Le 10 Mai, c'est le jour des commémorations de l'abolition de la traite des noirs. Un devoir purement symbolique pour l'association Diverscités qui milite pour les pays oppresseurs versent des réparation. « Car la morale y'en a marre !»
Lundi à 16h30, l’association Diverscités organisait une conférence de presse au Sénat pour lancer sa campagne afin que le Portugal, la Hollande, l’Espagne, le Danemark et l’Angleterre reconnaissent la traite des noirs comme crime contre l’Humanité. Un peu trop ambitieux pour le coup – la salle du Sénat n’avait jamais été réservée – la conférence s’est finalement tenue dans un café à proximité du Luxembourg. Devant 5 personnes. Glop.
La peur des réparations effraie les pays
Karfa Diallo, le président de l’association, n’est pas découragé pour autant et explique les moyens mis en œuvre pour mettre la pression sur lesdits pays. « Nous sommes en contact avec les ONG des principaux pays, pour faire du lobbying pour que ces états là puissent adhérer à cette déclaration ».
D’ailleurs pourquoi l’Espagne ou l’Angleterre par exemple, n’ont-ils jamais reconnu la traite des noirs comme un crime contre l’Humanité? Pour Karfa, c’est parce que « nous sommes dans une Humanité qui a complétement oubliée la traite des noirs et l’esclavage. C’est une histoire banalisée que l’Europe ne reconnait pas suffisamment ». Il ajoute: « Les blocages tiennent de ces pays qui ont peur de la question des réparations».
Le 10 mai: Journée de commémoration de la traite des noirs
En 2006, l’Etat français fait du 10 mai la date nationale de la Commémoration de la Déportation des Africains. Mais déjà depuis 2001, beaucoup d’associations comme Diverscités ou le Collectif des Filles et Fils d’Africains Déportés (COFFAD) organisent des marches parrallèles, exigeant « une réparation de ce crime ».
Inscrire la condamnation de la traite dans le droit et non dans la morale
La réparation, c’est l’autre priorité de l’association. Elle doit aller de paire avec la reconnaissance de la traite. Louis Sala-Molins, auteur du livre Code noir ou le calvaire de Canaan, pense même qu’elle doit se matérialiser dans «une indemnisation».
Il reproche à la loi Taubira – qui reconnaît l’esclavage comme crime contre l’Humanité – d’être cantonnée à un aspect purement moral. « Mais il y en a marre de la morale, s’énerve Louis. Ce n’est pas l’affaire du Parlement la morale. L’affaire du parlement, du sénat, de la Nation, c’est le droit. Le thème des suites de l’esclavage ce sont donc les réparations, la morale n’a rien à faire!».
La question qui se pose, c’est sur la forme que doit prendre de cette indemnisation. Le collectif Diverscité propose par exemple la restitution à Haïti des 90 millions or réclamés par la France en dédommagement des négriers. Mais pour Louis Sala-Molins une chose est sûre: se cacher derrière le prétexte de la complexité du problème des réparations serait un aveu de faiblesse de la part d’une démocratie.
La loi Taubira
La loi Taubira est une loi française proposée par Christiane Taubira, députée de la Guyanne en 2001. La loi reconnait la traite et l’esclavage des noirs comme crime contre l’humanité. Découpée en 5 articles, elle énonce la reconnaissance de l’esclavagisme en tant que crime contre l’humanité (article 1er), l’insertion de ces faits dans les cours d’histoire (article 2), et le devoir de mémoire.
Source: Manuella Ancklaert | StreetPress