03/07/2024

À 73 ans, il a copiné avec la crème des négationnistes et pétainistes français

Dans le Finistère, le candidat RN compare les joueurs de l’équipe de France à des « clandestins »

Par Arthur Weil-Rabaud

Candidat du Rassemblement national dans la 8e circonscription du Finistère, Christian Pérez a longtemps frayé avec des négationnistes et des pétainistes. Il publie également des messages à caractère raciste sur son compte Facebook.

« J’ai cru voir des clandestins repartir chez eux et là paf, c’était que la pseudo-équipe de France qui partait au Qatar. » Ce message raciste a été publié sur les réseaux sociaux par Christian Pérez la veille de la Coupe du Monde de football, le 19 novembre 2022. L’homme est actuellement en course pour les élections législatives, couleur Rassemblement national (RN), dans la 8e circonscription du Finistère. Plus récemment, le 3 mars 2023, toujours sur Internet, le candidat s’est gargarisé d’avoir donné des « conserves à base de porc » aux Restos du cœur, photo de boîtes de saucisses de Toulouse aux lentilles et de choucroute garnie à l’appui. Il conclut son message d’un « les initiés comprendront ». Un post islamophobe peu subtil, partagé sous couvert d’humour.

Ce message raciste a été publié sur les réseaux sociaux par Christian Pérez la veille de la Coupe du Monde de football, le 19 novembre 2022. / Crédits : Capture d'écran Facebook


Plus récemment, le 3 mars 2023, toujours sur Internet, le candidat s’est gargarisé d’avoir donné des « conserves à base de porc » aux Restos du cœur. / Crédits : Capture d'écran Facebook

Ce dimanche 30 juin, Christian Pérez est arrivé en tête du premier tour avec 30,80% des suffrages. Outre certaines pages « aimées » par le candidat, révélées par nos confrères de Libération, le vieux briscard de plus de 70 ans n’hésite pas à tenir sur son compte Facebook des propos aux relents racistes et islamophobes, appelant même parfois au meurtre. En 2019, il publie une image de Daniel Craig, fusil en main, tirée du film Skyfall. En commentaire, il écrit :

« Je n’ai rien contre la chasse et ne supporte pas les attaques contre cette tradition. Je n’ai juste plus envie de la pratiquer, je rêve d’une autre chasse impossible à nommer ici [émoji clin d’oeil]. »

Au-delà de ses activités sur les réseaux sociaux, le candidat est un militant de longue date du Front national (FN), puis du RN. Au cours de sa carrière, il a fréquenté les sphères les plus radicales de l’extrême droite française et a longtemps frayé avec des négationnistes et des pétainistes.

En 2019, il publie une image de Daniel Craig, fusil en main, tirée du film Skyfall. En commentaire, il écrit : « Je n’ai rien contre la chasse et ne supporte pas les attaques contre cette tradition. Je n’ai juste plus envie de la pratiquer, je rêve d’une autre chasse impossible à nommer ici. » / Crédits : Capture d'écran Facebook

Négationnistes et antisémites

Retour en arrière, 13 ans plus tôt, en octobre 2011. Christian Pérez est en milieu de table pour le 14e Forum de la nation, qui se déroule dans le parc de la Tête d’or, à Lyon (69). Cette journée annuelle est organisée à l’appel de Jeune Nation, site d’information nationaliste proche de l’Œuvre française – mouvement mêlant néofascisme, pétainisme et antisémitisme dissout en 2013 – et qui en revendique l’héritage. Des drapeaux frappés de la croix celtique – symbole néofasciste et suprémaciste – sont affichés autour, face à la foule. Il y a Vincent Reynourd, militant négationniste multirécidiviste ; mais aussi Yvan Benedetti, un homme politique tout juste exclu du FN pour avoir revendiqué être « antisémite et anti-juif ». Debout, au micro, il y a Jérôme Bourbon, directeur du journal antisémite et négationniste Rivarol. Parmi les autres invité, il y a Pierre Sidos, fondateur de l’Œuvre française ; André Gandillon, directeur du journal Militant créé par le Waffen-SS et premier trésorier du Front national ; des membres du Cercle des amis de Léon Degrelle, Waffen-SS et collaborationniste belge. Une journée ponctuée par un hommage privé à Philippe Pétain – qui a donc collaboré avec le régime nazi entre 1940 et 1944.

