Le négationniste Robert Faurisson revient de Téhéran où il a reçu un « premier prix » des mains d'Ahmadinejad, en marge du Festival International du Film. Un séjour pendant lequel a régné une « bonne entente », nous confie une participante.
Le négationnisme ça a aussi du bon. Jeudi 2 février, l’historien Robert Faurisson, pour qui les chambres à gaz restent une « rumeur », a reçu des mains de Mahmoud Ahmadinejad le « premier prix du courage, de la résistance et de la combativité », en marge du 30e Festival International du Film de Téhéran . Un beau prix avec voyage au pays du caviar et audience privée avec le président iranien à la clé pour le chef de file des révisionnistes européens.
Fofo et Dieudo au soleil
Un air de colonie de vacances pour ce voyage entre potes sous le soleil de Téhéran. Une troupe enthousiaste venue de France : Robert Faurisson – surnommé « Fofo » si l’on en croit les légendes des photos prises sur place, emmenait avec lui Dieudonné et l’universitaire à la retraite Maria Poumier, une autre habituée des milieux négationnistes, qui raconte à StreetPress :
« On a eu un discours très beau de Mahmoud Ahmadinedjad et la bonne entente entre les participants a été remarquable. »
La petite troupe au restaurant ou attentive pendant les conférences
Côté français, 2 joyeux lurons manquaient à l’appel pour que la troupe soit complète : l‘« historien spécialisé dans la détection des mystifications » Paul-Eric Blanrue dont le récent film sur Faurisson était à l’honneur mais Blanrue est resté « bloqué par la neige à Istanbul », nous explique Maria Poumier. Et Vincent Reynouard, le premier militant condamné en France à de la prison ferme pour son activisme niant l’existence des chambres à gaz, qui ne peut quitter le territoire car sous contrôle judiciaire dans le cadre d’une autre affaire de négationnisme. Un portrait de Vincent Reynouard avec l’inscription « Liberté pour Vincent Reynouard » trônait dans le hall d’entrée de la conférence.
Hollywoodisme et cinéma
C’est à la 2e conférence internationale sur « l’Hollywoodisme et le cinéma », programmée dans le cadre du 30e Festival International du Film de Téhéran que nos Français retrouvent Mahmoud Ahmadinejad, flanqué de caciques du pouvoir iranien. Une soixantaine de personnes réunies pendant 4 jours pour évoquer « le rôle de l’Hollywoodisme dans la décadence humaine » ou « l’Hollywoodisme et l’holocauste ». Quatre rabbins antisionistes de la secte Neturei Karta étaient aussi de la partie, installés au premier rang.
Des Américains avaient aussi fait le déplacement à ce winter camp : Le journaliste « conspiratologiste » Webster Tarpley, pour qui les attentats du 11 septembre sont le fruit d’un complot interne et longtemps membre éminent du parti de Lyndon Larouche (dont la branche française est représentée par Jacques Cheminade ). Et une star parmi les stars : Sean Stone, le fils du réalisateur américain Oliver Stone.
La conférence sur « l’Hollywoodisme et le cinéma » inscrite au programme du Festival du film de Téhéran a donc été l’occasion de remettre un « premier prix » à Robert Faurisson. Le « deuxième prix » est allé à Vincent Reynouard qui depuis la France avait fait parvenir un exposé sur le thème « les films hollywoodiens légitiment le sionisme et appellent clairement à la guerre contre les pays accusés d’être une menace pour l’Israël ». Dieudonné, qui n’arrivera qu’au deuxième jour de la conférence, ne figure donc pas sur la photo avec Mahmoud Ahmadinejad.
Star de la conférence : Sean Stone, le fils d’Oliver Stone
« Il y a eu énormément de médias iraniens et arabes pendant la conférence. On a donné une quantité incroyable d’interviews », se souvient Maria Poumier qui refuse de se considérer instrumentalisée par le pouvoir iranien : « Bien au contraire, on se demandait tous comment protéger l’Iran mais Ahmadinejad ne nous a pas du tout parlé de ça, son discours portait sur la constructions de logements sociaux en dans le pays ! » Sur le négationnisme, Poumier estime que l’Iran « choisit une ligne qui lui semble soutenir les Palestiniens. Et il est dans l’intérêt des Palestiniens qu’on en finisse avec ces mensonges. »
L’Iran et l’extrême droite made in France
Il n’y a pas que le Qatar qui investit en France ! Pas de PSG ou de droits TV du foot pour la république islamique iranienne mais un soutien appuyé à l’extrême droite, aux négationnistes et aux antisionistes de tous poils. Dans ce cadre, l’invitation de la bande à Faurisson et de Dieudonné début février est l’illustration d’un rapprochement qui court depuis le milieu des années 1980. En 1987, Le Monde avait ainsi publié une copie du chèque de 120.000 Francs signé par le numéro 2 de l’ambassade d’Iran, Wahid Gordji, à l’ordre des animateurs de la librairie néonazie Ogmios.
La proximité de longue date des dirigeants de la Nouvelle Droite avec l’Iran était encore d’actualité au printemps de l’année dernière : On avait vu Alain de Benoist, le penseur de la Nouvelle Droite côte à côte à table avec l’ambassadeur iranien à Paris. La rencontre était organisée par le journal Flash, où signaient des plumes de l’extrême droite radicale et qui n’avait jamais eu de difficulté à obtenir des entretiens avec des pontes du régime des mollahs. Le premier long métrage de Dieudonné « L’antisémite » sorti en janvier est également financé par des fonds iraniens.
Rien n’a filtré de ce que se sont dit Faurisson et Ahmadinejad pendant l’audience privée que le président a accordée à l’historien négationniste. L’historien sera au moins rentré en France avec dans ses bagages le prix qu’il a reçu pour l’ensemble de son œuvre :un recueil de poèmes enluminé. C’est déjà ça de gagné.