Après les aventures de Charlotte sous Ayahuasca et de Romain dans les champs de cannabis en Californie, suite et fin de nos 10 récits d'expériences narcotiques pendant les vacances.
6 Ariane « flotte » dans les bazars de Peshawar après avoir essayé l’opium
« Je n’ai jamais rien mangé d’aussi horrible que ça : c’est tellement acre et amer… » / Crédits : Flick'r CC
C’est où : Peshawar au Pakistan, une bourgade plus connue pour ses attentats-suicides que sa vie nocturne. C’est dans le cadre d’un voyage de 5 mois en Asie qu’Ariane fait escale dans la ville en 2010.
La drogue: L’opium
Comment ça se passe : Première nouvelle : il y a des hôtels pour backpackers à Peshawar. Deuxième nouvelle : leurs propriétaires proposent de l’opium aux touristes de passage. C’est ainsi qu’un matin, Ariane se fait réveiller par le boss de l’auberge, « un type complètement héroïnomane », qui lui propose du haschisch ou… de l’opium. Ariane n’aimant pas les effets du cannabis, elle se rabat sur la deuxième option. Le morceau, un peu plus petit que la taille d’un ongle, coûte dans les 3 euros. Elle le croque, au moment de partir en excursion dans la ville, après son petit-déj’. Et le tigre est en toi !
Le trip d’Ariane : « Je n’ai jamais rien mangé d’aussi horrible que ça : c’est tellement acre et amer… Quant aux effets, tu as tous tes sens en éveil. C’est un peu comme si tu avais le corps hyper détendu mais l’esprit qui fonctionne très vif. J’avais l’impression de flotter dans la ville. Rien à voir avec les gens HS que tu vois dans les opiumeries. »
Attention aux démangeaisons ! Ariane ne le savait pas mais quand on ingère de l’opium, un des effets secondaires, c’est qu’on se gratte tout le temps. « Bon après c’est supportable, et ça ne donne pas de rougeurs non plus. »
7 Marie part une semaine dans « un centre de traitement » au Costa Rica pour prendre de l’iboga
C’est où : A Atenas, une petite ville du Costa Rica, où des « praticiens américains » ont installé dans une villa « un centre de traitement » à l’iboga. Marie, qui souffre d’anxiété, cherchait « un truc efficace » pour régler ses problèmes. Elle y effectue un séjour de 7 jours en all-inclusive.
La drogue : L’iboga, une plante originaire du Gabon classée comme stupéfiant en France. Elle suscite la controverse : des scientifiques vantent ses bienfaits pour guérir les toxicomanes de leur dépendance . D’autres pointent les dérives sectaires qui peuvent accompagner son mode de consommation.
Comment ça se passe : Marie, qui avait été initiée à l’iboga une première fois à Londres, veut à tout prix réitérer l’expérience, persuadée « qu’une prise équivaut à 30 ans de psychanalyse ». Elle prend contact avec plus d’une dizaine de centres à travers le monde qui proposent « des traitements » à l’iboga. Youpi ! Il y en a un qui lui correspond ! Mais avant de pouvoir aller au Costa Rica, 3 mois passent durant lesquels « les praticiens » lui passent régulièrement des coups de fil pour « la préparer »*. « Ils demandent aussi des électrocardiogramme pour ajuster le dosage d’ibogaïne. » A San José, Marie est accueillie à l’aéroport, direction la villa où elle attend 2 jours avant de pouvoir consommer l’iboga, ingérée dans une boisson. S’en suivent 5 jours de repos très méditatif.
Le trip de Marie : « Physiquement, tu ne peux plus coordonner la partie gauche, de la partie droite de ton corps. Tu as l’impression de pouvoir te lever mais tu ne tiens pas sur tes jambes. Si tu ouvres les deux yeux en même temps, tu as envie de vomir. Alors tu fermes les yeux et tu vois des choses se dessiner. Des formes géométriques, des souvenirs, des images. C’est très introspectif. C’est un peu comme si des circuits se formaient pour te relier à ton inconscient. »
Attention au budget ! Marie ne veut pas nous donner le prix exact de son séjour au Costa Rica mais évoque une somme à 4 chiffres. « Sur place, il y a un staff de 5 personnes avec une infirmière, des cuisiniers, des praticiens. » Une dose d’ibogaïne coûterait plusieurs centaines d’euros, ce qui justifierait aussi le prix élevé du traitement.
8 Vincent passe une semaine sous MD dans les clubs de Warschauer Strasse
Terminus, tout le monde décolle / Crédits : Flick'r CC
C’est où : Warschauer Strasse, un quartier de Berlin connu pour ses clubs electro, notamment le mythique Berghain. « Je savais que j’allais m’y droguer, mais je ne pensais pas que ce serait autant la teuf », se souvient Vincent, 24 ans, parti 8 jours pour « expérimenter » la ville.
La drogue : La MDMA, principe actif de l’ecstasy, qui se présente généralement sous la forme de cristaux. Les utilisateurs la disposent sur un bout de feuille à rouler qu’ils transforment en gélule artisanale. Ça s’appelle un « para ».
Comment ça se passe : Vincent loge chez une copine qui lui a assuré au préalable que « oui », il trouvera de la drogue. Mais sur place, c’est au-delà de ses espérances. « Il y a des places qui sont de véritables supermarchés à MDMA où tous les dealers sont rassemblés », raconte Vincent, un brin nostalgique. Des dealers qui, en plus, sont « sympas et pas racoleurs. » L’amateur de minimale et de dubstep passera 3 de ses 7 nuits sur place complètement défoncé.
