06/10/2011

Comme quoi on peut sortir 4 albums sans passer par un label

Doctor Flake: « L'auto production est une obligation si je veux que ma musique existe »

Par Douglas Pisterman

Sur StreetPress «le DJ Shadow français» Doctor Flake raconte pourquoi contrairement à son poto américain il doit se passer de maisons de disque. « Malgré tout je tire mon épingle du jeu ! » Son 4ème album Flake Up vient de sortir.

On t’a souvent associé à DJ Shadow, penses-tu que cette comparaison est bien justifiée ?

Nombreux sont les artistes qui utilisent ou ont utilisé le sample dans leurs compositions ; nous en faisons partie tous les deux avec des approches similaires et singulières à la fois. Pour le studio, la comparaison est valable sur le fond et parfois sur la forme. Sur le fond, on part souvent d’une mélodie samplée sur laquelle on commence par poser un beat et une basse. Cette mélodie utilisée au départ reste finalement assez proche de la version originale dans 75 % des cas. Après, c’est une histoire d’ingrédients, on l’agrémente, on l’habille, on l’arrange…
Après sur la forme, nos approches sont variables. Nous avons en commun le fait d’avoir utilisé des voix féminines samplées sur nos deux premiers albums mais en général, il utilise plus de chants anglophones que moi. J’ai plutôt privilégié la présence de chant et de rap à partir du troisième album.

Tu as travaillé avec Nawelle Saidi du collectif Screenatorium sur la chanson « Hollow People », comment s’est déroulée votre collaboration ?

On a été mis en relation par le DJ Degiheugi. Ensuite tout s’est déroulé par mail. Je leur ai envoyé des débuts de boucle, ils ont aimé, nous avons convenus un thème puis ils ont écrit les textes et fait les prises. J’ai récupéré plusieurs idées mélodiques et j’ai conservé l’intégralité d’une prise que j’ai ensuite affinée sur les effets et l’égalisation. Enfin, pendant un an, comme pour tous les autres titres, j’ai affiné les structures, la mise en son et le mixage.

Doctor Flake – Sueurs froides

L’auto-production c’est être un artisan dont les résultats à court et moyen termes peuvent s’inscrire dans un long terme

Ton nouvel album s’appelle « Flake Up », comment pourrait-on traduire ce titre en français ? Pourquoi as-tu choisi ce nom ?

Il n’y a pas vraiment de traduction. C’est un jeu de mots qui fait référence à mon pseudonyme. « Flake up » c’est un mix entre « shake up »/  « Check up » / « Wake up »/ « Light up » et « Fucked up ».  « Shake up » c’est le fait d’assembler plusieurs ingrédients pour en faire un nouveau, « Check up », on vérifie que je suis toujours vivant, « Wake up » car je ne sais pas qu’elle vie cet album aura, « Light up » parce que j’espère qu’il trouvera sa part de lumière et « Fucked up » car chaque sortie d’album est floue.

Cet album est autoproduit, pourquoi ce choix ? As-tu peur qu’un producteur mette sa patte sur ta musique ?

Je crois qu’il est important de distinguer l’auto production de la production. L’auto production dans mon cas est une obligation si je veux que ma musique existe physiquement et numériquement. J’ai tenté d’approcher des maisons de disque ou des labels mais rien n’a abouti. Alors j’avance avec ma petite structure et j’obtiens des résultats qui me permettent de recommencer un disque tous les deux/trois ans. Le frein majeur dans cette démarche est d’avoir à créer son réseau sans bénéficier de l’étiquette d’un label et de ses entrées. Il y a beaucoup de médias et de festivals qu’il serait plus facile d’intégrer en étant signé. Malgré tout et jusqu’à cet album, je tire mon épingle du jeu et constate que les choses avancent doucement mais surement ; les partenaires qui me suivent depuis 2006 sont toujours derrière moi. Il y a tellement de manières de faire de la musique et tellement de manières de la commercialiser. Mon modèle est une composante parmi un million ! Au final, l’auto production c’est être un artisan dont les résultats à court et moyen termes peuvent s’inscrire dans un long terme. C’est considérer le temps comme un atout qui vous permet de progresser et de provoquer la chance. Concernant la production, j’ai aimé travailler seul, de la composition au mixage, alors que pour les précédents albums j’étais plus un assistant mixeur.


Doctor Flake en acton (© FX Visual)

Il y a beaucoup de médias et de festivals qu’il serait plus facile d’intégrer en étant signé

C’est ton 4ème album, c’est le climax de ta carrière ?

Je le considère plutôt comme une étape qui me donne envie de faire évoluer des choses que je n’ai pas achevées comme je l’aurais voulu, faute de temps. Je compte sortir en 2012 une version plus longue de « Silver » avec un arrangement de Christine Ott aux Ondes Martenot (instrument utilisé entre autre par Radiohead, Yann Tiersen ou encore Olivier Messiaen). Ça va être plus long et surtout plus beau. Il y aura aussi un remix du même titre que je finalise en ce moment.

Comment vois tu ton set live pour la tournée suivant la sortie de « Flake Up » ?

Comme une synthèse de tous mes disques, avec des évolutions sur les plus anciens titres et de nouveaux arrangements sur d’autres. Je jouerai des titres que le public qui me connaît à envie d’écouter et peut être que ces mêmes titres fonctionneront sur les gens qui découvrent ma musique. Je serais accompagné de Vale Poher et Miscellaneous sur la date de la Boule Noire le 12 Octobre. On jouera trois ou quatre nouveaux titres pour la première fois.

Doctor Flake – Comedy