09/01/2025

Kaaris, Fary et Djadja et Dinaz mangent chez lui

Bakary, cuisinier des stars dans sa chambre de 17m2

Par Samuel Alerte

Bakary Boudou a transformé la chambre de son foyer en resto à emporter de thieb. Dans son quartier de Belleville, le Mauritanien est devenu une référence et sert même Kaaris, Fary ou Djadja et Dinaz. Il vient d’ouvrir son restaurant.

« Il te reste une barquette de thieb ? », lance un habitant à travers la fenêtre de la petite chambre de Bakary. « C’est le meilleur thieb de Paname ! », assure celui qui passe commande plusieurs fois par semaine. De l’autre côté de la pièce, Bakary termine de fermer ses barquettes et tourne dans son petit espace entre le four, le frigo, la friteuse et son évier :

« En tout, ma chambre fait 17m2. Mais je suis un acteur, je peux faire à manger même dans une cabine téléphonique. »

Après avoir découpé son poulet et préparé son riz, Bakary lance ses bananes plantains dans la friteuse, sans oublier d’ajouter sa sauce « secrète ».

Sa passion pour le thieb lui vient de sa maman, restauratrice en Mauritanie. Alors quand le Covid19 confine tout le monde chez lui, Bakary retrouve sa passion d’enfance : la cuisine. Les odeurs parcourent rapidement le foyer. Petit à petit, les résidents toquent à sa porte pour venir récupérer une barquette de thieb poulet, agneau ou oignons fait maison, puis tout le quartier.

Le jeune homme est arrivé en France en 2003. Sans papier pendant sept ans, il enchaîne les petits boulots dans la restauration et va même jusqu’à cumuler trois emplois en même temps. « Quand tu es sans papier, tu es mal payé, tu n’es pas bien accueilli, et le salaire que tu mérites on ne te le donne pas. C’est un handicap », raconte celui qui a travaillé 7 jours sur 7 sans aucun jour de congé.

Aujourd’hui ce sont les stars Djadja et Dinaz, Fary, ou Brulux qui viennent s’asseoir sur son lit pour déguster son fameux thieb. Bakary, fier, raconte :

« Kaaris c’était la première fois qu’il mettait les pieds au foyer. Quand il est venu, il y avait trois grosses voitures, une quinzaine de gardes du corps. C’était des voitures à la Michael Jackson ! »

Sous les conseils de ses amis, Bakary a fini par trouver un local pour ouvrir son propre restaurant mi-février. Les larmes aux yeux, il précise :

« Je viens de très très très loin. Je n’aurais jamais cru que j’en arriverais là. Je suis très fier, il n’y a que le travail qui paye. »