Le trip de Vincent : « Je me souviens d’un constant brouillard d’énergie. La drogue est bien meilleure qu’à Paris, je dirais qu’elle est plus concentrée. La descente est plus douce. Surtout le gramme est moins cher : 30 euros. Après ça tient beaucoup à l’ambiance des soirées. Il y a plus de respect entre les gens, pas de drague lourde et les Berlinois ne se jugent pas. Et puis les clubs ferment à 11 heures du matin. »
Attention embrouille ! Si Vincent était « une pile » pendant tout son séjour berlinois, ce n’était pas le cas de ses amis qui avaient, eux, besoin d’un peu de repos. Du coup, quelques prises de tête : « J’énervais tout le monde. L’amie qui m’hébergeait m’a dit que je n’avais jamais été aussi chiant de toute ma vie. »
9 Mylène reste quelques heures à Nimbin, le DisneyLand de la marijuana
C’est où : Nimbin, une petit ville sur la côte Est de l’Australie. C’est en voyage pour visiter la plage toute proche de Byron Bay lors de ses 6 mois de « working holidays » que Mylène y fait escale.
(img) Vous avez dit attrape-touriste ?
La drogue : Berceau de la contestation hippie en Australie dans les années 1970, Nimbin vit aujourd’hui sur son mythe de capitale de la marijuana du pays. Tous les ans, un grand festival y est consacré au chanvre, le « Mardi Grass Festival »
Comment ça se passe : Le bus impérial qui relie Byron Bay à Nimbin pour 1 heure de trajet annonce la couleur : il singe les vans hippies des années 1970 avec sa carrosserie rose et ses emblèmes « flower power. » En fait Nimbin n’est qu’un gros bourg avec une rue commerçante. Dedans : des commerces qui vendent presque exclusivement du merchandising lié au cannabis (bang, feuille de blunt, du poppers aussi). Mais des dealers arpentent la ville pour proposer de la marijuana.
Le trip de Mylène : « La beuh était bonne, ça allait. Mais par contre, il n’y a aucun intérêt à rester sur place, ça fait très faux. Ce ne sont que des boutiques et en fait ce n’est pas bien différent de la Belgique ou de la Hollande. Mais c’est bien pour s’approvisionner avant d’aller à la plage de Byron Bay. Là, le contexte est super ! »
Attention Lexomil ! Les commerces de Nimbin vendent aussi des « spaces cookies » avec un joli package. Mais d’après Mylène, il n’y a pas de marijuana dedans puisque la drogue est officiellement interdite dans le pays. « J’ai mangé un cookie et j’étais complètement défoncée ! Mais cassée, hein, ce que je ne ressens pas d’habitude ! Pour moi ce n’était pas de la weed dedans mais des somnifères pillés. J’en suis convaincue. » Qui a dit que les Australiens savaient cuisiner les cookies ?
10 Dans les Andes, Alix se réconcilie avec la « pacha mama » grâce au San Pedro
(img) Un concombre radoactif
C’est où : Dans une petite ville paumée sur la côté péruvienne pendant un road trip, Alix tombe sur une annonce qui vante les bienfaits d’un refuge dans une montagne voisine : « Pour faire de l’escalade… ou pour tripper ». N’étant pas très doué pour la grimpe, il se rabat sur la drogue.
La drogue : Le San Pedro, un cactus étoilé dont est extrait une mélasse verte, dégueulasse et super amère, contenant de la mescaline. Il est utilisé dans la médecine traditionnelle et par les chamanes pour préparer leurs ouailles à des voyages mystiques.
Comment ça se passe : Le San Pedro se trouve assez facilement en Amérique du Sud. Normalement, le trip est encadré par un chaman : une cérémonie mystique précède la prise pour que les pouvoirs surnaturels de la plante puissent faire effet dans un corps pur. Pour Alix, le chaman était un moniteur d’escalade. Quand il arrive au refuge avec son pote, il leur donne à chacun une tasse d’un jus tout vert, puis les envoie tripper dans « la forêt de pierre » voisine.
Le trip d’Alix : Alix gerbe au bout d’un quart d’heure, signe que le San Pedro fait son effet. « Mon pote a eu un trip diffus toute la nuit mais pour moi c’était plus violent. » Au menu : flashs et hallucinations. « Les étoiles brillaient tellement fort ! Les arbres, les pierres… tout était vivant ». Mais aussi un voyage intérieur : « Ça te fait revenir sur toi, tu penses à ton passé. » Il entend même la Terre lui parler. « Elle essayait de me rassurer. » Et communique avec sa grand-mère : « Son esprit m’a traversé par le nombril et a dissipé mon mal de bide. »
Attention à l’encadrement ! Pour le côté mystique, Alix repassera. Car une fois le San Pedro ingéré, le moniteur d’escalade le fout dehors et fixe des règles strictes qui n’ont rien de chamaniques : « Tant que vous êtes drogués, vous n’entrez pas dans mon refuge ». C’est parti pour une nuit à la belle étoile, en short et sans tente à 4.000 mètres d’altitude.
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“Retrouvez la première partie de l’article ici”:http://www.streetpress.com/sujet/97708-mes-vacances-dans-une-narco-destination-1-2