Je m’appelle Maxen, j’ai 16 ans, je suis en 1ère ES. Vendredi soir, vers 18 heures, j’ai rejoint des amis de mon ancien lycée, au Raincy. Tous les vendredis on sort dans le quartier, et on va au bistrot à côté du lycée.
On marchait ensemble allée Gambetta. Et on a vu du monde, il y avait un attroupement à cause d’une rixe entre deux personnes. C’est à ce moment là que 3 policiers de la Bac sont arrivés. Deux d’entre eux ont arrêté les personnes qui se battaient, et nous ont demandé de nous disperser. A ce moment là, j’étais assez loin.
Le policier de la Bac était super stressé
Le 3e policier de la Bac, un grand chauve, nous a dit de revenir et de nous aligner, pour nous contrôler. Il était super stressé. Je suis revenu assez lentement, parce que j’étais un peu perdu.
Et c’est là que le policier me pousse par derrière. Là je lui mets un tchip. J’étais assez surpris, je savais pas que c’était lui. Et là, il me dit : « c’est moi que tu tchipes là ? » Et il me pousse deux fois avant de me prendre en étranglement.
Une golden en pleine arcade
Et quand il m’a étranglé, j’ai essayé d’attraper un peu son bras, pour réduire la douleur. Et là il me dit « tu veux jouer du pieds-poings ? », comme si je voulais vraiment me taper avec lui. Et il m’a mis une golden [un gros coup de poing, ndlr] en pleine arcade, en plus il portait une bague au poing.
J’ai tout de suite commencé à saigner, et le policier a balancé en parlant de moi : « Jackie Chan, il fait le chaud ». Oui, je suis d’origine asiatique.
« Pendant que je saignais le policier de la BAC a balancé “Jackie Chan, il fait le chaud”. Oui je suis d’origine asiatique. »
Maxen, agressé par la BAC @maxenhng
Menottes et 17 heures en garde à vue… pour un tchip
On m’a passé les menottes, j’ai été emmené au commissariat du Raincy avec les 2 personnes de l’altercation, et un autre jeune.
Là, dans la cellule, je continuais à saigner. Quand j’ai demandé un mouchoir pour m’essuyer, les policiers voulaient d’abord que j’essuie le sang qui avait coulé par terre avant de me donner le mouchoir.
4 points de sutures
J’ai attendu longtemps, ensuite un policier m’a emmené aux urgences du Raincy. Les médecins ont constaté les lésions au niveau des cervicales, et dans le dos. A ce moment-là mon œil gauche ne pouvait plus s’ouvrir du tout.
J’ai été opéré à 23h30 de 4 points de sutures, et on m’a diagnostiqué 8 jours d’ITT.
Une nuit la cellule glacée du commissariat, sans manger ni boire
Après l’opération, le policier m’a ramené dans ma cellule. Surtout, il faisait super froid, on n’a pas voulu me donner une autre couverture. Impossible de m’endormir, j’ai du fermer l’œil à peine deux heures pendant toute la nuit.
En plus, j’avais faim et soif, on ne m’avait rien donné à manger ou à boire de la soirée ou de la nuit. A part le verre d’eau pour avaler le médicament aux urgences.
« Le policier de la BAC qui m’a agressé et m’a envoyé aux urgences… a porté plainte contre moi ! »
Maxen, agressé par la BAC @maxenhng
Vers 9 heures du matin, un avocat commis d’office arrive et c’est là que j’apprends que… le policier a porté plainte contre moi, pour violences volontaires sur agent ! On me dit que j’ai agressé l’agent, et que ses 2 collègues sont témoins.
Mais dans ma déposition je raconte les faits. J’ai listé les noms de 12 personnes qui étaient là et peuvent témoigner.
Finalement, je suis sorti vers 13 heures samedi, après 17 heures de garde à vue. Juste après, j’ai twitté ça :
En sortant du commissariat du Raincy, Maxen tweete sa photo, qui entraîne des milliers de réactions de twittos. / Crédits : @maxenhng
Ce qui me choque ce sont les réactions des internautes qui trouvent normal qu’un léger manque de respect, un tchip (mais je ne savais pas que c’était le policier derrière moi), donne le droit au policier de me tabasser. »
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€ 💪Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER