en 2008 avec Differ-ant
    , après avoir quitté le label Tru-Thoughts
    . Cet album a été une vraie accélération dans ma carrière. Nous avons beaucoup tourné tout en travaillant sur de nouvelles chansons…Le prochain album sera un peu plus électronique, plus expérimental. D’un autre côté, nous avons aussi toutes ces chansons déjà écrites et beaucoup plus souls. On n’arrête pas ! La tournée d’octobre sera donc l’occasion de jouer Pot of Gold, Citizens et tout un tas de chansons qui n’ont pas encore été entendue. Elle servira de plateforme expérimentale. Car même en studio, la chanson reste en quelque sorte dans votre tête. Les chansons ne peuvent pas vraiment prendre vie tant qu’elles n’atteignent pas le public et que vous puissiez enfin voir sa réaction. C’est donc très excitant de faire cette tournée avec toutes ces nouvelles choses à montrer. Ça me motive à fond !

    Alice Russell, la life:

    1975 Alice naît en Angleterre
    1994 Les premiers coups d’archers d’Alice sur son violon
    2001 Pose sa voix sur The 5th Exotic, l’album de Will Holland
    2004 Premier album, Under The Munka Moon, chez Tru Thoughts
    2006 – 2007 Alice enchaîne scenes et featurings avec Massive Attacks, Femi Kuti, De La Soul
    2008 Sortie de Pot of Gold

    Tu as créé ta propre boîte musicale Litlle Poppet Records après avoir collaboré plusieurs années avec le label Tru-Thoughts. Comment fais-tu pour concilier tout ça ?

    La grande différence, c’est que je n’ai désormais personne pour manager. C’est un peu difficile parfois. En même temps, cela permet de vous rappeler à quel point nous sommes chanceux de faire ce que nous aimons. Alors c’est un peu du me, myself & I. Donc, s’il y’a un problème, c’est tout pour ma pomme. C’est une bonne chose car je pense que tous les musiciens ont besoin d’être confronté à tous les pendants de l’industrie musicale. Ça peut foutre un coup au moral parfois. Prendre du temps pour vous consacrer au côté créatif, écrire…tout ça ne devient plus forcément possible. Mais je vais trouver quelqu’un pour m’aider rapidement, un ange tombé du ciel pour pouvoir revenir au studio ! Etre stressé peut aussi parfois avoir du bon. Vous êtes tellement désespéré d’écrire que tout devient alors plus urgent et donc plus puissant…!

    Tu as chanté avec le groupe de rap Français Hocus Pocus sur leur très sarcastique chanson Beautiful Loser. Comment s’est passée cette collaboration ?

    Superbes paroles, n’est-ce pas ! Un de leurs amis chanteur est sorti avec l’une de mes amies du label de Tru-Thoughts. Ils nous ont en quelque sorte mis en contact. C’était donc plutôt cool comme rencontre. Il m’a fait parvenir le titre, puis je suis venue à Paris pour la journée. Nous l’avons ensuite enregistrée et la chanson est sortie sur l’album 16 Pièces. J’ai récemment joué avec eux aux Francofolies. C’est une bande de potes très soudée, avec toute une famille de musiciens qui gravitent autour. Leur spectacle est brillant et ça a été une superbe expérience de chanter avec eux. Ils ont une énergie incroyable.

    Tu as fait de nombreuses reprises qui ont très bien marché comme Crazy de Gnarls Barkley, Seven Nation Army des White Stripes, 4 Hero de Hold it Down. A ton tour, aimerais-tu être reprise par quelqu’un en particulier?

    Prince… Non, je plaisante ! Tu sais quoi ? C’est une très grosse question…on y revient plus tard ? Faut que je réfléchisse.

    Tony Blair, ancien premier ministre britannique a déclaré dans ses mémoires que Bono, le chanteur du groupe U2, aurait pu être premier ministre s’il n’avait pas choisi de continuer dans la musique. T’en penses quoi ?

    Je pense que c’est le genre de commentaires qui en dit long sur ce que sont les politiciens. Au bout du compte, tu réalises que la plupart du temps ce sont de grands acteurs. Ils agissent comme au théâtre et se cachent ensuite derrière autre chose pour maintenir le calme. Ce qui rend donc ce commentaire assez intéressant…mais Bono…. ? Je ne vois pas comment je pourrais être à l’aise avec cela. Je préférerais qu’il continue à chanter. Sans rancune Bono ! Je veux dire « we love you baby »…

    Moi qui suis Française, pourrais-je tout de même être une bonne chanteuse de soul ?

    Je pense qu’il est possible d’être un bon chanteur saoul d’où que tu viennes. Parce que la musique soul se retrouve dans tous les genres musicaux. Même Edith Piaf, si vous écoutez sa voix, c’est une voix soul. Parce qu’elle est remplie d’émotion, de sentiments humains. C’est ce que le chant soul exprime. A l’heure actuelle, la musique soul est aussi l’expression de l’oppression et des préjugés que l’on retrouve dans toute société…C’est un moyen d’exprimer nos émotions, et c’est pourquoi je pense que l’on retrouve de la soul dans tous les genres musicaux. Ce qui veut dire : peu importe d’où tu viens, nous venons tous du même endroit au final…

    Une idée pour la reprise alors ?

    Voilà, j’y ai pensé et c’est Bobby Mcfarrin (Don’t worry, be happy) ! J’adore ce qu’il fait. J’aimerais qu’il fasse une reprise en a capela de l’un de nos titre. Tu sais, comme il sait le faire, tout en rythmique. J’aimerais beaucoup qu’il le fasse sur notre titre « Munkaroo ».

    On lui fera passer le message !

    J’adorerais, dites lui ça !

    «J’aimerais bien être reprise par Bobby Mcfarrin, j’adore ce qu’il fait»

    Source: Géraldine Clermont | StreetPress

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