Étudier Nas et Jay Z en cours d'anglais, peaufiner tes propres punchlines dans la langue de Dre... Enseigner l'anglais par le hip-hop, c'est la pari de l'asso « One, Two, Three…Rap »
Paris, 18e. Une salle de classe, comme tant d’autres : ses rangées de tables et de chaises, un tableau blanc trône au fond… Et pourtant la pièce de la maison des Jeunes Travailleurs de Championnet groove un peu plus que lors des interminables cours de madame Lienardt (ma prof de bio au collège). En cercle une dizaine de jeunes secouent la tête au rythme d’un beat syncopé. Flavio, feuille en main, hésite quelques instants et se lance dans un freestyle… en anglais! Tour à tour, chacun y passe. Asias, Neila et les autres ont le sens du flow. Et malgré les apparences ils participent à un cours… d’anglais!
English L’association « One, Two, Three…Rap », propose d’apprendre la langue de Shakespeare à travers le hip-hop. Un joli succès : l’aventure commencée au mois d’octobre continue d’attirer de nouveaux arrivants. Une notoriété qui pousse l’association à proposer trois cours par semaine « C’est ludique, à travers la chanson les jeunes ont plus de plaisir à travailler. Le Rap US a un jargon tellement particulier qu’il est parfois difficile à traduire » souligne Joëlle Gewolb une anglaise, bénévole dans l’Association.
Social Outre le côté pédagogique, l’assos revendique un aspect social. Etudiants pour la plupart, « raper » en anglais, leur offre une opportunité d’exprimer plus facilement leur quotidien, leurs rêves. « On les aide à gagner en confiance et à travailler leur estime de soi» affirme Audrey Noeltner, présidente de « One, Two, Three…Rap ». Neila, étudiante-infirmière de 25 ans est en foyer depuis deux ans. De Paris même, la jeune femme à la voix d’Amel Bent s’est inscrite au départ pour « rencontrer des gens ». Aujourd’hui, elle avoue avoir pris goût à la chanson et à l’écriture. Pour Neila, une certaine solidarité s’organise aussi grâce à ces cours. « On est comme une famille, à force de se connaître, on n’hésite pas à s’entraider. Quand un de nous a des soucis financiers, on l’aide » confie la parisienne.
Album Chacun est libre d’écrire son texte. Pas besoin d’avoir un niveau, débutant ou confirmé, tout le monde est le bienvenu. Flavio, lui, a déjà un bon niveau en anglais. Ce qui l’intéresse c’est « d’aller plus loin » dans ses écrits. L’étudiant en Management a même créé une page Facebook (1fifteeth5) consacrée à ses créations. Ses inspirations : Jay Z et Pe2NY.
L’ambiance est plutôt bon enfant. Le rythme est là ! Prochaine étape: un CD qui sortira fin juin.