Difficile de comprendre le streetfighting autrement qu'en étant dedans. Du coup, un combattant expérimenté raconte sa baston la plus mémorable... Mais attention : « l'univers du streetfighting n'a rien à voir avec Fight Club »
16 h. Montréal, station Berri, en retournant à la maison, j’avais remarqué un gars qui mangeait à la pizzeria à l’intérieur du métro, sortie place Dupuis. Il avait l’air dur, combattant, presque militaire. Son look avait piqué ma curiosité.
Sans réfléchir, je me suis approché de sa table et me suis invité à prendre place. Il m’a regardé m’asseoir, surpris, se demandant ce que j’allais lui dire.
- Straight fight dans la ruelle ?
- Tu veux te battre ?
- Oui.
Même si je ne le connaissais pas, je savais qu’il allait accepter. J’ai du flair pour ça. D’ailleurs, c’est souvent comme ça que les batailles commencent dans l’univers du street fighting : par un gut feeling , une intuition que l’autre pense comme soi, qu’il a le goût de se battre. Entre nous, on se reconnaît. Parfois, on n’a même pas besoin de dire qu’on est prêt. Un seul regard suffit.
On va mettre tout de suite les choses au clair. L’univers du streetfighting n’a rien à voir avec le film Fight Club. On ne parle pas de batailles organisées dans des garages avec des gars qui prennent des paris sur le gagnant (même si ça existe à Montréal). Là, on parle de combats improvisés, qui peuvent avoir lieu à tout moment entre deux adversaires qui ne se connaissent même pas. Juste pour le kick. On se rencontre dans un bar, on se sent, on se bat. Comme ce jour-là.
Avant d’aller dehors, je me suis quand même entendu avec lui sur les règles du jeu, qui sont toujours les mêmes pour chaque combat.
- Un contre un, sans arme, et si l’un ou l’autre gagne et est en position de maîtriser l’adversaire, on arrête le combat.
- OK. Mais je finis ma part de pizza avant.
Je l’ai regardé manger tranquillement. Il n’avait pas l’air nerveux ni impressionné par mon bon mètre quatre-vingt, 86 kilos. Et j’ai compris pourquoi lorsqu’il s’est levé : il avait au moins une tête et demie de plus que moi. Mais je n’allais pas reculer à cause de sa grandeur. Surtout que c’est moi qui lui avais lancé le défi, donc bon…
Dans ce numéro spécial rue, la petite histoire de Sesame Street, une virée en immersion avec une patrouille de police, une journée avec un sans-pap’ vendeur de bières à la sauvette, ou encore la vraie vie d’un vidangeur.
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