A l'ombre du Musée du fumeur, un étrange café : le « vapor lounge ». Dans une ambiance intimiste et un brin mystique, les clients peuvent déguster les cigarettes électroniques proposées par la maison. Plutôt jasmin ou piña colada ?
Dissimulé à l’arrière du Musée du fumeur dans le 11e arrondissement parisien , le premier « vapor lounge » de France reste confidentiel. Depuis avril, ce café se destine pourtant aux consommateurs de vaporisateurs et de cigarettes électroniques, marché florissant de plus d’un million de consommateurs en France. Une nouvelle corde à l’arc du Musée du fumeur , cabinet de curiosités qui se dédie depuis onze ans à une pratique ancestrale : fumer.
« Le vapor lounge marche doucement mais sûrement », assure Raphaël, copropriétaire du lieu. « Il faut sans cesse y envoyer les clients de la boutique, mais une fois qu’ils ont découvert l’endroit, ils reviennent », raconte l’un de ses associés, Jérémy.
Mystique Dans cette petite salle aux lumières tamisées, un canapé et quelques sièges encerclent une table basse. Des bouquins traînent un peu partout, « 100 chansons pour arrêter de fumer » de Jean-William Thoury bien en évidence. Au fond, trône le bar, avec son attirail de « vapotage ». Au mur, des gravures et dessins anciens. Et au plafond, une fresque réalisée par l’artiste américain Gilbert Shelton et ses acolytes : un immense nuage de fumée exhalée par un volcan, un pétard, un totem… « C’est la fumée qui relie l’homme au ciel », explique Raphaël en faisant référence à l’usage de l’encens dans la religion. Une ambiance intimiste et un brin mystique réhaussée par un fond musical.
En ce brûlant après-midi de juillet, seul un ami de passage s’est installé sur un des sièges pour « vapoter ». Le jeune homme n’est pourtant pas un grand adepte de la cigarette électronique. Il rigole : « Je dois entretenir ma voix de bluesman alors je reste à la clope et au whisky ». A l’inverse de Jean-Jacques, qui est juste venu goûter différents e-liquides, debout devant le bar. Ce fumeur repenti de 64 ans est passé de 20 à 3 cigarettes par jour grâce à cet ustensile : « Je suis vraiment impressionné du résultat ».
Il est toujours à la recherche d’une saveur qui lui convienne vraiment. Raphaël l’oriente d’abord vers un goût de tabac oriental. Mais ce nouveau client ne sait pas encore bien s’y prendre; il n’appuie pas sur le bouton au bon moment, le mécanisme s’enraye. « Il faut être patient, la plupart des gens découvrent encore la cigarette électronique et il y a énormément de saveurs disponibles », souligne Raphaël.
Arrivée de Chine en 2008, cette imitation de la cigarette classique reste contestée. Elle se compose de deux parties : une pile sert à chauffer une solution à base de propylène glycol ou de glycérol qui peut aussi contenir de la nicotine diversement dosée. Des substances couramment utilisées dans l’alimentaire, le cosmétique et la pharmaceutique. Mais un doute subsiste sur les conséquences de leur inhalation sur les voies respiratoires à long terme. La première étude d’envergure est attendue en 2014 en Nouvelle-Zélande. Les tabacologues s’accordent néanmoins à dire que la cigarette électronique est bien moins nocive que la vraie clope et la majorité des « vapoteurs » seraient des fumeurs sur le chemin du sevrage.