21/05/2024

Il y a quelques mois, StreetPress révélait la présence de deux néonazis militaires à Belfort

Le scandale des néonazis de l'armée française

Par Christophe-Cécil Garnier ,
Par Samuel Alerte ,
Par Caroline Varon ,
Par Matthieu Bidan

Depuis des années, de nombreux cas de militaires néonazis ont été révélés par des journalistes. Des situations « très graves » selon le ministère des Armées, d’autant que certains sont impliqués dans des meurtres ou des préparations d’attentats.

Il y a plus de six mois, StreetPress révélait la présence de deux néonazis militaires au 35e régiment d’infanterie de Belfort. L’un d’entre eux publiait des photos glorifiant le 3e Reich et appelait même à « nettoyer le pays ». Mais ce n’est pas le seul. Depuis des années, de nombreux cas de militaires néonazis ont été révélés par des journalistes, notamment chez Mediapart. En juillet 2020, le média d’investigation révèle une dizaine de profils qui « font carrière » dans l’institution française. Moins d’un an plus tard, rebelote : cette fois, c’est plus de cinquante nouveaux cas de militaires néonazis qui sont abordés. De quoi parler de « filière » au sein de l’armée française.

À chaque fois, le ministère des Armées a reconnu que les faits soulevés étaient « très graves ». Pourtant, dans les actes, ça ne suit pas beaucoup et Mediapart a dénoncé un « laisser-faire ». « Les soldats qui ont potentiellement la devise de la SS tatouée sur le torse sont ceux qui patrouillent dans les gares et devant les synagogues ou les mosquées dans le cadre de l’opération Sentinelle », indique à StreetPress le journaliste de Mediapart Sébastien Bourdon.

Et comment oublier que Loïk Le Priol, un de ces militants néofascistes a été formé par l’armée ? Le meurtrier présumé de Federico Martín Aramburú en mars 2022 a aussi été au Groupe Union Défense. Et c’est là où ça se gâte pour l’armée. Car selon le journaliste de Marianne Paul Conge, Le Priol était au moment de son arrivée dans les forces spéciales déjà fiché S pour ses liens avec l’extrême droite la plus radicale.

Des militaires ont aussi été impliqués dans certaines affaires de projet terroriste d’extrême droite. En 2017 par exemple, le militant Logan Nisin est arrêté suite à un attentat qu’il prépare. Il a été condamné à neuf ans de prison. Dans ses messages à d’autres personnes d’extrême droite révélés par Politis, il se vantait :

« Chez nous, on a une bonne partie d’anciens militaires (…) Dans l’armée, des régiments entiers sont remplis de NS [nationaux-socialistes, des néonazis]. »

Illustration de Une par Caroline Varon.