Le groupuscule d’extrême droite Vengeance Patriote a posté des photos de ses militants aux côtés d’Assa Traoré et Alice Coffin, se vantant de pouvoir les approcher. Cette dernière annonce son intention de porter plainte.
Dimanche 29 novembre au soir, le groupuscule d’extrême droite Vengeance Patriote postait sur Twitter et Instagram trois photos de ses militants, prises pendant la manifestation parisienne de la veille. Sur la première image, quatre silhouettes, dont les visages sont masqués par le logo de l’organisation, encadrent la journaliste et militante lesbienne, élue au Conseil municipal de Paris, Alice Coffin. Sur la suivante, deux d’entre eux sont aux côtés d’une soutien de l’Union communiste libertaire. Et sur la dernière, l’un des militants d’extrême droite pose avec Assa Traore, figure de proue de la lutte contre les violences policières.
#VengeancePatriote #ÎleDeFrance ont participé à la manif contre la loi #sécuritéglobale hier
— Vengeance Patriote (@vengeance_p) November 29, 2020
L'identité de nos membres est protégée: ils se sont pris en photo avecalicecoffin</a>♀️ Assa Traoré <a href="https://twitter.com/UnionCoLib?ref_src=twsrc%5Etfw">
UnionCoLib sans être reconnus#Nationalisme #Patriotisme #France pic.twitter.com/Kt3pGnUr54
En guise de commentaire, on peut lire : « Des membres de Vengeance Patriote ont participé à la marche contre la loi liberticide Sécurité globale. Preuve que nous protégeons correctement l’identité de nos membres : ils ont pu [les] approcher ». Simple trollage ou menace à peine voilée ? Pour l’Union communiste libertaire (UCL), le message est clair :
« Ce groupe ne nous est pas inconnu puisque le 16 mai dernier, après avoir agressé un journaliste militant, il saccageait un bar de Montpellier. Nous ne sommes pas dupe et savons que derrière le ton moqueur résonne une énième menace de l’extrême droite. »
Le background de ce groupuscule d’extrême droite a en effet de quoi nourrir les inquiétudes. En octobre dernier, StreetPress lui consacrait une longue enquête. Ils sont près de 400 membres répartis sur le territoire français. Ils échangent et se structurent en ligne, sur des forums Discord, où ils fantasment leur prise de pouvoir après l’effondrement de la République. Mais ces adeptes du salut fasciste n’hésitent pas à délaisser leurs ordinateurs pour s’entraîner à la baston et au maniement des armes. Et selon nos informations, plusieurs de ses militants sont effectivement impliqués dans des agressions de journalistes.
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Alice Coffin porte plainte
Assa Traoré, comme Alice Coffin, se souviennent plus d’adolescents timides que de gros bras menaçants. « Il était tout rouge et bégayait », se souvient la militante du comité Vérité et Justice pour Adama. L’élue écologiste abonde :
« Ce garçon aux bouclettes blondes est venu me voir. Il m’a demandé si j’étais Alice Coffin. Je lui ai dit que oui et il est reparti. Il avait un air un peu curieux. »
Pour l’élue écologiste, « ce genre de message participe à écraser les forces militantes. Ça modifie nos prises de positions en public. En manifestation, ma pratique des luttes dans l’espace public va être modifiée ».
Sur les conseils de son entourage politique, Alice Coffin a décidé de porter plainte. Assa Traoré va, quant à elle, évoquer le sujet avec son avocat, maître Bouzrou, avant de décider d’éventuelles poursuites. En attendant, la militante a décidé de traiter l’affaire avec ironie. Sur Instagram, le comité a posté la photo d’un de ces jeunes d’extrême droite :
« On le considère aujourd’hui comme un soutien du Comité Adama et de ses luttes. On va faire une fresque avec tous nos soutiens, on le mettra dedans. En grand. »
De son côté l’UCL envoie Vengeance patriote « remplir les poubelles de l’Histoire. L’UCL continuera quant à elle bien évidemment à militer pour une société sans classes sociales et débarrassée du racisme et du sexisme ».
Contacté sur Twitter, Vengeance Patriote n’a pas répondu à nos questions.
Édit du 01/12 à 18h11 : Interrogé pour savoir si ces photos devaient être considérées comme une menace, le groupe Vengeance patriote a, ce 1er décembre au soir, finalement répondu à StreetPress. « Non, ce n’est pas une menace. C’était davantage une réponse à des accusations venant de groupes (généralement de droite) qui prétendaient que nous exposions nos membres. »
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