Christian Perez (deuxième en partant de la droite) participe en octobre 2011 au 14e Forum de la nation, en compagnie de Jérôme Bourbon, directeur de Rivarol, à la tribune, Yvan Benedetti, exclu pour antisémitisme du FN et Vincent Reynouard, militant négationniste multirécidiviste. / Crédits : DR

À l’époque, Christian Pérez a déjà été élu Front national – il a été président du groupe FN du conseil municipal de Courbevoie entre 1989 et 1995 –, est passé par le Mouvement national républicain de Bruno Mégret – ex-numéro deux du FN exclu en 1998. En 2011, Christian Pérez est président du Parti Populiste (PP), qu’il a cofondé et qui vise à la réconciliation avec le FN, suite à la scission de la fin des années 1990. Sous sa houlette, le PP organise chaque année son université d’été de rentrée et invite régulièrement des radicaux comme Pierre Vial, président-fondateur du mouvement suprémaciste blanc Terre & Peuple, ou Alain Soral, président d’Egalité & Réconciliation.

Et quand il n’invite pas, Christian Pérez se rend, par exemple, le 11 novembre 2010, à la 4e journée de Synthèse nationale, revue identitaire qui fait la liaison entre toutes les chapelles de l’extrême droite radicale. Invité à s’exprimer à une table ronde intitulée : « Comment combattre l’invasion ? » – comprendre, « l’invasion migratoire » –, Christian Pérez croise Thomas Joly, alors secrétaire général du pétainiste Parti de la France, et Serge Ayoub, leader du mouvement néofasciste Troisième voie, dissous suite au meurtre du militant antifasciste Clément Méric en 2013. Une belle brochette une fois de plus. Pas étonnant, donc, que le candidat aux législatives n’ait pas rompu avec la radicalité.

Contacté, Christian Pérez n’a pas répondu à nos sollicitations au moment de la publication de cet article.

Illustration de Une de Nayely Rémusat.

Propos racistes, homophobes, antisémites, complotistes, anti-IVG, liens avec des groupuscules radicaux… Retrouvez ici, la liste des candidats du Rassemblement national épinglés par StreetPress.

Combattre l’idéologie d’extrême droite est un travail de longue haleine qui nécessite des heures de travail. L’ensemble de ces articles sont en accès libre mais vous pouvez nous soutenir en faisant un don.

- Agnès Laffite, 7e circonscription de Seine-et-Marne. La candidate RN qui a plus peur de l’islam que du réchauffement climatique.

- Tiffany Joncour, 13e circonscription du Rhône. Ses amis de groupuscules identitaires violents l’aident à faire campagne.

- Josseline Liban, 2e circonscription du Calvados. Une nouvelle candidate RN raciste et complotiste.

- Julie Aprineca, 3e circonscription du Cher. La suppléante RN qui porte un t-shirt de suprémaciste blanc et qui s’affiche avec des skinheads néonazis.

- Ludivine Daoudi, 1ere circonscription du Calvados. La candidate RN à la casquette nazie qui est aussi membre du très raciste et antisémite Parti de la France.

- Pierre Gentillet, 3e circonscription du Cher. Le médiatique candidat RN pro-russe.

- Brice Bernard, 4e circonscription de Savoie. Le candidat RN qui aime la quenelle.

- Louis-Joseph Pecher, 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle. Le candidat antisémite de Ciotti et du RN.

- Julie Rechagneux, 4e circonscription de Gironde. La candidate RN qui fricote avec les néonazis.

- Nicolas Conquer, 4e circonscription de la Manche. Le candidat investi par Éric Ciotti et fervent supporter de Trump.