1 Le passif de son parti, le PRI
Gueule de quadra habitué des salles de sport, Enrique Peña Nieto se veut le visage d’un nouveau PRI. Mais le candidat à la présidence conserve toutefois dans son entourage des dinosaures du parti qui a confisqué le pouvoir de 1929 à 2000. Un parti responsable de la répression sanglante du mouvement étudiant de 1968, de moult fraudes électorales, et qui a
fait de la corruption un moyen pour maintenir son emprise sur le pays. Enrique Peña Nieto a par ailleurs grandi dans une famille pur PRI : Des ascendants de son père et de sa mère ont gouverné l’Etat de Mexico.
A noter que ces dernières semaines deux ex-gouverneurs du PRI ont fait l’objet de poursuites pour blanchiment d’argent et sont suspectés de liens avec le narcotrafic. Et lundi dernier , un candidat du PRI à la mairie d’une ville de l’Etat de Chiapas a abattu un militant du PAN (parti du président Felipe Calderon) qui avait le tort de diffuser de la propagande électorale. Les temps changent vous dites ?
2 La répression sanglante de la manifestation d’Atenco
Début mai 2006, une manifestation d’une organisation paysanne, à Atenco (Etat de Mexico) aboutit à de violents heurts avec les forces de l’ordre. La répression sera impitoyable : deux personnes sont tuées, dont un adolescent de 14 ans, et au moins 26 femmes sont abusées sexuellement. Les activistes arrêtés écoperont de peines allant jusque 67 ans de prison. En revanche, aucune condamnation pour les policiers coupables d’actes de torture et de viol.
En tant que gouverneur d’Etat, Enrique Peña Nieto avait ordonné l’intervention policière. Dédouané de responsabilités par la cour suprême, le candidat du PRI a toutefois assumé personnellement cette opération devant des étudiants de l’université jésuite ibéro-américaine, le 11 mai dernier. Résultat : de vives protestations au sein de l’assistance qui ont conduit Peña Nieto à quitter précipitamment l’estrade (à voir ci-contre). L’affaire a donné naissance au mouvement des #132 qui a changé la face de la campagne .
Déjà candidat en 2006, Lopez Obrador avait contesté la très courte victoire de Felipe Calderon et s’était considéré comme président légitime du Mexique. En 2012, il présente un profil beaucoup plus modéré en s’abstenant d’attaques virulentes contre l’Eglise et les milieux d’affaires. Ses détracteurs le présente comme un Hugo Chavez ou un Fidel Castro en puissance
Josefina Vazquez Mota, la candidate du PAN, traîne derrière elle le lourd bilan du président sortant Felipe Calderon, notamment les 60.000 morts provoqués par la guerre faite aux narcotraficants. Loin de faire l’unanimité au sein même de son propre parti, sa candidature n’a jamais décollé. Au point que Vicente Fox (PAN), premier président d’alternance (de 2000 à 2006) après plus de 70 ans d’hégémonie du PRI a appelé à voter pour Peña Nieto.
3 Le soutien de Televisa, le TF1 local
Pendant son mandat à la tête de l’Etat de Mexico, plus de 40 millions d’euros ont été versés à Televisa, le TF1 mexicain, pour de diffuser la propagande de Peña Nieto. C’est, en tout cas, ce qu’affirme l’hebdomadaire Proceso et Andres Manuel Lopez Obrador, son principal rival (de gauche) dans la course à la présidence. Des interviews complaisantes avec le présentateur vedette du journal télé auraient même été achetées. La semaine dernière, The Guardian reprenant Wikileaks a révélé que Televisa avait mis en place un ample plan de soutien à Peña Nieto, un candidat qui selon la chaîne se veut ni de gauche ni de droite, mais « pragmatique. »
Enrique chassé de la fac par les étudiants
4 La mort suspecte de son ex-femme et son mariage avec une star de la télé
Une absence d’Enrique Peña Nieto lors d’une interview avait généré une vive polémique. Interrogé en 2009 par un journaliste d’Univision sur les causes de la mort brutale de sa première épouse en 2007, EPN sèche, avant d’être orienté par le présentateur, et de parler d’une « sorte d’épilepsie. » Une cagade qui n’a fait que de donner du grain à moudre à ceux qui l’accusent d’avoir tuer son ex-femme . Pour d’autres elle se serait suicidée à cause des infidélités de son mari .
En 2010, l’ex-gouverneur de l’Etat de Mexico s’est remarié avec l’actrice de telenovelas, Angelica Rivera. Une union abondamment mise en scène par Televisa et qui a beaucoup fait pour la notoriété du politicien.
Enrique ne se souvient plus de quelle maladie est morte sa femme
5 L’oncle gênant
Arturo Montiel, son oncle, et prédécesseur à la tête de l’Etat de Mexico (de 1999 à 2005) a fait l’objet de nombreux signalements pour son soudain enrichissement. Notamment une enquête pour blanchiment d’argent qui n’a jamais abouti. La fortune de Montiel, qui vit à présent au Luxembourg, est estimée à 35 millions d’euros, une prospérité que ses revenus de fonctionnaire ne peuvent expliquer. Son ex-femme, la Française, Maud Versini, a menacé début janvier de révéler des faits de corruptions de son ex-mari s’il ne lui rendait pas ses trois enfants, qu’il aurait retenus. Proche collaborateur de son oncle, Peña Nieto était son secrétaire d’administration au terme de son mandat.
6 Un problème de culture générale
La campagne d’Enrique Peña Nieto a véritablement débuté au mois de décembre, lors de la Feria internationale du livre de Guadalajara. Interrogé lors d’une conférence sur trois ouvrages qui l’ont marqué, Peña Nieto, manifestement embarrassé, semblait incapable de citer un seul titre de roman (voir ci-contre). Le candidat a fini par se souvenir de « La silla del Aguila » du Prix Nobel Carlos Fuentes, avant de l’attribuer à … Enrique Krauze.
La population letrée et connectée tombe avec acidité sur Peña Nieto. Réaction de la fille aînée (25 ans) du candidat, via Twitter : « Salut à tous les abrutis prolétaires qui ne savent que critiquer ceux qu’ils envient. » Manifestement, Paulina Peña a lu « Le Manifeste du Parti Communiste. »
7 Accusé d’instrumentaliser la justice
Le 21 mars 2010 Paulette Gebara Farah, fillette de quatre ans handicapée moteur, est retrouvée morte au domicile de ses riches parents dans l’Etat de Mexico gouverné par Peña Nieto. Son père Mauricio Gebara – qui entretient des liens d’affaire et politique avec le candidat à la présidentielle – ne sera jamais accusé du meurtre à l’inverse de la mère Lizette Farah qui devient rapidemment la suspect numéro 1. Le couple s’apprêtait alors à divorcer.
Décrite sur la place publique comme une mère « froide », « calculatrice » avec « des probèmes pour manifester de l’affection » par les enquêteurs nommés par Peña Nieto, Lizette Farah sera finalement blanchie. Depuis elle a déposé plainte contre Enrique Peña Nieto pour « blessures morales ». Elle accuse aussi l’ex-gouverneur de l’Etat de Mexico d’avoir fait pression sur la justice par intérêt pour son ex-mari, afin qu’elle soit inculpée. Une thèse accréditée par plusieurs enquêtes de grands quotidiens mexicains ici et là .
Enrique imite Frédéric Lefèvbre
Salut à tous les abrutis prolétaires qui ne savent que critiquer ceux qu’ils envient
En bonus Enrique Peña Nieto qui parle anglais
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