21/06/2024

Au temps béni des colonies

À Pau, une candidate RN fan de l’OAS, une organisation terroriste

Par Daphné Deschamps

Candidate dans la deuxième circonscription des Pyrénées-Atlantiques, Monique Becker est nostalgique de l’Algérie française et de l’OAS, organisation terroriste ayant fait plus de 2.700 victimes. C’est sa troisième investiture RN.

Monique Becker, la candidate Rassemblement national (RN) dans la deuxième circonscription des Pyrénées-Atlantiques à Pau, est une vétérante. Elle est entrée au Front national en 1985, a fait un aller-retour au Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, au moment de la scission avec le père Le Pen, mais elle est vite revenue dans le giron du FN, et n’en est pas repartie depuis. La candidate est surtout une nostalgique de l’Algérie française, soutien indéfectible de l’Organisation armée secrète (OAS), organisation terroriste ayant fait plus de 2.700 victimes durant la guerre d’Algérie.

Sur son compte Facebook, cette enseignante à la retraite partage quasi-quotidiennement citations philosophiques, opinions politiques et beaucoup de photos et vidéos sur le départ des pieds-noirs d’Algérie en 1962, à la fin de la guerre d’indépendance. Et parfois, elle dérape, et partage de longs textes à la gloire de l’OAS, une organisation terroriste clandestine créée en 1961 pour défendre la colonisation française en Algérie. Dans l’un d’entre eux, elle décrit l’OAS comme ayant été « créée par les plus glorieux officiers de l’armée française », et relativise les attentats de cette organisation terroriste. Si l’OAS a « abattu parfois après le 19 mars 1962, date des Accords d’Evian, des innocents [c’est] pour répondre aux enlèvements et aux assassinats ». Une autre fois, Monique Becker partage un post de Jean-Eudes Gannat, leader violent du groupuscule national-catholique dissout l’Alvarium, qui fait l’éloge du dictateur espagnol Franco et de son action « au secours des pieds-noirs oranais » en juin 1962.

Ici, Monique Becker partage un post de Jean-Eudes Gannat, leader violent du groupuscule national-catholique dissout l’Alvarium, qui fait l’éloge du dictateur espagnol Franco et de son action « au secours des pieds-noirs oranais » en juin 1962. / Crédits : DR

Du côté des pages Facebook likées par Monique Becker, on retrouve évidemment énormément de pages consacrées à l’histoire des pieds-noirs et des harkis, et des médias d’extrême droite, mais aussi nombre d’organisations islamophobes, comme « Vigilance Halal », « Lutter contre l’Islam », « Pas de mosquées avec nos impôts », ou encore « Tradition, Famille, Propriété », une organisation ayant « pour but de promouvoir dans l’opinion publique les valeurs fondamentales de la civilisation chrétienne qui forment sa devise, et de combattre – par des moyens pacifiques et légaux – la révolution culturelle athée, immorale et socialiste qui vise à les saper. » Tout un programme.

En 2022, à l’occasion de sa candidature précédente aux législatives, Monique Becker racontait dans un média local les raisons de son engagement au FN puis au RN : un « électrochoc » lié à la peur d’avoir en France « les mêmes problèmes » qu’en Algérie après la décolonisation. Elle évoque un « lien manifeste entre immigration et insécurité » autour de la frontière franco-basque avec l’Espagne, qu’elle justifie par son expérience dans l’enseignement. Un « lien manifeste » qu’aucune étude sociologique ne prouve.

Contactés, Monique Becker et le Rassemblement national des Pyrénées-Atlantiques n’ont pas donné suite à nos sollicitations.