28/11/2016

« Si c’est comme ça, on votera Marine au prochain scrutin ! »

Avec les militants de droite recalés du QG de François Fillon

Par Juliette Hochberg

Pour fêter la victoire de leur champion, certains soutiens ont fait près d’une heure de route… avant de se faire recaler. Les videurs invoquent des risques d’intrusion de « l’extrême gauche ». Sur le trottoir, le peuple de droite se révolte.

Maison de la Chimie, Paris 7e – « On a des gueules de manifestantes ? » interroge une sexagénaire. La militante au brushing impeccable vient de se faire recaler à l’entrée du QG de François Fillon. Après 21h30, accès bloqué. Ordre de la direction qui, selon le videur, craint l’intrusion de militant de gauche radicale. « C’est vrai qu’on a franchement des têtes d’extrême-gauche ! » ironise sa voisine en trench Burberry, choquée d’être confondue avec « l’ennemi ».


Les militants privés de petits fours

Vidéo Cris de joie au QG de François Fillon
« C’est hallucinant » déplore une militante qui a participé au dépouillement de la primaire « dans un bureau de vote à Pétaouchnock ». Pendant que les petites mains de la primaire se font recaler, les élus, les journalistes – «le système politico-médiatique», dixit Fillon himself – et les riverains du très chic septième – « petit microcosme parisien qui croit tout savoir », toujours Fillon himself, squattent le carré VIP.

La base s’indigne :

« Nous, nous sommes des militants. On s’est levé à six heures du matin pour tenir un bureau. Super la reconnaissance… »

Mouvement social et menace de vote FN

Sur le trottoir de la rue Saint-Dominique, la contre-soirée s’organise. Les Fillonistes en colère pestent. Certains viennent d’aussi loin que Fillon dans les sondages, pour participer à sa fête. Un jeune en Stan Smith confie qu’il vient de passer quarante minutes dans les bouchons. Une femme s’improvise porte-parole du petit mouvement en marge de la Fillon party. Après quelques minutes de négociation avec les gros bras, elle se dresse devant les supporters qui continuent de se masser devant la Maison de la Chimie et leur annonce la mauvaise nouvelle :

« Personne ne peut rentrer. Même si on a bossé pendant des semaines et des mois. »

Les fidèles sont frustrés de n’avoir pu vivre jusqu’au bout leur grand soir. « On voulait juste ressentir la victoire », lâche l’un d’eux. D’autres menacent de se faire justice dans les urnes :

« Si c’est comme ça, on votera Marine au prochain scrutin ! »

Le candidat n’entendra rien ce soir de leurs menaces. Fillon vient de s’en aller pour l’after.